Au sortir des législatives du 20 décembre 2018, l’Union des forces de changement (Ufc) est devenue la première force politique de l’opposition au Togo. Dans cette lignée, son président national, Gilchrist Olympio a été officiellement fait, de droit, Chef de file de l’opposition (CFO) togolaise. Après l’Accord politique le liant depuis mai 2010 au pouvoir de Lomé, son nouveau statut de CFO et les rumeurs l’annonçant candidat naturel de l’UFC en 2020, l’on est en droit de se demander si le scénario congolais est en passe de se produire au Togo.
Nouvelle Assemblée Nationale, nouvelle donne!
Dr Gilchrist Olympio, leader de l’Union des forces de Changement (UFC) devient nouveau chef de file de l’opposition togolaise (Cfo). A en croire Gaétan Ahoomey-Zunu, cadre du parti et député élu du Grand Lomé, le décret de reconnaissance lui a été remis, le jeudi 28 mars dernier, par le ministre de l’Administration territoriale et des Collectivités locales, Payadowa Boukpessi.
Ainsi donc, le fils du père de l’indépendance, par cette reconnaissance officielle, succède à son ancien protégé Jean-Pierre Fabre, avec des droits et devoirs. Avec rang de président d’Institution, selon le protocole d’Etat, M. Olympio dispose désormais des avantages pécuniaires et matériels, liés à son nouveau statut. De même qu’il devra, aux rangs des obligations, veiller à la préservation de l’intérêt supérieur de la nation dans le cadre de ses activités, à se conformer aux devoirs citoyens et républicains et surtout, participer aux manifestations publiques officielles auxquelles il sera invité.
Questionnements et interprétations
Si dans l’opinion, le scrutin du 20 décembre 2018 dont est issue la nouvelle Assemblée Nationale n’est nullement le fruit d’un consensus tant souhaité, donc un hémicycle de fait, il n’en demeure pas moins vrai qu’il reste, pour les cinq années à venir, l’institution habilitée à agir au nom de l’ensemble du peuple togolais, bien que les hommes qui y siègent sont loin d’etre expressivement représentatifs des couches sociales du pays. De même qu’on est appelé, malgré tout, à composer avec toutes les décisions qui y émaneront et dont l’une des résultantes en est justement le nouveau statut de CFO conféré à M. Olympio.
Dès lors, une lecture minutieuse de la succession des événements, partant du forcing ayant caractérisé l’organisation des dernières législatives au dispatching des sièges comparable à une nomination, fait cacher mal, un scénario qui n’est pas loin de se reproduire. Ceci, au regard de la réalité politique togolaise depuis les années 90 croisées à la géopolitique internationale en cours actuellement. En effet, plusieurs sont les analystes qui voient mal, le pouvoir de Lomé céder face à une opposition aussi radicale qu’est celle du Togo. Et pour ces derniers, à défaut d’une alternance démocratique qui respecte l’expression des urnes, le Togo n’est pas loin de l’autre alternative, celle d’une alternatance négociée comme celle expérimentée, en décembre 2018, en République démocratique du Congo (Rdc). L’on ne ferait pas des omelettes sans casser des œufs, dirait-on pour ainsi dire que tous les moyens, hormis ceux non conformes aux valeurs démocratiques, sont bons, pour remplacer , ce régime qui régente le Togo et les togolais depuis plus d’un demi siecle .
Un scénario congolais en téléchargement ?
Aujourd’hui, le changement de statut de Gilchrist Olympio, actuellement partenaire politique du pouvoir de Lomé n’est pas à négliger. Il doit être analysé sous tous les prismes. Ceci, quand on se rappelle surtout qu’il y a quelques jours, le Chef de l’Etat, Faure Gbassingbé a effectué une visite dite d’amitié et de travail à Kinshasa, auprès de son homologue congolais Félix Tsisekedi, le fils du défunt opposant historique aux différents régimes congolais. Aussi, il n’est pas anodin non plus que ce soit à l’approche de 2020, avec les supputations sur la candidature ou non de Faure, qu’une certaine presse choisi de distiller, visiblement à dessein, la candidature de Gilchrist. Le tout mis ensemble, il urge donc de voir, en chacun des épisodes du long feuilleton qui se joue actuellement sur l’échiquier politique, des actes à plusieurs interprétations.
Vu surtout que comme en RDC où seule une alternance négociée et pacifique à su anéantir la bombe qui couvait, l’on est en droit de songer du même rapprochement au Togo, quand on sait également que c’est bien là, le socle de l’accord de mai 2010 liant le parti de M. Olympio et le pouvoir de Lomé, l’on peut, objectivement sans grand risque de se tromper, appréhender que le scénario à la congolaise n’est pas si loin de nos portes. Certes, aucun élément tangible ne l’atteste pour l’heure. Mais une analyste objective des dernières évolutions de l’actualité politique fait donc renaître visiblement cet accord de ces cendres.
Source : Fraternité No.309 du 03 avril 2019
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