Grève des agents de la fonction publique : Gilbert Bawara n’arrive pas à gérer 250 agents seulement de son ministère

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Il multiplie des déclarations aussi controversées les unes après les autres pour tenter de calmer la tension politique palpable dans le pays. Gilbert Bawara, puisque c’est de lui qu’il s’agit, a également le feu aux fesses dans son propre ministère où les agents de la fonction publique sont en grève pendant trois jours, à compter de ce mardi. 250, c’est le nombre du personnel que le ministre n’arrive pas à gérer, pour empêcher cette grève. Dans l’« Invité du journal » sur radio Pyramide FM ce matin, Houmenou Komlan, Secrétaire général du syndicat des agents de la fonction publique, répond aux questions de Honoré Adontui. Lisez plutôt !

Honoré Adontui : Votre mot d’ordre de grève de trois jours, est-ce que ça tient ?

Houmenou Komlan : Oui, il est maintenu pour les trois jours, à compter de mardi, mercredi et jeudi.

Pourquoi trois jours de grève au niveau du ministère de la Fonction publique ?

Nous avons retenu trois jours de grève pour avoir un effet bien visible. Et c’est la décision de la base.

Vos principales revendications tournent autour de 3 points. Est-ce qu’on peut les comprendre davantage et les connaître mieux ?

La prime de rendement et la restauration du 13e mois. Tout simplement.

Entre-temps vous avez parlé de l’amélioration de vos locaux de travail

Oui justement, nous avons cité cela aussi dans nos revendications et nous pensons que c’est du flou qui se fait autour de cela, parce qu’on nous promet des locaux, mais on n’a jamais vu un mur monté, alors que nous sommes dans un ministère mais nous sommes dans les locaux des gens. Nous avons vraiment exigé que des locaux dignes de cela soient construits. Ça aussi, c’est maintenu.

Revenons sur les deux principales revendications, pourquoi vous arrivez jusqu’à ce point ? Nous pensons que vous êtes des agents de la fonction publique, vous avez déjà vos salaires, pourquoi vous demandez plus ?

Nous n’exagérons pas. Nous ne demandons pas aussi de plus. Notre ministère donne plus qu’il en a, et moins qu’il en reçoit. Les efforts que nous produisons au sein de ce ministère doivent être reconnus, c’est ce que nous mettons dans la prime de rendement. Alors, on ne peut pas être à la cuisine et avoir faim. Nous considérons que c’est nous améliorons les conditions de vie et de travail des gens, et nous on est laissé pour compte, on est relégué en arrière plan. Personne ne nous regarde, alors que nous sommes au centre de cette administration. Et en tant que ministère mère, je l’ai souvent dit, certains avantages doivent nous être automatiques.

Qu’est-ce que vous faites de plus que les autres ?

Aucun agent public, ne peut vivre, ne peut évoluer, ne peut avoir son salaire, ne peut être avancé, ne peut être titularisé sans passer par la fonction publique. La fonction publique est au centre de tout. Donc personne ici ne peut se dire concerné s’il n’a aucune liaison avec la fonction publique, jamais.

En plus clair ?

Ça veut dire que, avant que vous ne soyez un fonctionnaire reconnu, digne de cela, vous devez passer par la fonction publique nécessairement, c’est une porte de non retour, forcé.

Il semble que vos supérieurs ne sont pas d’accord par rapport au mouvement de grève que vous venez de lancer.

C’est normal. Aucun ministre ou aucune autorité ne va vouloir accepter voir son personnel en mouvement de grève. Mais nous avons donné un temps à l’autorité de plancher sur les questions relatives à nos revendications. Pendant les 30 jours calendaires qui était le délai accordé, force est de constater qu’aucune rencontre n’a été faite. Nous avons justement compris que nos premiers responsables se moquent de nous ou ils ne tiennent pas à cœur nos revendications. Pourtant, l’autorité juge nos revendications légitimes et fondées. Mais rien n’est fait en ce sens. Donc la base réunie ce vendredi, a décidé d’utiliser cette voie de grève qui est légale, reconnue par la République pour se faire entendre.

A quand remontent vos dernières discussions avec le ministre Gilbert Bawara ?

Il y a de cela un mois, avant même la suspension du préavis de grève. Parce que quand nous avons lancé le préavis de grève, il nous a reçus deux fois. Il nous a fait comprendre que des démarches vont être entreprises pour améliorer notre situation. C’est cette position même qui nous a poussée à accorder un délai de 30 jours, et pendant ce délai, comme je l’ai dit, rien n’a été fait.

Est-ce que vous tenez compte de la situation actuelle du Togo ?

Nous avons déjà commencé nos débats avant cette situation, et nous ne voulons même pas en parler, parce que ça n’a rien à voir avec notre situation administrative.

Qu’est-ce que vous attendez du gouvernement ?

Que le gouvernement ouvre de sincères discussions ou négociations tendant à améliorer nos conditions de vie et de travail, tout simplement.

Trois jours de grève, est-ce que vous imaginez un peu les conséquences ?

Oui, nous en sommes conscients. Nous l’avons déjà dit. Ces conséquences, elles sont mécaniques, d’abord pour nous et pour les autres couches. Mais à l’impossible, nul n’est tenu.

Après les trois jours de grève, quelle sera la suite ?

Vendredi midi, la base se retrouve en AG pour décider de la conduite à tenir.

Jusqu’où êtes-vous prêts à aller ?

Nous avons déjà atteint le paroxysme de notre mal, on ne craint plus ce qui va arriver, car on ne peut pas faire des omelettes sans casser les œufs. Donc, on veut des omelettes, on est prêt à casser les œufs.

Avez-vous un mot à l’endroit de vos camarades pour terminer ?

Je les remercie pour le soutien indéfectible qu’ils me témoignent depuis un certain temps, pas témoigner à moi personnellement, mais qu’ils témoignent au bureau depuis tout le temps que nous avons commencé ces revendications. La base a compris aujourd’hui que si elle ne fait rien, elle n’aura rien. Sans la lutte, on ne peut rien faire. C’est la lutte qui libère. Donc je fais appel à tout le monde. Comme on est déjà conscient de la situation que nous vivons, étant ministère mère, on ne doit pas nous traiter de la sorte. Nous allons nous lever comme un seul homme et dire non à ce traitement disproportionné qui est fait au sein de l’administration dont nous sommes les premiers pionniers.

Transcrits par la Rédaction

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