Hôtel 2 Février : Dans les méandres de Kalyan

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Sa nationalisation, le 06 novembre 2014 à l’Assemblée nationale, a suscité une lueur d’espoir en ce qui concerne le regain de forme des activités touristiques et les conférences internationales de haut niveau au Togo.

Hôtel 2 Février : Dans les méandres de Kalyan

Cependant, l’hôtel 2 Février, cet établissement de 35 étages, 320 chambres dont 64 appartements, rénové à des dizaines de milliards de FCFA, l’un des plus grands d’Afrique de l’ouest, situé en plein cœur de Lomé, la capitale, a vite fait déchanter. En quelques mois de concession à Kalyan Hospitality Development, les problèmes se sont multipliés, entraînant le départ de Carlson Rezidor, propriétaire de la marque Radisson Blu qui a évoqué « des dissensions sur la gestion et la stratégie de développement de l’hôtel ». Que cache ce départ ? Comment Kalyan a-t-il décroché le marché de rénovation de l’hôtel ? Comment l’hôtel est-il géré ? Quelles sont les autres sociétés dans le monde qui sont affiliées à Kalyan Hospitality Development ? Dans quels domaines d’activités exercent-elles ? Quelles peuvent être les conséquences pour l’économie togolaise ? « La Nouvelle Tribune » ouvre le dossier. Enquête.

Lomé, le 30 août 2017. Coup de tonnerre. « Le groupe hôtelier suédois Carlson Rezidor s’est retiré du Togo où il exploitait l’hôtel 2 Février rebaptisé Radisson Blu 2 Février », rapporte le journal électronique « La Lettre du Continent » dans sa livraison N° 759. « Des dissensions sur la gestion et la stratégie de développement sont apparues entre les deux parties au point de décider le groupe suédois de se retirer », précise le journal.

Très vite, la nouvelle se répand comme une traînée de poudre. Il est 17 heures. Dehors, on pouvait encore apercevoir de gros nuages sur l’imposant gratte-ciel situé aux abords de la Place de l’Indépendance. Nous sommes en période de mousson, certes. Mais nul ne pouvait s’imaginer que ces nuages étaient porteurs d’un message : « la fin de Radisson Blu au Togo ». Dans les couloirs de l’hôtel, on peut ressentir le poids affligeant d’une telle information. Le sentiment d’inquiétude gagne les visages. Certains employés, stressés, se hâtent vers leurs postes, fuyant les regards. D’autres, décrochent timidement leurs combinés téléphoniques qui ne cessent de crépiter. Sur le site web du groupe Carlson Rezidor, Radisson Blu 2 Février ne figure plus dans le système de réservation en ligne. La panique gagne les cœurs.

Sur les réseaux sociaux, les commentaires et interrogations se multiplient. Acculé par plusieurs questions de ses followers, Radisson Blu finit par griffonner quelques mots sur son compte Twitter, le 31 août 2017 à 08h47. « The Radisson Blu Lome is no longer part of our brands. At this time we do not have any info on what it is now », assène @RadissonBlu. Ça y est. Voilà qui est dit. Radisson Blu Lomé ne fait plus partie des marques du groupe Carlson Rezidor. Officiellement, on n’en saura pas plus.

Kalyan : une pieuvre

Trois ans avant, le 06 novembre 2014, les députés togolais avaient voté à l’unanimité la Loi de transfert portant nationalisation de l’ensemble immobilier et mobilier de l’hôtel 2 février, suite au statut quo relatif à la non-exécution du plan de rénovation et de réhabilitation confié au groupe libyen Libya Arab African Investment Company (LAAICO).

Hôtel 2 Février : Dans les méandres de Kalyan

« L’ensemble immobilier et l’ensemble des meubles se trouvant dans les bâtiments et sur les terrains abritant l’Hôtel 2 février, sis Place de l’Indépendance à Lomé et appartenant à la Libya Arab African Investment Company (LAAICO-Togo), sont nationalisés et transférés à l’Etat togolais », indique l’article 1er de cette Loi.

L’hôtel 2 février est l’un des monuments emblématiques de la capitale togolaise. Culminant à 102 mètres, il est le plus haut immeuble du pays. Ouvert au mois de juin, il doit son nom à la nationalisation des mines de phosphate par le chef de l’Etat, Feu Général Gnassingbé Eyadéma le 2 fevrier 1974 , mesure prise quelques jours après la catastrophe aérienne de Sarakawa au cours duquel il avait failli perdre la vie.

Selon l’article 1er de cette Loi de 2014, le patrimoine visé comprend les terrains et bâtiments objet du titre foncier n° 24929 inséré au livre foncier volume 125, F° 186, propriété de la Libya Arab African Investment Company (LAAICO-Togo), inscrite au registre du commerce et du crédit mobilier sous le numéro 2006BO389 et transformée en Libya African Arab Investment Company (LAAICO-Togo), inscrite au registre du commerce et du crédit sous le numéro 2012B957, leurs dépendances et les droits immobiliers réels y afférents. L’ensemble mobilier comprend, pour sa part, les biens mobiliers se trouvant dans les bâtiments et sur ses terrains. « Le transfert de propriété à l’Etat des biens nationalisés est effectif et définitif de plein droit à compter de la date de promulgation de la présente loi », ajoute l’article 2. « Le gouvernement prend toutes les mesures utiles pour procéder, dès la promulgation de la présente loi de transfert, à la mutation au nom et au profit de l’Etat, de tous les titres immobiliers et mobiliers afférents à l’Hôtel 2 février, notamment le titre foncier n°24929 et en délivrer acte à l’Etat », poursuit l’article 3. La concession de l’hôtel est confiée à Kalyan Hospitality Development Togo SAU qui devra rénover ce complexe chargé d’histoire. La société est gérée par un Monsieur, Ashok Gupta, et est immatriculée au RCCM sous le numéro TG-LOM 2014 B 994, selon l’annonce légale publiée sur le site web officiel du CFE-Togo.

Au Togo, officiellement, personne n’a eu écho d’un appel d’offres relatif à la rénovation de l’hôtel 2 février. Au moment du transfert de la concession de l’hôtel à Kalyan Hospitality Development, Ashok Gupta, d’autre part, avait fait depuis longtemps les manchettes internationales sur des soupçons de transactions monétaires douteuses.

Ashok Gupta aime se comporter comme un jeune entrepreneur avec un bon instinct pour les affaires. Fondateur et PDG de Kalyan Resources, il a commencé son entreprise à la fin des années 90 avec l’import du phosphate vers l’Inde, ayant noté l’importance du phosphate et de la nécessité de fabriquer des engrais pour l’agriculture. Kalyan Resources est une filiale du groupe de sociétés Kalyan, group opaque, présent sur le continent et dans le monde, avec des ramifications dans plusieurs pays identifiés comme des paradis fiscaux où les taux d’imposition sont faibles, voire nuls. Kalyan Hospitality Development Togo SAU, la société à laquelle l’État togolais a confié la concession pour l’hôtel et qui aussi a été fondée par M. Gupta, fait partie du groupe et est une filiale de Kalyan Hospitality Development Ltd, une société basée en Ile Maurice (considéré comme un paradis fiscal), qui, elle-même, est une autre filiale de Kalyan Group of Companies basé à Dubaï, aux Emirats Arabes Unis, autre destination attractive pour les entreprises, à cause des impôts qui y sont très faibles, voire inexistants.

Selon le Groupe Peuples Observateurs, Ashok Gupta ayant consolidé son siège social à Dubaï, aujourd’hui « est l’un des plus grands commerçants privés de phosphate, en particulier en Asie, sous le groupe Kalyan. Au début des années 2000, Ashok Gupta aurait remis l’entreprise à sa famille et s’est déplacé vers Singapour pour se concentrer sur le développement de nouveaux marchés au Togo et a également commencé à se concentrer sur l’expédition. Kalyan se présente comme un groupe bien diversifié avec des participations dans plus de dix entreprises différentes. L’Afrique de l’ouest, en particulier, le Togo est le marché le plus important d’Ashok Gupta pour la croissance, où ils ont des investissements considérables et font des affaires depuis plus d’une décennie », publie le groupe sur son blog.

Fait étrange, Ashok Gupta était aussi, en 2009, le directeur d’une société australienne dénommée Getax, sous enquête en Inde et en Australie pour blanchiment d’argent. Selon le site www.economictimes.indiatimes.com qui publie un article à cet effet en septembre 2016, plusieurs virements bancaires et plus d’une vingtaine de comptes gérés par la société Getax détenue par les Gupta d’origine indienne, sont en cours d’instruction par la police fédérale australienne (AFP). En Inde, le Conseil central des impôts directs (CBDT) étudie les transferts de fonds de Singapour vers des comptes bancaires en Inde. Peter Bartlett, un avocat de la famille Gupta et Getax, a nié toutes les charges. Selon lui, aucune allégation de blanchiment d’argent n’a été faite contre Getax, et aucune autorité n’a soulevé de tels problèmes avec Getax. Pourtant, la police fédérale australienne a confirmé l’ouverture d’une enquête sur la société Getax Australia Pty Ltd, à la suite d’allégations d’implication de l’entreprise dans des affaires de corruption à l’étranger, à en croire un porte-parole de cette organisation cité par le confrère. Getax était en activité depuis 1997.

N’empêche. Kalyan a obtenu la concession de l’hôtel 2 février pour une période de trente ans.

Selon l’annonce légale publiée sur le site officiel du Centre des Formalités des Entreprises du Togo (CFE-Togo) à l’adresse https://www.cfetogo.org/annonce/annonce/id/662, la société Kalyan Hospitality Development Togo est une société anonyme unipersonnelle au capital de 10 000 000 FCFA divisé en mille (1000) parts de dix mille (10 000) FCFA chacune portant les numéros 1 à 1000. « Constituée aux termes d’un acte reçu par Me Méméssilé Gnazo, Notaire à Lomé, le 26 Novembre 2014, cette société a pour objet, au Togo et partout ailleurs, Investissements dans les secteurs de l’hôtellerie et du tourisme, construction, rénovation et gestion de complexes hôteliers et touristiques et généralement, toutes opérations industrielles, commerciales, mobilières ou immobilières pouvant se rattacher directement ou indirectement à l’objet social ou à tous objets similaires ou connexes. » Alors, un peu de tout !

Quelques mois plus tard, dans une nouvelle annonce légale publiée sur le même site à l’adresse https://www.cfetogo.org/annonce/annonce/id/1282, Kalyan Hospitality Development change de capital. Chose curieuse, le capital initial déclaré de 10.000.000 FCFA est, entre-temps, passé à 8.451.000.000 FCFA. Et en juin 2015, ils ont augmenté ce capital par conversion de créances, en passant de 8.451.000.000 FCFA à 16.052.099.400 FCFA. « Deux (02) expéditions des actes susmentionnés ont été déposées au Greffe du Tribunal de Première Instance de Première Classe de Lomé où l’inscription modificative a été effectuée sous le numéro TG-LOM 2015 M 268 », peut-on lire dans l’annonce légale en question.

Avec tant d’argent dans son coffre, Kalyan Hospitality Development, filiale de Kalyan Hospitality Development Ltd basée en Ile Maurice, s’est donc mise au travail. Les travaux de rénovation nécessitaient des investissements. La Banque ouest-africaine de développement (BOAD) a donc été mandatée par l’Etat togolais et Kalyan Hospitality Development pour lever un financement supplémentaire de 28 milliards FCFA, sous forme de prêt. Une somme jugée trop exagérée par une source immobilière, pour la rénovation de cet hôtel. La BOAD indique avoir mobilisé cette somme auprès d’un pool de six banques parmi lesquelles la Banque d’investissement et de développement de la Cedeao (BIDC), Bank Of Africa Togo, désignée banque agent de l’opération, l’Union togolaise de banque et la Banque sahélo-saharienne pour l’investissement et le commerce Togo. La BOAD a contribué à hauteur de 10 milliards de F CFA à la levée de fonds.

Du phosphate à l’hôtellerie, des méthodes opaques

Kalyan, c’est d’abord une affaire de phosphates. A l’analyse du profil des différentes structures pilotées par Ashok Gupta, c’est le domaine de prédilection du groupe Kalyan. En effet, Kalyan s’était intéressée au fameux marché des phosphates carbonatés au Togo à travers le groupe Coromandel Phosphates Pvt Ltd, un groupe détenu par Kalyan Resources, et, selon les recherches de Economic Times, en Inde lié avec Getax, la société dont Gupta était directeur jusqu’en 2009 et qui est sous investigation en Australie et en Inde.

Selon le site http://www.winne.com/country/ssa/togo/2009/cr/cp/sntp/index.php, le groupe Getax est le client le plus important de la Société nouvelle des phosphates du Togo (SNPT) par le niveau des enlèvements. Getax, c’est l’ancienne dénomination de Kalyan Resources, basée en Australie. Dans une enquête publiée par African Investigative Publishing Collective (AIPC) sur son site web www.investigativecollective.com, il est confirmé qu’Ashok Gupta était le directeur de Getax. Ses pratiques peu orthodoxes à la tête de cette structure ont été révélées dans bien des cas, notamment en République de Nauru dont le phosphate est la richesse principale. Selon le site www.abc.net.au qui a publié une enquête sur le sujet en 2015, le président de Nauru, le baron Waqa, et le ministre de la Justice auraient été soudoyés par le distributeur de phosphates australien Getax. Le confrère en a obtenu certaines preuves. « Le président Baron Waqa aurait reçu 60 000 dollars, alors que le ministre de la Justice, David Adeang – le plus puissant politicien de Nauru – a reçu 10 000 dollars par mois en 2009 et 2010. D’autres députés du gouvernement sont également impliqués dans le scandale », renseigne le confrère. Selon l’ABC, des fuites d’e-mails montrent que le ministre de la Justice a sollicité de la société australienne Getax, 665.000 dollars de plus, en paiements de corruption pour lui-même et d’autres politiciens nauruan. Ces transactions sont en cours d’examen par la police fédérale australienne dans le cadre d’une enquête importante sur les pots-de-vin étrangers. Lorsque M. Adeang était dans l’opposition en 2009, précise le confrère, il a déclaré à l’ancien directeur de Getax, Ashok Gupta : « Nous pouvons créer une nouvelle relation d’affaires qui peut amener ce pays à un niveau de développement supérieur et, bien sûr, à encore plus de succès ». Il a déclaré à Getax qu’il avait le soutien d’un certain nombre d’autres députés qui étaient prêts à abandonner le gouvernement. « Nous vous donnons tous les pouvoirs pour mobiliser ou lubrifier les députés afin d’obtenir le vote et gagner la bataille », a répondu Ashok Gupta, cité par l’ABC.

Getax achetait déjà du phosphate de Nauru à un prix avantageux. Lorsque le prix mondial a grimpé à près de 400 dollars en 2008, Getax ne payait que 43 dollars par tonne métrique. Après des années d’instabilité politique, M. Adeang et ses partisans ont finalement pris le contrôle du parlement de Nauru sous le président Baron Waqa en juin 2013. Toujours selon le confrère, M. Waqa faisait partie d’un groupe de députés qui auraient reçu deux pots-de-vin de 30 000 dollars de Getax en 2010. Selon un autre courriel divulgué, les fonds étaient destinés aux « élections imminentes ». L’ABC rapporte que M. Adeang n’a pas répondu aux questions concernant les allégations de corruption. Getax, de son côté, n’a pas non plus réagi aux demandes répétées de commentaires du confrère.

Au Togo, Coromandel Phosphates Pvt Ltd est arrivée en deuxième position dans les résultats d’appel d’offres pour la concession d’exploitation du phosphate. « Le projet avait deux volets. Le volet exploitation de phosphate qui devrait être confié aux Israéliens, et une partie de ces phosphates devrait être transformé pour la fabrication des acides et de l’engrais pour la population, ou du moins pour l’agriculture. Les négociations se poursuivent, mais c’est dit que si les négociations n’aboutissent pas avec le premier, automatiquement, nous prenons le deuxième qui doit être Coromandel Phosphates Pvt Ltd qui est aujourd’hui Kalyan Resources », a confirmé, le 06 août 2016, Mathias Banimpo Gbengbertane, lors d’un atelier sur la gouvernance minière organisée par la Banque Mondiale.Quatre jours après la décision, le 02 septembre, et coïncidant avec la révélation de Economic Times des liens d’affaires avec Getax, Coromandel Getax Phosphates Pte Ltd, une joint-venture entre Coromandel International Ltd, une société en partie détenue par le groupe indien Murugapa et Getax détenue par les Gupta, a été fermée. La société « n’a pas atteint ses objectifs », disent les notes dans le rapport annuel 2016-2017 de Coromandel International Ltd.

Souvent, en matière de flux financiers illicites, les casinos et les hôtels sont des instruments de blanchiment d’argent. Et les structures opaques des entreprises, avec des filiales dans des paradis fiscaux servent à cacher les profits et l’origine des fonds. Quand on analyse alors l’arborescence de Kalyan qui a une structure compliquée, avec beaucoup de ramifications impliquant le domaine des phosphates et de l’hôtellerie au Togo, on constate qu’il y a des zones d’ombre, la question clé portant sur le but et l’origine de l’argent qui a servi à augmenter considérablement le capital de la société Kalyan Hospitality Development Togo SAU.

Nous n’avons pas réussi à entrer en contact avec Kalyan Hospitality Development Togo SAU pour les besoins de l’enquête. L’administration de l’hôtel 2 février n’étant pas encore peaufinée, il nous a été difficile d’avoir un interlocuteur à même de répondre à nos multiples préoccupations.

Mais ce qui est évident, c’est que, ayant pris la concession de l’hôtel 2 février après son échec sur le marché des phosphates carbonatés au Togo, Kalyan a eu une collaboration difficile avec le groupe Carlson Rezidor. En mars 2017, une décision de justice exécutée par un huissier ordonne l’apposition de scellés sur les bureaux de certains responsables de l’hôtel dont le Directeur général, le Directeur des Opérations et son adjoint, et du responsable informatique. Cette décision a été prise et exécutée en attendant que la lumière soit faite dans une enquête diligentée pour détournement de fonds. Une enquête dont les résultats sont attendus à ce jour.

La décision de Carlson Rezidor de se retirer a soulevé de nombreuses questions concernant les affaires opaques de Kalyan Hospitality Development Togo S.A.U, son Directeur général, Ashok, Gupta, et ses relations obscures avec ses filiales dans le monde. Comment et pourquoi l’Etat est-il arrivé à confier la concession, pour trente ans, du plus grand hôtel du Togo, à une famille aussi controversée que les Gupta ? La question reste posée.

Aux dernières nouvelles, l’Emirati Emaar Hospitality Group a signé fin juin dernier à Dubaï, un accord de gestion de l’hôtel 2 février avec Kalyan, plusieurs mois après le départ de Carlson Rezidor. Un accord grâce auquel l’hôtel porte désormais le nom « Address Hotel 2 Février »

L’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE) considère qu’il faut quatre critères pour définir un paradis fiscal : impôts inexistants ou insignifiants, absence de transparence, législation empêchant l’échange d’informations avec les autres administrations et enfin tolérance envers les sociétés-écran ayant une activité fictive. Selon un classement des pays les moins fiscalisés, effectué l’année dernière par le cabinet Bradley Hackford, spécialiste de l’expatriation internationale, l’Ile Maurice et les Emirats Arabes Unis font partie des meilleurs paradis fiscaux en 2017. En 2000, le Fonds monétaire international (FMI) a classé Maurice parmi les sites privilégiés des entreprises en raison de ses lois fiscales minimales. Les sociétés enregistrées ici « sont utilisées, dans la grande majorité des cas, à des fins frauduleuses : pour faire de l’évasion fiscale par exemple ou pour dissimuler l’identité du bénéficiaire économique réel voire des opérations frauduleuses», lit-on sur le site du confrère français « Le Monde »

« Les paradis fiscaux sont au cœur d’un système mondial qui permet aux grandes entreprises et aux riches d’éviter de payer leur juste part, privant les gouvernements – riches et pauvres – des ressources nécessaires pour fournir des services publics vitaux et lutter contre les inégalités croissantes », commente Tatu Ilunga, conseiller principal en matière de politiques fiscales et industries extractives au sein de l’ONG OXFAM. « Selon les estimations d’Oxfam, au moins 18 500 milliards de dollars sont cachés dans les paradis fiscaux du monde entier», dit-il.

Pour créer une société offshore, généralement enregistrée dans un pays, non pour y exercer une activité, mais pour disposer d’une boîte à lettres, souvent pour profiter des avantages fiscaux ou réglementaires du paradis fiscal choisi, les cabinets d’expertise comptable ou d’avocats établis sont souvent sollicités. Ceux-ci maîtrisent les faiblesses de la réglementation fiscale des pays concernés et en profitent pour dérouler leurs stratégies en créant des sociétés intermédiaires pour renforcer l’opacité des transactions financières.

Par exemple, dans le scandale des Panama Papers révélé par l’ICIJ (International Consortium of Investigative Journalists), le cabinet panaméen Mossack Fonseca a mis sur pied un vaste système de dissimulation d’actifs, avec le concours de nombreux intermédiaires financiers internationaux (banques, avocats…). 214.000 sociétés-écrans sont restées jusqu’alors, pour la plupart, invisibles des autorités. Le cabinet avait profité du secret bancaire inviolable et de la fiscalité zéro mise en place par les autorités, en proposant des services d’immatriculation de sociétés offshore permettant à leurs propriétaires de cacher leur identité derrière des prête-noms.

Elom Attissogbe

Source : La Nouvelle Tribune

27Avril.com