Les événements de ces derniers jours renseignent que les méthodes voyous érigées en système de gouvernance par les dirigeants togolais ne peuvent être transportées au-delà des frontières togolaises. Visiblement, la jungle nommée « Togo » a d’étranges particularités, caractéristiques d’un système entretenu par des hors-la-loi qui veulent étendre leurs tentacules partout. Leur dernier fait d’arme remonte au 1er janvier dernier où, prenant en chasse un citoyen togolais pour ses convictions politiques, ils ont violé la souveraineté du voisin de l’ouest, voulant poursuivre leur « proie » jusque dans son dernier retranchement.
La dictature cinquantenaire qui régente le Togo est habituée aux violations répétées des droits de l’Homme, même les plus élémentaires. Chaque jour que Dieu fait, des pauvres et honnêtes citoyens sont pourchassés, bastonnés voire tués à cause de l’instinct de conversation du pouvoir.
C’est ainsi que le nommé Saïbou Wakilou s’est retrouvé dans le viseur de la Gestapo locale, pour avoir été l’un des artisans du boycott massif par le peuple togolais des élections législatives du 20 décembre dernier, une parodie qui continue de laisser des observateurs sans voix. Ce militant de l’opposition, notamment de la Coalition des 14 partis de l’opposition, a dû trouver refuge à Amakou, une localité ghanéenne. Mais des hommes armés, à la solde du régime de Faure Gnassingbé, ne voulant pas accepter leur échec, ont poursuivi Saïbou Walikou jusque dans ce village de l’autre côté de la frontière.
Voici donc les faits tels que racontés par les témoins : « Le jeudi 27 décembre, des individus non identifiés et suspects étaient dans ladite localité faisant la ronde et demandant des renseignements au sein de la population concernant les réfugiés togolais. Ces questions ont intrigué les personnes interrogées qui ont aussitôt alerté la police de DJASSIKA. Les autorités policières prirent cette affaire au sérieux et donnèrent des consignes à la population de tout faire pour arrêter ces intrus si jamais ils revenaient dans la localité.
C’est ainsi que ce 1er janvier 2019, alors que la population d’AMAKOU fêtait paisiblement le nouvel an, aux environs de 9 heures, un commando composé de 8 éléments débarquèrent à la recherche du fugitif Saïbou Wakilou. Avec une photo de ce dernier, ils firent irruption dans une maison d’un nommé BASSIROU qui séchait tranquillement son café dans sa cour. Ils mirent la main sur le pauvre paysan, croyant détenir la personne recherchée. Ce dernier mis à terre et aussitôt menotté comprît le danger et se mit à hurler au secours. Alertée, la population d’AMAKOU vint rapidement au secours de la victime et réussit très vite la neutralisation de trois individus, armés de pistolets, parmi le commando, dont les cinq autres réussirent à prendre la fuite. Alertée, la police vint à son tour pour faire le constat des faits et embarqua les trois agresseurs et leur victime, destination le poste de commissariat de DJASSIKA. Interrogés, les trois suspects reconnurent les faits et firent des aveux selon lesquels ils auraient été envoyés par les autorités togolaises par l’intermédiaire du Commandant de Brigade (CB) du village voisin du Togo appelé ODOMI ABRA, village (près de Badou) de la préfecture de Wawa. Sommés par les autorités ghanéennes de remettre la clé des menottes, les suspects indiquèrent que la clé se trouvait avec un de leurs collègues ayant pris la fuite. Le CB de ODOMI ABRA joint et convoqué par les autorités ghanéennes, s’empressa de ramener la clé des menottes, permettant ainsi de défaire la victime de ses menottes ».
Cette tentative d’enlèvement qui ressemble plus à des méthodes de gangsters est largement commentée par les médias ghanéens qui s’indignent du comportement des autorités togolaises. C’est tout de même incroyable que, dans leur folie meurtrière, le régime togolais et ses hommes armés soient allés jusqu’à fouler au pied la souveraineté d’un Etat, en s’introduisant sur le territoire avec des armes, pour kidnapper un individu. N’eut été la vigilance et la promptitude de la population d’Amakou (Ghana), ces hors-la-loi auraient embarqué une personne innocente qui n’est même pas celle qu’ils pourchassaient. Une triste réalité pour un pays comme le Togo dont les dirigeants n’ont aucun respect pour les droits et les libertés des citoyens.
Retour sur les élucubrations de Yark Damehame
« Le Togo n’est pas une colonie du Ghana », avait pesté le ministre togolais de la Sécurité et de la Protection civile, le Général Yark Damehame lorsqu’il s’était agi de transporter le président du parti Les Démocrates, Nicodème Habia au Ghana pour recevoir des soins appropriés à la suite de sa grève de la faim qui le dépouillait de sa force. En effet, soucieuses de l’état de santé dégradant de ce membre de la Coalition des 14 partis de l’opposition, les autorités ghanéennes ont affrété un avion spécial à Lomé pour l’évacuation sanitaire du gréviste. Mais les dirigeants togolais ont refusé l’atterrissage à l’appareil qui était retourné au Ghana. Dans ses tentatives de justifier ce refus, Yark Damehame a fait savoir que le Togo est un Etat souverain qui ne peut se plier aux desiderata d’un autre pays comme le Ghana.
Sur le point de vue relations internationales, ce ministre n’a pas tort. Cependant, le Ghana, comme se le demandent de nombreux observateurs, est-il un canton ou une préfecture du Togo ? Le ministre de la Sécurité et de la Protection civile, le seul qui connaît les secrets des enquêtes au Togo pourrait peut-être avoir la réponse à cette question. Sinon, c’est quand même extraordinaire de voir des individus à la solde du régime togolais, lourdement armés, franchir la frontière entre le Togo et le Ghana, rentrer dans une maison et commencer par tabasser le propriétaire (qui n’est même pas la personne qu’ils cherchaient) sans autre forme de procès.
Pour un gouvernement qui se respecte, il devait y avoir un peu de retenue dans ces méthodes voyous. Surtout que ces miliciens savent qu’ils sont dans un territoire autre que le Togo, pour avoir garé leurs motos à la frontière et l’avoir traversée, à la poursuite de leur « gibier ». D’ailleurs, dans une récente sortie, Yark Damehame n’a-t-il pas déclaré qu’il poursuivra les militants de l’opposition jusque dans leur dernier retranchement, même au-delà des frontières s’il le faut ? Cet acte, pour le moins honteux (puisque ces miliciens ont été neutralisés comme de vulgaires bandits de grand chemin par la population d’Amakou) participe à la mise en œuvre de ces menaces.
Il ne pouvait pas en être autrement, puisqu’ici (dans le royaume des Gnassingbé) le principe de violation de domicile privé ne dit rien aux partisans de ces actes d’un autre siècle. Le fait de jeter leur dévolu sur un innocent à Amakou est caractéristique des actes barbares que commettent ces miliciens en uniforme qui pourchassent les paisibles citoyens, rentrent dans les maisons, tirent des grenades lacrymogènes et des balles réelles dans leurs chambres à coucher, bastonnent tout ce qui bouge, même les vieillards, les enfants et les femmes enceintes…
Ces miliciens, gardiens du temple RPT/UNIR, ont tout simplement transporté leurs méthodes brutes sur une terre où ils avaient le malheur de rencontrer le vent de la démocratie, des libertés publiques et des droits humains qui a eu raison d’eux. Le Togo n’est pas une colonie du Ghana. De la même manière, le pays de Nana Akufo-Addo ne peut être une terre de prospérité pour les hors-la-loi togolais qui ne respectent rien.
Ces miliciens habillés en militaires arrêtés au Ghana devraient passer devant les tribunaux de ce pays et être jugés pour leurs forfaitures. Mais aux dernières nouvelles, on apprend que les autorités togolaises pour qui ils travaillent, font les pieds et les mains pour qu’ils soient libérés.
Source : www.icilome.com