Du côté de l’usine chinoise, c’est le silence médiatique. Aucun représentant ne s’est déplacé pour cette première audience, et l’avocat de la défense refuse de s’exprimer auprès de la presse. Les plaignants, eux, étaient bien là. Buba Touray est le secrétaire général d’une des associations de défense de l’environnement. « Ils ont un tuyau relié à l’usine, témoigne-t-il, et ils déversent leurs déchets directement dans le lagon et dans la mer. On a découvert que les habitants développaient des maladies de peau et des problèmes aux yeux quand ils se baignaient dans ces eaux. »
Outre le bien-être des habitants, Badara Bajo s’inquiète aussi pour la sauvegarde de la réserve naturelle de Gunjur, alors que la région vit essentiellement de la pêche et du tourisme : « Cela a causé la destruction d’une partie de l’écosystème aquatique. Jusqu’à présent, on n’avait jamais vu une telle pollution. Et cela sent mauvais ! »
Un dossier délicat alors que le nouveau gouvernement gambien tente de renforcer les relations avec la Chine, et fait les yeux doux aux investisseurs.
Mais pour l’avocat des plaignants Lamin Mboge, l’usine doit fermer : « Nous avons des preuves photographiques et nous avons des preuves physiques, sur le terrain. Nous demandons à la cour de fermer définitivement l’usine. Et nous demandons 10 millions de dalasis (environ 180 000 euros) pour blessures et atteinte à l’environnement. »
La juge se prononcera dans deux semaines sur la demande de fermeture temporaire de l’usine le temps du procès. Puis entendra les parties prenantes sur le fond du dossier.
Le chargé de communication chinois indique que l’ambassade est au courant de ces activités, et que tout citoyen chinois doit bien entendu respecter les lois gambiennes; que les liens entre la Chine et l’Afrique en général, s’ils se renforcent, ne doivent pas se faire au détriment de l’environnement.
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