Les parents d’élèves de l’EPP Bikambombé
situé à trois Km du lycée de Bangeli continuent de payer des frais de
scolarité. Sur sept enseignants, seul le directeur d’école est rémunéré par
l’Etat, le reste l’étant par les parents d’élèves. Un chemin de croix pour les
parents.
En octobre 2008, plus précisément le 1er,
le gouvernement togolais a décidé de rendre gratuite la scolarisation des
enfants dans le primaire. La mesure a été bien accueillie par les parents
d’élèves, même si du côté des organisations syndicales du secteur de
l’éducation, de nombreuses personnes ont exprimé des doutes quant à sa
réussite. D’année en année, le secteur semble avoir surmonté les difficultés
nées de l’application de la décision du gouvernement.
Mais dans la réalité, certaines subsistent
et les responsables d’écoles se débrouillent, avec le soutien des associations
des parents d’élèves, pour que les élèves puissent poursuivre leurs études.
C’est malheureusement le cas dans le village de Bikambombé, localité située à trois
kilomètres du lycée de Bangeli dans la préfecture de Bassar. Dans cette localité
qui fait partie des plus pauvres du Togo, la gratuité des écoles primaires n’est
pas effective.
En effet, malgré la mesure gouvernementale
de suppression des frais de scolarité, le village de Bikambombé et ses
populations supportent toujours l’entièreté des charges de l’éducation de leurs
enfants. « Ici, nous ne connaissons
pas ce que vous appelez gratuité de l’école. A l’EPP de Bikambombé, nous
continuons de payer des frais de scolarité pour nos enfants. La gratuité que le
gouvernement a annoncée s’est arrêtée au centre-ville de Bangeli. Nous n’en
bénéficions pas à Bikambombé », explique un parent d’élève.
Selon les explications de certaines
personnes ressources du milieu, il est impossible de mettre en application la
mesure de la gratuité de l’école. La principale raison, le manque de ressources
humaines et financières. Et pour cause, depuis sa création, l’EPP de Bikambombé
a toujours fonctionné grâce aux enseignants volontaires. Le Directeur de l’école
a toujours été envoyé dans la localité par le ministère des Enseignements
Primaire et Secondaire, mais le reste de l’effectif émane toujours de la
communauté elle-même. « Notre
problème, souligne une source locale, c’est
que le gouvernement n’a jamais envoyé les enseignants en nombre suffisant. Sur
sept enseignants, seuls un ou deux proviennent du ministère. Le reste de
l’effectif est géré par le village ».
Malheureusement, il ne s’agit pas d’un
problème lointain. Au contraire, d’année en année, cette « crise d’effectif en personnel enseignant »
s’accentue. Pour l’année scolaire 2018-2019, l’école comptait deux enseignants
sur sept issus du ministère de tutelle. Cette année (2019-2020), seul le
directeur de l’école est envoyé par le ministère. De la maternelle au CM1, les
cours sont assurés par des enseignants volontaires.
Et ça a un coût. Pour assurer le
fonctionnement de l’école et honorer le salaire des enseignants, les parents
d’élèves sont mis à contribution. Pour chaque enfant, les parents doivent payer
deux mille (2000) FCFA. C’est un montant insignifiant, mais pour des
populations qui peinent à manger à leur faim, il s’agit d’une fortune. Cette
pauvreté extrême n’est pas une invention, le gouvernement en a conscience et
c’est la raison pour laquelle il a décrété la gratuité de l’école pour soulager
les parents. Le 08 février 2019, 84 ménages ont bénéficié du premier transfert
trimestriel de 15 000 FCFA chacun, dans le cadre du projet Filets sociaux et
services de base (FSB). Ce transfert illustre aussi le niveau de pauvreté des
populations contraintes à la survie. Leur demander de payer encore pour la
scolarisation de leurs enfants revient à les condamner à réaliser l’impossible.
Contre toute attente, l’autorité semble
fermer les yeux sur la nécessité d’envoyer dans cette école des enseignants qui
seront payés par l’Etat. Des démarches auraient été faites à l’endroit de l’Inspection de tutelle. Selon nos informations,
l’inspecteur aurait demandé à la délégation d’aller chercher des enseignants
fonctionnaires et si elle en trouve, de les affecter dans l’école du village.
Cet abandon est semblable à celui du
secteur de l’éducation tout entier. Dans le gouvernement Sélom Klassou II, le
ministère des Enseignements Primaire et Secondaire n’avait été attribué à
personne. Suite au tollé que celui a suscité dans le monde de l’éducation, il a
été rattaché à la Primature, avant d’accueillir la nomination de l’ancien DG de
Togocom Affoh Atcha-Dedji à la mi-décembre 2019.
G.A.
source : Liberté
Source : TogoActu24.com