Hibernation politique au Togo

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« Les hommes politiques et les couches doivent être changés souvent…et pour les mêmes raisons » (George Bernard Shaw)

Tant que la politique se réduira à des apparitions épisodiques en périodes électorales pour des strapontins, le peuple se désintéressera de plus en plus de cette « discipline » réservée à certains. Depuis la fin de la dernière présidentielle, les partis politiques semblent rentrés dans un état comateux, attendant la sonnerie des cloches législatives pour se remettre en scelle. Mais pendant ce temps, et ceux qui ne sont pas représentés à l’Assemblée nationale, et ceux qui y sont, brillent par leur indifférence vis-à-vis de ce qui peut constituer les préoccupations majeures de ceux qui vont dans les isoloirs. Hormis un ou deux partis politiques.

Pendant que les députés ont voté une loi permettant au chef de l’Etat de diriger par ordonnance, ils ont cru bon de voter un texte sur le nucléaire. Comme si c’était le sénior des préoccupations des Togolais.

Depuis que la Haute autorité de prévention et de lutte contre la corruption et les infractions assimilées (HAPLUCIA) a dit avoir transmis des dossiers au parquet pour des faits de corruption, aucun élu, encore moins un leader n’a fait de sortie publique, histoire de mettre la pression pour une issue de ces dossiers. Et pourtant, il est question de crimes économiques qui gangrènent les finances publiques.

Des médias relaient des faits de corruption, de faux et usage de faux et de déguerpissement scélérat sans que ceux qui se disent élus du peuple d’une part, et les aspirants à la magistrature suprême ou à d’autres postes électifs, ne veuillent lever le petit doigt pour s’en imprégner. Rares sont les fois où on entend parler de commission d’enquête parlementaire à l’Assemblée nationale togolaise. Un hôpital se fait désirer avant de sortir de terre à Agoè. Le ventre rempli grogne moins, dit-on.

Pendant ce temps, les électeurs se démènent avec les problèmes existentiels. Les écoles privées se demandent comment payer les enseignants quand bon nombre de parents d’élèves n’ont pas honoré leurs engagements financiers avant que le gouvernement ne décrète la fin de l’année scolaire pour les classes de passage. Mais du moment que les émoluments prévus pour tout élu –député surtout- tombent régulièrement, le chien pourra aboyer, la caravane passera toujours.

Seulement, il est une vérité que les citoyens comprennent de plus en plus, le vol des élections ira decrescendo, l’achat de conscience ne prendra plus comme avant, et sans l’électeur, l’élu n’est rien.

Des élections, le Togo en connaitra encore et toujours. Et ce ne sont plus les aspirants aux postes présidentiel, législatif ou communal qui attendront les électeurs au tournant. Mais bien ceux-ci qui sanctionneront ceux-là quand viendra l’heure.

Le poste électif ne saurait être un poste de jouissance, mais de défiance. Arriver à poser des actes qui appellent à votre réélection. Et si ceux qui sont aujourd’hui à l’Assemblée nationale veulent se rendre utile, qu’ils osent une proposition de loi qui pousse l’exécutif à mettre en place la Haute cour de justice, elle seule capable de connaître les écarts de comportement et de gestion des ministres et autres sommités. Dans le cas contraire, ils jouent alors leur rôle de députés « nommés ». Donc incapables de peser sur l’exécutif dont ils sont censés contrôler l’action.

Godson Ketomagnan

Source : Liberté N°3171 du Vendredi 19 Juin 2020

Source : 27Avril.com