C’est une information qui émane des autorités aéroportuaires de Lomé Tokoin (Salt). Selon le Colonel Dokissim Latta Gnama, patron du ciel togolais, le Togo compte se doter d’une compagnie aérienne nationale. Laquelle compagnie assurera des vols internes, entre le Sud et le Nord du pays. Si ce projet de desserte en avion de la région septentrionale du pays se révèle salutaire pour un Togo qui aspire au développement sous toutes ces formes, se posent d’ores et déjà des questions d’ordre commercial et de contingences. À l’arrivée, de gros facteurs à risque en perspective…
Une compagnie pour la desserte du Nord
L’annonce a été faite le 31 janvier dernier, à l’occasion de la célébration des 35 ans de la Société aéroportuaire de Lomé Tokoin (Salt). « Il y a un projet d’une compagnie – dont je ne connais pas encore le nom – et qui est déjà en fonction. Cette année, nous aurons cette compagnie qui va faire Lomé-Niamtougou, 3 fois par semaine », a notamment indiqué le Col Dokissim Latta Gnama. Par ailleurs, compte tenu de l’augmentation exponentielle de voyageurs sur Lomé, qui est devenue une plateforme de confiance et d’excellence, poursuit le patron de la Salt, «nous envisageons de construire un deuxième terminal, et l’ouverture d’autres lignes encore. Nous avons en projet, la construction d’un aéroport avec deux pistes parallèles sur 8000 hectares à Gbatopé, vers Tsévié».
S’annonçant près de 20 ans après la cessation d’activités de l’ancienne compagnie aérienne nationale, Air Togo, l’idée se révèle, par essence, bonne et ingénieuse. Ceci, en ce sens que Lomé qui entrevoit s’ériger en hub logistique sous-régional, dans le cadre du Plan national de développement (Pnd) est le cœur opérationnel de la compagnie aérienne privée Asky. Une compagnie panafricaine basée dans la capitale togolaise et qui couvre actuellement quelques 22 destinations réparties dans 20 pays d’Afrique de l’Ouest et du Centre. Toutefois, à l’annonce du projet, émergent auprès de nombre d’observateurs, des doutes cartésiens. Ce, pour nombre de raisons.
Une trouvaille de la minorité
En effet, à l’analyse du coût de la vie du togolais aujourd’hui, l’on est en droit de se questionner sur la pertinence et l’utilité d’un tel projet pour les togolais dont la majorité ne pourront, pour l’heure, s’offrir le risque de faire un voyage domestique en avion. Un luxe par rapport à son PIB. Aussi, la mise sur pied d’un tel projet revient à supposer un voyage d’affaires dans la zone nord du pays. Or, à ce jour, la région de la Kara reste la deuxième la plus pauvre du pays. Hormis les rares succursales d’entreprises qu’on a dans la zone comme la Brasserie du Bénin, la Cimenterie d’Awandjelo ou encore les agences de banques commerciales, Kara reste dépourvue des leviers qui puissent susciter des voyages en avion non seulement pour gagner en temps, en énergie mais aussi qui rapportent surtout, en terme de chiffres d’affaires. Encore que le second aéroport du pays qu’abrite Niamtougou ne constitue, visiblement, aucune plus-value pour cette ville qui se trouve d’ailleurs elle plus dépourvue que le chef-lieu de région Kara qui n’est distant d’elle que de 25 km.
Ç’aurait été à Dapaong qu’on comprendrait, vu que la région des Savanes, bien que la plus pauvre du pays, est pour l’heure, la région qui abrite un grand nombre d’Ongs et organismes pour lesquels, une desserte de la zone en avion constituerait un grand atout, car facilitant le ralliement des 650km (Lomé Dapaong) et donnerait un coup de fouet aux innombrables projets sociaux qu’ils y ont. Une desserte en avion de la région des savanes qui est frontalière du Burkina Faso inciterait au développement d’autres activités dans la région.
Ou alors, l’on peut, par extrapolation, accepter l’hypothèse de l’amorce, par ce projet de desserte en avion, du chantier de développement de la zone nord du pays. Mais alors, l’on peut aisément avouer sans grand risque de se tromper que ce développement est loin d’être intégral. Ceci, lorsqu’on se rend compte que pour des raisons politiques, la région Centrale, considérée à tord ou raison comme fief des opposants de dernières heures au régime cinquantenaire de Lomé, est volontairement laissée pour compte. Avec des routes difficilement praticables. Dès lors, se révèle également forclose, cette hypothèse.
Projet mort-né ?
Dans ce flot d’hypothèses, celle qui paraît plausible et raisonnable reste un projet de la minorité pilleuse du pays. Laquelle voudrait bien se faire plaisir et à défaut, de faire virer tout le magot détourné vers Dubaï. De ce fait, elle trouve ici, une occasion de dépenser une partie des tas qu’ils sont souvent obligés de sécher de temps à autre au soleil parce que l’humidité des trous où ils les ont entassé commence par les user. Prendre l’avion pour Kara avec descente à Niamtougou sera une villégiature pour les gloutons de la minorité et non une réponse à un besoin largement partagé.
Mais encore que c’est de là que naîtront la haine, la jalousie et les coups bas qui se veulent la chose la mieux partagée dans un régime cinquantenaire qui s’est justement construit pour racines ces pratiques. Une culture sectaire où chacun se bat, par tous les moyens, pour s’offrir une place au soleil, auprès du Prince. C’est ainsi que naîtra à fortiori ce projet dans une atmosphère polluée et gangrenée par des velléités des uns de rapporter tout sur le déplacement en avion des autres vers le nord. C’est ainsi que ce projet de liaison aérienne intra sera sabordée par l’aigreur et les conflits de positionnement et de repositionnement entre les notables et autres coursiers du roi.
FRATERNITE
Source : icilome.com