Il existe une vie après la présidence

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Il existe une vie après la présidence

« Quant au pouvoir, je ne saurais, en tout cas, quitter les choses avant qu’elles ne me quittent » (Charles de Gaulle)

Il y a une vie après l’ivresse du pouvoir. Les exemples fourmillent dans le voisinage du Togo où des chefs d’Etat, après avoir démocratiquement quitté le pouvoir, ont passé une retraite réussie. Après avoir passé le flambeau, Boni Yayi s’est entre-temps reconverti en observateur électoral pour le compte de la CEDEAO même s’il est toujours actif dans la vie politique béninoise, avec l’espoir de revenir aux affaires.

Comme lui, son homologue du Ghana, John Dramani Mahama battu à la régulière dans les urnes, s’active pour prendre sa revanche sur Nana Akufo-Addo. Il sera le principal candidat du parti d’opposition à la présidentielle de 2020, après avoir remporté une victoire écrasante aux primaires du Congrès national démocratique (NDC).

Son prédécesseur, John Kufuor, est, quant à lui, depuis 2011, le premier président de haut niveau du partenariat Assainissement et eau pour tous (Sanitation and Water for All, SWA). Il a obtenu plusieurs prix, dont le Prix mondial de l’alimentation en 2011pour ses plaidoyers passionnés pour promouvoir l’initiative, l’amélioration de la gouvernance et le développement.

Au Nigeria, Goodluck Jonathan fait partie des anciens chefs d’Etat qui ont pris part au Sommet de Niamey pour prôner l’alternance au pouvoir en Afrique. Justement au Niger, l’actuel président Mahammadou Isssoufou n’a de cesse de marteler qu’il cédera le pouvoir en 2021 au terme de ses deux mandats présidentiels, anticipant ainsi sur son statut d’ancien président.

Mêmes ceux qui ont été dégagés du pouvoir par la rue comme l’ancien président burkinabé Blaise Compaoré passent une retraite paisible et dorée ailleurs ou dans leur pays.

La présidence de la République n’est pas une fin en soi. Il existe bien une vie après le pouvoir ; il ne reste que Faure Gnassingbé qui se refuse à admettre cette vérité évidente et qui s’agrippe de toutes ses forces au pouvoir, tel une chauve-souris à une branche. Le problème ne devrait pas se poser dans le cas du Togo puisqu’on prête au jeune président d’être immensément riche -à la fortune qu’il a amassée vient se greffer l’héritage colossal légué par son géniteur et pour lequel la descendance s’est battue à l’arme lourde le 12 avril 2009-, et de s’être accordé des privilèges et une impunité à vie.

Il est difficile de comprendre pourquoi il ne saisit pas l’occasion pour entrer dans l’histoire du Togo par la grande porte. Au lieu de s’entêter à se forger cette triste réputation d’être le seul dirigeant dans l’espace CEDEAO à battre le triste record de 5 mandats présidentiels. Il semble que trop de présidents, faute de savoir quoi faire et où aller après avoir quitté le pouvoir, s’y incrustent. Or Faure Gnassingbé a un bagage intellectuel assez fourni, du moins si on se réfère à sa biographie. Titulaire d’une licence d’économie et gestion de l’université Paris-Dauphine et d’un MBA de l’université George Washington, il peut dispenser des cours d’économie dans les universités de Lomé et de Kara et dans la sous-région.

« Quand vous faites sentir à un président qu’il est dieu, ne vous attendez pas à ce qu’il parte », disait Goodluck Jonathan.Somme toute, le fils du père ne chômerait pas s’il se décidait à passer la main. A moins que…

Médard Ametepe

Source : Liberté

27Avril.com