Le vendredi 19 janvier 2018, après l’évacuation du vice-président Mahamudu Bawumia au Royaume-Uni pour des soins, elle a contraint le gouvernement à se prononcer sur ce transfert qui n’a visiblement pas été du goût de la population.
Le vice-ministre ghanéen de la Santé, Kingsley Aboagye-Gyadu et le ministre de l’Information, Mustapha Hamid, ont soutenu que le vice-président avait besoin d’un repos médical. Ce transfert, a affirmé le ministre Hamid, vise à l’éloigner des visiteurs qui pourraient le gêner durant sa période de convalescence.
Selon l’opinion publique, l’évacuation du vice-président remet en cause le système sanitaire ghanéen et souligne, le peu de confiance que le gouvernement place en la politique sanitaire qu’il conduit.
Le tollé général soulevé par cette hospitalisation à ‘’l’étranger’’, rappelle la récurrence de telles pratiques dans de nombreux pays africains.
En effet, plusieurs personnalités investies d’un mandat public sont régulièrement transportées, aux frais des contribuables, vers l’étranger pour y recevoir des soins.
Des exemples renversants
A l’instar du vice-président ghanéen, plusieurs hauts dirigeants africains ont opté pour des soins en Occident.
En février 2014, le président ivoirien Alassane Ouattara a choisi l’hôpital américain de Neuilly en France pour se faire opérer d’une sciatique.
En 2016, le président malien Ibrahim Boubacar Kéita (IBK) se fut opérer également à l’hôpital militaire Bégin à Saint-Mandé (Val-de-Marne), en région parisienne.
On peut également citer le président nigérian Muhammadu Buhari qui a pratiquement passé six mois, en 2017, à Londres pour des soins.
Mais bien avant eux, le président algérien Abdelaziz Bouteflika avait successivement séjourné en 2013 à l’hôpital militaire Val-de-Grâce, à l’hôpital national des invalides pour une rééducation avant de retourner en France, précisément à Grenoble en 2015 pour un contrôle médical.
Faut-il citer le cas du président Paul Biya qui se soignerait ‘’exclusivement’’ à Genève ?
D’autres chefs d’état africains ont perdu la vie dans les hôpitaux occidentaux, loin de leur peuple. Citons par exemple, le zambien Levy Mwanassa, décédé à Paris en 2008, le président éthiopien Meles Zenawi mort à Bruxelles en 2012 et le chef d’état zambien, Michael Sata décédé en 2014 à Londres.
La nécessaire rupture
Les populations accepteront-elles indéfiniment que leurs impôts servent à soigner leurs dirigeants à l’étranger ? Alors qu’elles sont quotidiennement obligées de côtoyer des centres de santé désaffectés, qui sont en réalité des ‘’mouroirs’’, resteront-elles passives face à l’injustice que leur font subir leurs dirigeants ? Pas si sûr, car l’éveil des consciences des peuples est de plus en plus visible.
Le départ vers l’occident pour des soins, montre l’échec de la politique sanitaire pensée et mise en œuvre dans nos pays. Mieux, elle est ressentie comme une injure aux docteurs formés pendant près de 10 ans dans les universités africaines et européennes.
C’est à ce niveau que devront intervenir ceux que le peuple choisit pour défendre ses intérêts. En un mot, les pouvoirs publics devraient songer à améliorer les plateaux techniques, doter nos pays de centres ultra-modernes pour la prise en charge totale des malades.
Pourquoi les parlementaires n’initieraient-ils pas des propositions de loi interdisant aux autorités choisies par les électeurs, de se faire soigner à l’étranger ? Une telle loi aurait pour mérite de contraindre ces derniers à investir davantage dans le domaine de la santé et de rendre compte au peuple.
L’initiative de l’opinion publique ghanéenne devrait être perçue comme le signe d’un ras-le-bol des peuples qui veulent que les impôts et taxes qu’ils déversent à l’Etat, servent à améliorer leur quotidien, notamment le système de santé, qui prend en compte la mise en œuvre d’une politique de sécurité sociale efficace.
Source : www.cameroonweb.com