Alors que les doutes ont plané pendant des mois sur leur participation à l’Initiative de suspension du service de la dette (ISSD) lancée en avril 2020, Chinois, Koweïtiens, Saoudiens et d’autres créanciers privés du Togo ont rejoint le Club de Paris, en acceptant de suspendre leurs dettes pour le Togo.
Lire aussi : Rififi entre Faure Gnassingbé et le Col Doumbouya : quand l’information n’est pas confirmée
Avec une dette extérieure représentant environ 38% de la dette publique, soit 22% du PIB en 2020, l’Etat togolais a bénéficié de l’ISSD auprès de plusieurs financeurs notamment l’Eximbank de Chine, le Fonds Saoudien, le Fonds Koweitien, l’AFD ainsi que le FMI.
Du 1er mai 2020 au 31 décembre 2020, première phase, le montant du service de la dette ayant fait l’objet de moratoire est estimé à 17,1 milliards FCFA (32 millions $) dont 12,5 milliards FCFA rééchelonnés et 4,6 milliards FCFA annulés (FMI).
Dans la deuxième phase de l’initiative lancée par les deux institutions de Bretton Woods, à fin mars 2021, en plus du club de Paris, l’AFD (France), l’Eximbank de Chine et d’autres créanciers privés avaient déjà donné leur accord pour reconduire le programme, à condition que le gouvernement togolais s’engage à consacrer les ressources libérées par l’initiative à l’augmentation des dépenses afin d’atténuer l’impact sanitaire, économique et social de la crise liée à la Covid-19. « Suite à l’initiative de suspension de la dette du G20, et après des consultations amicales entre les 2 pays (Togo et Chine, ndlr), Eximbank de Chine a déjà signé 10 accords de suspension de la dette afin d’alléger la pression du remboursement des dettes de la partie togolaise », a précisé Qian Keming, Vice-ministre chinois du Commerce, à l’occasion de la deuxième session de la commission mixte de coopération entre la République populaire de Chine et le Togo.
Lire aussi : Pourquoi le Togo est placé sur la « liste rouge » d’Israël
Au premier trimestre de cette année, le Togo a payé 1,9 milliard FCFA au titre du service de la dette extérieure (principal, intérêts et commissions), principalement aux créanciers multilatéraux. Ce montant est nettement inférieur aux 33 milliards FCFA remboursés sur toute l’année 2020, dont la part la plus importante est allée aux banques ou institutions financières.
Eximbank Chine est le plus important créancier commercial du Togo
Selon des données du ministère de l’Économie et des Finances, la dette du Togo vis-à-vis de la Chine s’évalue à 279 milliards FCFA fin 2020, représentant 59,9% de la dette commerciale extérieure totale du pays.
Comparativement à une année plus tôt, l’engagement du Togo envers la Banque chinoise d’exportation et d’importation a connu une légère baisse de 7%. Il est ainsi passé de 300 milliards en 2019 à 279 milliards avec un taux d’intérêt de 2% en moyenne sur une période de 20 ans. Les prêts contractés auprès de l’institution de l’Empire du milieu ont essentiellement « permis de réaliser de grands travaux d’infrastructures, notamment la construction et la réhabilitation de l’Aéroport international Gnassingbé Eyadéma ainsi que l’aménagement de voies de contournement », justifient les autorités togolaises.
Lire aussi : Coupures de courant : les vieux démons de la CEET réveillés ?
Eximbank Chine est suivie de loin, de la banque française Société Générale. Les créances du géant financier français sont estimées à plus de 96 milliards FCFA, soit 20,75% de la dette commerciale, alors qu’elles étaient quasi-nulles en 2019. L’augmentation de cet encours est le résultat de la deuxième phase de l’opération de reprofilage de la dette intérieure en juin 2020. Un prêt au taux de 4,54% avec une maturité moyenne de 6 ans aura permis de racheter deux (02) prêts contractés auprès de la BOAD et un (01) emprunt auprès du groupe Ecobank.
Le Japonais Bank of Tokyo MUFG arrive en troisième position au terme de l’année 2020 avec 67 milliards FCFA, soit 14,55%. La dette togolaise envers la banque nipponne provient aussi de l’opération de reprofilage. Cette opération avait permis dès décembre 2020 à ce pays d’Afrique de l’Ouest d’emprunter 103,625 millions € (67,97 milliards de FCFA) auprès de la banque Tokyo-MUFG au taux de 4,68 % l’an pour 10 ans dont 2 ans de différé.
Lire aussi : Évasion fiscale au Togo : quand les multinationales expédient tout dans leurs pays
Au pied du podium, Eximbank Inde, représente, avec 22,3 milliards FCFA remboursable sur 22 ans, 1,75% d’intérêts, 4,77% de la dette commerciale du Togo. Globalement en 2020, les emprunts commerciaux du Togo étaient de l’ordre de 467 milliards contre 387 milliards de FCFA. Leur augmentation était essentiellement due à la sortie du Togo à l’international, dans le cadre de son opération de reprofilage.
Avec Delta Infos
Source : Togoweb.net