Gouvernance en pointillés au Togo : Quand des rapports flatteurs mettent en transe le pouvoir

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Dans une ambiance polluée de crise politique, le gouvernement togolais a soufflé avec deux événements la semaine dernière. D’abord, la première bonne nouvelle est venue du Rapport 2018 de la Fondation Mo Ibrahim sur la bonne gouvernance qui place le Togo 30ème Africain avec 49,1 points.

Dans ce rapport publié le 29 octobre dernier, le Togo a amélioré sa gouvernance de 5,2 points et fait partie du top 15 des pays les plus réformateurs sur la dernière décennie aux côtés de la Côte d’Ivoire (+12,7 points), du Zimbabwe (+10,8 points), du Maroc (7,3 points) entre autres. Ce rapport se base sur cent indicateurs regroupés autour de quatre thématiques notamment Sécurité et Etat de droit, participation et droit humain, développement économique durable et développement humain.

La 2ème bonne nouvelle du Togo est venue d’un autre rapport, celui du Groupe de la Banque Mondiale sur l’environnement des affaires « Doing Business 2019 ». Ce rapport publié le mercredi 31 octobre, classe le Togo 137ème sur 190. Le pays de Faure Gnassingbé a gagné 19 places par rapport à l’année dernière. Ce bon spectaculaire (sic) s’explique par les réformes relatives à la création d’entreprise, l’obtention de permis de construire, le raccordement à l’électricité, le paiement de taxes et d’impôts, le transfert de propriété et d’exécution de contrats. Par ce classement, le Togo est annoncé dans le top 10 des pays le plus réformateurs au monde.

Il n’en fallait pas plus pour envoyer le Premier ministre Sélom Klassou aux anges « Tous ces résultats et indicateurs montrent que nous sommes sur la bonne trajectoire et nous devons aller de l’avant en ce qui concerne la vision du chef de l’État que nous portons au niveau du gouvernement pour créer les conditions d’une attractivité et d’une compétitivité pour notre pays afin de permettre à ce que les PME et PMI puissent accroître leurs chiffres d’affaires. Il faut également créer les conditions qui permettent aux investisseurs étrangers de venir dans notre pays », a débité le chef de gouvernement présent à la présentation de ce fameux rapport.

Des rapports flatteurs

De ces rapports, on retient que le Togo ne faisait rien avant. En plus, les performances attribuées au Togo ne reflètent en rien les réalités. Lorsqu’on parle de l’amélioration du climat des affaires au-delà des beaux textes proposés pour flouer ou appâter les institutions de Bretton Woods, le Togo connait plus des pires moments dans sa gouvernance.

Depuis le soulèvement du 19 août 2017, le Togo est plus qu’empêtré dans une crise dévastatrice. Face aux répressions, exactions des milices et militaires à travers le pays et les séries de manifestations de l’opposition démocratique et la société civile, le Togo est déclaré par plusieurs pays dont l’Allemagne tout récemment comme « destination à risque ». Le gouvernement même parle de détérioration du climat des affaires.

La Chambre de Commerce et d’Industrie du Togo a même indiqué que 72% des entreprises ont déclaré la baisse de leurs chiffres d’affaires depuis la survenue de la nouvelle crise. En clair, la crise actuelle a fait refouler beaucoup d’investisseurs et plusieurs entreprises ont dû fermer leurs portes. Un gouvernement qui se contente de ces rapports flatteurs de la Banque Mondiale face aux réalités décapantes est simplement irresponsable. Il s’agit là de laisser la proie pour l’ombre. Certains n’hésitent pas à s’interroger sur les chiffres fournis par le gouvernement dans la réalisation de ces rapports. C’est une nouvelle preuve que le régime de Faure Gnassingbé après avoir sacrifié le bien-être des Togolais, se contente de tout faire pour mieux paraître à l’extérieur. Et c’est le propre des dictateurs qui n’ont pas de compte à rendre au peuple pourtant souverain.

Kokou Agbemebio

Source : Le Correcteur

27Avril.com