Ça chauffe au Togo. Des milliers d’élèves sont descendus dans les rues pour exiger que les réclamations de leurs enseignants en grève soient entendues par le gouvernement.
Les élèves ont dressé les barricades à Lomé, Dapaong, Mango, Badou, Atakpamé, Tsévié. À Kara, les militaires sont venus en renfort, mais ne parviennent pas à faire reculer les élèves qui exigent la libération de leur enseignant. À Lama Kpéda, deux jeep de gendarmerie et de bérets rouges sont arrivés au lycée où les élèves ont séquestré certains membres du personnel enseignant non grévistes. Une quarantaine d’éléments des forces de l’ordre poursuivent des élèves en les matraquant, en tirant du gaz lacrymogène, et en les traînant au sol avant de les embarquer.
Loin de fléchir, la grève lancée par la Coordination Syndicale de l’Education du Togo ( CSET) , va plutôt durcir comme en Guinée où c’est finalement le gouvernement qui vient de se mettre à genoux devant les enseignants, en acceptant toutes leurs conditions posées.
Il y a seulement un mois, le Président Alpha Condé traitait le président du Syndicat Libre des Enseignants et Chercheurs de Guinée ( SLEG), Aboubacar Soumah de tous les noms d’oiseaux et de voyous: 《 je ne discute pas avec un rebelle. C’est une grève sauvage》. Mais, en pleine nuit de ce mardi 13 mars , à 23 heures, après que Condé ait constaté que son pays ressemblait déjà à la Syrie, il a dépêché son gouvernement de signer l’accord avec les enseignants les yeux fermés. Non seulement Condé accepte fixer le salaire de base d’un enseignant à 8 millions de francs guinéens par mois, soit 525 000 francs CFA, mais l’augmentation est aussi rétroactive pour les mois de janvier et février. La grosse cagnotte a été arrachée à la sueur du Front de la coalition enseignants-élèves-peuple.
Les enseignants guinéens ont imité leurs collègues Burkinabè qui ont aussi fait plier le gouvernement en plein week-end et en pleine nuit du 28 janvier 2018, après avoir mené une grève, supporté les coups des forces de sécurité pendant quatre mois. De la même façon , les enseignants Béninois sont entrain de vaincre le gouvernement Talon. Après deux mois de grève, c’est l’ UNESCO qui vient d’entrer dans la danse et lance un ultimatum de 24 heures au gouvernement béninois de régler les revendications d’enseignants afin que les cours reprennent, faute de quoi, l’année scolaire sera déclarée blanche.
Pendant ce temps, au Cameroun, certains enseignants accusant jusqu’à 60 mois d’arriérés de salaire ont tenté d’aller manifester devant le ministère des Finances. Après avoir été arrêtés, tabassés et jetés en cellule, ils se sont précipités de signer une lettre d’excuses au régime BIYAMEROUNAIS.
Au Cameroun, plus de 20 000 dossiers d’enseignants sont en attente de validation au ministère des Finances. Pour faire avancer le dossier, il faut payer 50 000 francs CFA. Pour obtenir un rappel, il faut une enveloppe de 350 000 francs CFA. Après avoir travaillé sans salaire pendant 2 à 4 ans, il faut offrir 20% de son dû aux fonctionnaires du ministère pour l’intégration à la Fonction Publique . Les enseignants camerounais touchent le plus bas salaire de toute l’Afrique francophone, presqu’ à égalité avec les enseignants centrafricains, mais ne peuvent pas tenir une journée de grève. Comme le disait Sully Prudhomme en 1865: « heureux les pauvres qui ne savent pas lutter pour leurs droits. Ils ont la paix quand ils se couchent, et le néant quand ils sont morts ».
J. Rémy Ngono
27Avril.com