C’est une réaction qui compte pour le nouveau président congolais : celle de la représentante spéciale du Secrétaire général de l’ONU, en République démocratique du Congo. Près d’un mois après l’investiture de Felix Tshisekedi, Leila Zerrougui salue le bon déroulement des élections.
La Monusco avait pourtant été tenue à l’écart de l’organisation du scrutin du 30 décembre. Mais sa patronne semble tourner la page et dit attendre de voir comment va agir le nouveau pouvoir.
Leila Zerrougui a été interrogée à Berlin par Fréjus Quenum et Dirke Köpp.
Leïla Zerrougui : Grosso modo nous considérons qu’il n’y a pas eu de violence grave et dans la mesure où les élections se sont quand même passées, c’est clair que les Congolais voulaient un changement et c’est cela qui a fait aussi qu’il n’y a pas eu de réaction violente parce que c’est en quelque sorte quelque chose qui n’était pas attendu.
DW : Le fait que l’ombre de l’ex-président Kabila plane toujours sur la présidence de Félix Tshisekedi ne gêne-t-il pas ce processus démocratique? On a parlé d’un accord secret entre M. Kabila et M. Tshisekedi et on voit que pour l’instant, le président s’entoure des mêmes personnes qui étaient déjà ministres chez M. Kabila. Est-ce que cette ombre n’entache pas un peu la démocratisation ?
Leïla Zerrougui : Je pense qu’il faut donner du temps à M. Tshisekedi. Il n’a pas encore formé son gouvernement. Il y a beaucoup de partis en RDC. Vous savez le FCC, c’est 67 partis, alors il y a beaucoup de partis, beaucoup de coalitions, il y a beaucoup de choses. Nous verrons comment le paysage politique va se construire dans quelques mois pour se faire une idée.
DW : M. Tshisekedi a annoncé qu’il collaborera avec le MCC dont vous avez parlé, le front commun pour le Congo qui est le bloc politique de Kabila. On s’imagine qu’au nom de la stabilité, la Monusco ou l’ONU ne s’oppose pas à cette démarche ?
Leïla Zerrougui : Est ce que c’est à la Monusco de s’opposer ? Est-ce que la communauté internationale est déployée en RDC pour dicter aux Congolais – qui sont pour le moment calmes ? Est-ce que c’est à nous de leur dire ce qu’ils doivent faire?
La mission s’appelle Monu-s-co, le « s » pour stabilisation. Alors notre rôle, c’est d’aider les Congolais à aller vers une stabilisation et si les Congolais sont d’accord, s’il n’y a pas de violations, si les gens ne sont pas arrêtés, punis, sanctionnés… si c’est un processus qui avance, nous ne pouvons que le soutenir !
Source : www.cameroonweb.com