« J’ai beau chercher, je ne trouve aucun argument qui justifierait que je me sente irremplaçable ou providentiel. Nous sommes 22 millions de Nigériens, pourquoi aurais-je l’arrogance de croire que nul ne peut me remplacer » (Mahamadou Issoufou)
Le 19 février 2018, le président ghanéen Nana Akufo-Addo débarque à Lomé pour proposer ses bons offices à la crise togolaise. Fatigués par le règne sans fin de la famille Gnassingbé, -le père et le fils qui dirigent le pays dans un gant de velours depuis 54 ans-, des centaines de milliers de Togolais, à l’appel du Parti national panafricain (PNP) de Tikpi Atchadam, sont descendus en masse dans les rues à travers tout le pays, pour exiger plus de démocratie, de liberté, de justice et surtout le départ de Faure Gnassingbé du pouvoir. Inédites de par leur ampleur, les manifestations ont obligé Faure à mobiliser les piliers de son régime, surtout les « sécurocrates ». La répression fut sanglante.
Les pourparlers à Lomé, démarrés le 19 février 2018 sous l’égide de Nana Akufo-Addo et d’Alpha Condé commis par la CEDEAO, ont été dévoyés et ont permis au chef de l’Etat togolais de reprendre la main. Il verrouillera davantage le système. Cerise sur le gâteau, la crise sanitaire de la Covid va doper encore plus la dictature. Faure Gnassingbé devient maître d’un pouvoir solitaire et absolu.
Trois ans après son passage à Lomé pour aider ses frères togolais à solutionner les sempiternelles crises politiques dans lesquelles ils s’embourbent, Nana Akufo-Addo s’engage devant la nation ghanéenne à respecter le protocole de la CEDEAO sur la démocratie et la bonne gouvernance et à passer la main au terme de ses deux mandats. « Je ne serai pas un obstacle à la conduite d’élections libres, justes et transparentes, je remettrai le pouvoir au président élu le 07 janvier 2025 », a déclaré Nana Akufo-Addo à l’occasion du deuxième Forum Kofi Annan pour la paix et la sécurité.
« Je n’apporterai aucune modification aux lois électorales avant les prochaines élections. Je respecterai la limite des deux mandats comme stipulé dans la Constitution de la République du Ghana », a promis le président ghanéen. Un discours dont le courage et la lucidité dénotent la grandeur de l’homme d’Etat qu’il est.
Au Togo, Faure Gnassingbé qui pense être le seul capable de gouverner le pays, s’accroche frénétiquement au pouvoir. Il ne songe même pas quitter un jour le trône. Son père ne lui avait-il pas dit de ne jamais laisser le pouvoir ? Il vise un 5ème mandat à faire en 2025. Après, il trouvera des arguties juridiques pour modifier la constitution et prolonger son bail indéfiniment. Il est le fils de son père.
Au Bénin, Patrice Talon s’était engagé publiquement et solennellement à ne pas briguer un 3ème mandat et à transmettre le pouvoir à la fin de son second mandat en 2026. C’était à l’occasion du sommet citoyen ouest-africain sur la bonne gouvernance, l’alternance et la démocratie tenu à Cotonou en juillet 2021. Au Nigeria, Muhammadu Buhari a réitéré son engagement de se retirer du pouvoir en 2023. Tout au nord, au Burkina Faso, Roch Marc Christian Kaboré va partir aussi à la fin de son second mandat en 2025.
Faure Gnassingbé qui a succédé à son père dans un bain de sang en 2005, était au pouvoir avant l’avènement de tous ses pairs actuels de la CEDEAO. Un à un, tous prennent leur retraite politique et Faure Gnassingbé, lui, s’arc-boute de toutes ses forces au trône. De fait, les Gnassingbé ont transformé le Togo en « un ilot de dictature dans un océan de démocratie ». Depuis 54 ans que cette dynastie règne sur ce p’tit pays coincé entre le Bénin et le Ghana.
Médard Amétépé
Liberté Togo
Source : 27Avril.com