Gestion scabreuse des agents enquêteurs agricoles : Vers une campagne bâclée et des risques de retrait des partenaires

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Gestion scabreuse des agents enquêteurs agricoles : Vers une campagne bâclée et des risques de retrait des partenaires


Ils sont 211 répartis sur tout le territoire national. Eux, ce sont agents enquêteurs agricoles contractuels chargés de collecter toutes les informations dans un Système Permanent d’Enquête (SPE) auprès des exploitants agricoles et sur les marchés ruraux sur toute l’étendue du territoire national.

Le Système Permanent d’Enquête (SPE), pour lequel les agents enquêteurs agricoles sont recrutés, toujours financé par le gouvernement et ses partenaires, est une opération de collecte des données statistiques postérieures au Recensement national de l’Agriculture (RNA), permettant au Ministère de l’Agriculture de l’Elevage et de la Pêche (MAEP), d’avoir un dispositif intégré de collecte et de suivi des campagnes agricoles et de l’élevage capable de fournir des informations fiables, riches et variées sur le secteur agro-pastoral.

Le travail des agents enquêteurs consiste à : Interviewer les chefs d’exploitations agricoles et les responsables des parcelles ; mesurer les parcelles à l’aide du GPS ; poser les carrés de densité et de rendement ; effectuer les récoltes dans les carrés de rendement ; procéder à l’inventaire du cheptel ; consigner les résultats sur les questionnaires sur le terrain avec pour objectifs de permettre la conception, la mise en œuvre, le suivi de projets et programmes de développement du secteur rural ; contribuer au calcul du PIB national dont l’agriculture occupe 40%.

Vu le caractère complexe de l’opération, l’agent enquêteur doit être en contact permanent avec les exploitants agricoles pendant toute la période que dure la campagne agricole.

Depuis quelque temps, ces agents placés sous la Direction des Statistiques Agricoles de l’Informatique et de la Documentation (DSID) sont inconsolables au quotidien.

« Les conditions du travail sont très précaires. Pas de couverture sociale pour les cas de maladies ni accidents professionnels, non déclaration à la Caisse Nationale de Sécurité Sociale (CNSS). Ce qui prouve le caractère d’insécurité, d’instabilité et de précarité du travail. Les nombreux cas de décès, d’accidents professionnels, de maladies sont à la charge des agents eux même, de leurs familles ou de leurs proches », révèle-t-on.

Chaque agent a en moyenne, une dizaine d’exploitants

Les agents enquêteurs agricoles contractuels à l’unanimité dans les cinq (05) régions, exigent sous forme de pétition adressées au Directeur Komi Djeguema de la DSID ;

– La signature d’un Contrat à Durée Indéterminée (CDI) de douze (12) mois ;
– Rémunération mensuelle de cent cinquante milles (150 000) francs cfa payable à temps ;
– Couverture sociale maladies et accidents professionnels ;
– Déclaration à la CNSS ou la CRT ;
– Dotation mensuelle de cinquante (50) litres de carburant ;
– Frais d’entretien mensuel des engins (motos) à dix mille (10 000) francs cfa ;
– Mettre à disposition de tous les agents une copie des contrats dûment signés par toutes les parties ;
– Notifier les invitations aux agents enquêteurs soixante-douze (72) heures avant, pour tout déplacement en région ;
– Allocation de primes de déplacement, d’hébergement et de restauration.

Comme réponse au mouvement, après deux séries de discussions avec les délégués des agents enquêteurs et avec les membres du comité de suivi mis en place par le directeur en personne, la direction propose aux agents : SPE1 (grande saison) : deux (02) mois pour toutes les cinq (05) régions ; dotation carburant : 30 litres ; frais de réparation des motos : cinq (05) milles francs cfa par agent par rapport à l’opération ; Mini Recensement National de l’Agriculture (RNA) : un mois et demi pour tous ; SPE2 ‘petite saison) : deux (02) mois pour les régions Maritime et Plateaux ; dotations carburant : 30 litres ; projet Café- Cacao pour les régions des Plateaux et Centrale ; agropoles pour les régions de Kara et Savanes ; avec une promesse que les discussions se poursuivent de façon permanente avec le comité de suivi de négociation. Mais apparemment, rien n’a bougé.

Les agents ont réitéré leurs doléances suite aux messages d’intimidation et de pression. Message par sms et whatsapp dans lesquels, le Directeur a même donné la date butoir du 28 juin 2018 aux agents pour la signature des contrats d’un mois et demi. Passé ce délai, il rendra compte au Ministre pour voir les mesures à prendre.

La direction pour sa part initie une mission avec son Chef du personnel qui a sillonné toutes les cinq (05) régions administratives dans le but de rencontrer toute la base pour amener les agents à accepter signer le contrat contesté. Cette mission aussi s’est soldée par un boycott général du fait que la base a constaté le refus du Directeur de discuter avec leur centrale syndicale(STT), seule condition pouvant décrisper la situation.

Il faut noter que sur la liste des propositions de la direction, mis à part le Système Permanent d’Enquête (SPE), qui normalement doit occuper les agents durant toute la campagne agricole est réduite à deux (02) mois, pour la grande saison et deux (02) mois pour la petite saison, pour les régions Maritime et Plateaux. Par contre, pour régions Centrale, Kara et des Savanes, la même campagne agricole ne couvre que deux (02) mois non renouvelables.

Aujourd’hui, la situation est intenable. Pour une campagne censée démarrer le 1er juin pour finir hier 15 juillet, rien n’a commencé du fait du mouvement.

Malgré les intimidations des agents qui estiment que le Directeur opère à la DSID comme son épicerie, le bras de fer continue. Joint par la Rédaction, M. Djeguema affirme que «l’enquête ne couvre pas une saison. C’est ce qui se fait même aux Etats Unis. Il ne s’agit pas d’une simple réclamation. Ces gens veulent me déstabiliser. Pour les motos, ils ont 10.000 F pour la réparation », a-til déclaré. Jusqu’où iront les deux parties ? Des enquêtes biaisées dans ce cas de figure ne sont pas loin au regard du désordre managérial en cours ainsi que les risques de retrait des partenaires. Pourtant, l’atelier d’Atakpamé tenu du 31 janvier au 1er février 2018 avait recommandé la prolongation de la durée du contrat sur toute la saison au plus tard avril 2018.

K.A.

Source : www.icilome.com