La dernière valse des prix des produits pétroliers à la pompe suscite toujours de vives réactions. En conférence de presse ce mercredi après-midi à Lomé, les responsables des organisations syndicales, des organisations de consommateurs, des droits de l’Homme et de la société civile regroupées au sein des Universités Sociales du Togo (UST) ont dénoncé cette nouvelle augmentation et condamné avec énergie la répression musclée et sanglante des forces de l’ordre lors de la manifestation des conducteurs dans les rues de Lomé le 28 février dernier. Les Organisations syndicales et les membres des UST demandent au gouvernement togolais d’annuler cette nouvelle augmentation des prix des produits pétroliers et d’ouvrir une enquête pour identifier et traduire en justice les soldats qui ont tiré à balles réelles sur les manifestants. Voici en intégralité leur déclaration!
Déclaration des organisations syndicales, des organisations de consommateurs, des droits de l’Homme et de la société civile regroupées au sein des Universités sociales du Togo (UST) relative à la l’augmentation des prix des produits pétroliers.
Le 28 février 2017, le gouvernement a procédé à une nouvelle augmentation des prix des produits pétroliers à la pompe, créant ainsi une situation socio-économique intenable et insupportable pour la population en général, les travailleurs et consommateurs en particulier.
Cette décision prise unilatéralement par le gouvernement a suscité de vives réactions au sein de la population et des différentes couches socioprofessionnelles de notre pays dont le pouvoir d’achat ne cesse de s’éroder sans qu’aucune mesure d’accompagnement ne soit proposée par les autorités.
Cette situation de mécontentement généralisé a conduit à des manifestations légitimes de colère des conducteurs de motos-taxis et des chauffeurs dans la ville de Lomé dans la journée du mardi 28 février 2017 et dans d’autres villes de l’intérieur du pays le mercredi 1er mars 2017.
Malheureusement, ces manifestations spontanées ont été violemment réprimées par les forces de l’ordre et de sécurité qui ont fait usage de gaz lacrymogènes et des armes de guerre contre les manifestants. Cette situation disproportionnée de la force sur les manifestants a occasionné des dégâts matériels, de nombreux blessés (que ce soit du côté des manifestants que du côté des forces de l’ordre) et surtout la mort d’un chauffeur atteint par un projectile.
Pourquoi avoir recours à l’armée pour encadrer une manifestation de civils non armés qui adressent des demandes légitimes à leurs dirigeants ?
Les organisations syndicales, les organisations de consommateurs, des droits de l’Homme et de la société civile regroupées au sein des UST expriment leur compassion et leurs sincères condoléances à la famille de cet énième martyr et souhaitent un prompt rétablissement aux blessés.
Elles condamnent avec énergie cette répression sanglante et disproportionnée des manifestants par les forces armées et de sécurité.
Après analyse de la situation socio-économique actuelle, les organisations syndicales et de la société civile regroupées au sein des UST s’indignent de cette augmentation des prix des produits pétroliers dans un contexte de paupérisation accrue, alors que les promesses de 2015 annonçaient un mandat à caractère social, et l’achèvement de l’initiative PPTE en 2010, une véritable embellie financière pour notre pays. De plus, elles s’interrogent sur les motifs qui justifient de manière valable cette deuxième hausse des prix en l’espace de quelques semaines. Cette question mérite des réponses appropriées de la part du gouvernement.
Les organisations syndicales et les membres des UST signataires demandent :
– Le report de l’arrêté interministériel N°008 /MCIPSPT/MEF/MME du 27 février 2017 portant augmentation des prix des produits pétroliers,
– L’ouverture d’un dialogue social sincère avec tous les acteurs concernés afin que la transparence préside la commande et la commercialisation des produits pétroliers au Togo en lien avec la cherté de la vie,
– L’ouverture dans l’immédiat d’une enquête afin d’identifier et de traduire en justice les acteurs de ces actes criminels conduisant à la mort d’un concitoyen.
Chaque citoyen a un droit sacré à la vie que le gouvernement a le devoir de protéger même en période de crise sociale.
Les organisations syndicales, les organisations de consommateurs, des droits de l’Homme et les membres des UST signataires se réservent le droit, le cas échéant, d’appeler à la mobilisation leurs membres et de toutes les couches socioprofessionnelles de la nation pour toute action utile permettant d’obtenir l’annulation de la mesure impopulaire à l’origine de cette crise sociale préoccupante.
Elles lancent également un appel citoyen à toutes les organisations syndicales, aux associations de consommateurs, aux organisations de droit de l’Homme, aux ONG et aux autres regroupements de la société civile à mobiliser leurs bases respectives pour des actions communes concertées futures.
De la mobilisation de chacun individuellement et collectivement dépendra l’issue de cette lutte qui s’annonce pour la défense des droits des citoyens.
Fait à Lomé le jeudi 2 mars 2017
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