C’est la confusion totale au Gabon où les populations sont vraiment sans nouvelle du président Ali Bongo Ondimba, hospitalisé depuis le 24 octobre à Riyad selon des sources officilles, et plutôt à Londres en Grande Bretagne où certaines sources relayées par les réseaux sociaux, notamment des partisans de l’opposition en exil, l’auraient vu débarquer jeudi d’un avion mis à sa disposition par le Prince héritier saoudien, Ben Salmane.
Alors qu’ils en sont à scruter le ciel -« la vérité vient d’en haut, la rumeur vient d’en bas », dit l’adage) d’où leur proviendra certainement la véritable information sur les derniers développements de la santé du président, étant entendu la dissonance des nouvelles qui annoncent tantôt un « Ali Bongo mort », tantôt un « président Bongo en train de recouvrer remarquablement », les Gabonais ont eu leur dose d’embrouille cet après-midi avec la diffusion sur les réseaux sociaux d’un discours de l’opposant Jean Ping, candidat malheureux à l’élection présidentielle de 2016, appelant appelle au « rassemblement pour la reconstruction du pays », ajoutant de fait à l’embrouillamini qui s’est emparé du Gabon, voire de la sous région Afrique Centrale (Zone Cemac) depuis quelques jours.
Dans ce discours dont on a peine à saisir dans l’immédiat l’opportunité, l’homme politique qui n’a pas encore fait le deuil de sa « victoire volée » par Ali Bongo à l’issue de l’élection présidentielle d’il y a deux ans, apporte sa part à la confusion, en estimant qu’il est temps pour les partisans de l’opposition et du pouvoir qui se comportent depuis lors comme chiens et chats, « transcender leurs clivages, placer la Nation au-dessus de nos intérêts particuliers, ethniques et claniques. C’est en de telles circonstances que le devoir nous commande de mettre de côté les petits calculs politiciens pour se rassembler autour de l’idéal commun, le ciment qui fonde et instaure la Nation ». Mais si l’on croit à ce moment-là qu’il invite à tourner la page d’une élection présidentielle qui aura constitué une sorte de « diviseur commun » des Gabonais, c’est la suite qui détonne. Jean Ping déclare alors que ledit « idéal commun » a été clairement défini le 27 août 2016, lorsque les Gabonais l’ont « majoritairement élu par les urnes, avec pour objectif fondamental de les mettre à l’abri de la peur et du besoin ». Il ajoute : « La réalisation de cet ambitieux projet suppose que Tous nous nous accordions sur l’essentiel, c’est-à-dire la construction d’un Gabon moderne. Un Gabon résolument tourné vers le progrès, mais aujourd’hui, aussi et surtout un Gabon réconcilié avec lui-même ».
Du coup, des gens peu avisés croient déceler la trame de ce discours en manière d’agitation du chiffon rouge à la face du taureau.
Pour eux, Jean Ping ne peut parler ainsi que s’il a l’information vraie sur l’Etat de santé du locataire du « Palais du bord de mer » (périphrase pour désigner le palais présidentiel à Libreville). Celle-ci, déclinante selon la rumeur, aurait finalement abouti au grand saut. Et Jean Ping qui n’est pas n’importe qui, (ancien chef de la Diplomatie, puis Premier ministre de Bongo le père, et enfin Président de la Commission de l’Union Africaine avant de se reconvertir en opposant radical), aurait été mis au courant… Raison suffisante pour qu’il lance sa campagne électorale dans la perspective de l’élection présidentielle anticipée, puisque de toute façon, en cas de décès de Bongo le fils, ce n’est pas l’opposant arrivé en deuxième position à la présidentielle de 2016 qui lui succéderait. Un mécanisme constitutionnel prévoit un intérim assuré par le président du Sénat. Il est clairement stipulé par l’article 13 de la Constitution du Gabon :
« En cas de vacance de la présidence de la République pour quelques causes que ce soit, ou d’empêchement définitif de son titulaire constatés par la Cour Constitutionnelle (…), les fonctions du président de la République, à l’exception de celles prévues aux articles 18, 19 et 116, alinéa 1er, sont provisoirement exercées par le président du Sénat ou, en cas d’empêchement de celui-ci dûment constaté par la Cour Constitutionnelle (…), par le premier vice-président du Sénat »
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Sur la chaine youtube KOBOLO NEWS, on peut même lire le titre suivant : « Ali Bongo mort , Jean Ping S’adresse aux gabonais : l’heure est venue de récupérer notre victoire », accompagnant la vidéo du discours de l’opposant qui ne demande pourtant nulle part aux Gabonais de récupérer leur victoire. Pas plus qu’il n’évoque le décès du successeur de El hadj Omar Bongo.
Car c’est depuis vendredi qu’un discours de Jean Ping est annoncé au sujet de l’Etat de santé du président, et des observateurs avaient expliqué que ce discours de l’ancien proche collaborateur de Omar Bongo n’était qu’une stratégie de reprendre la main au sein de l’opposition gabonaise dont il s’est fait le chef de file au sortir de la présidentielle de 2016, mais qui dernièrement, lui conteste de plus en plus cette qualité depuis les législatives d’octobre.
Mais la rumeur n’en enfle pas moins. « Ali est mort !», crie-t-elle, sans convaincre personne pour autant.
En réplique, interrogé samedi soir par Radio France internationale (RFI) le ministre de la Communication et porte parole du gouvernement, Guy-Bertrand Mapangou se veut plus que jamais rassurant et exclue toute éventualité d’une vacance du pouvoir. Le Chef de l’Etat Ali Bongo se remet progressivement de sa « fatigue sévère » à Riyad en Arabie Saoudite.
Mais comme on dit, il n’y a pas de fumée sans feu. Les porte-parole de la présidence et du gouvernement gabonais, Ike Ngouoni Aila Oyouomi et Guy-Bertrand Mapangou, ont du pain sur la planche. Décidément.
Ndam Njoya Nzoméné
Source : www.cameroonweb.com