La révision de la Constitution voulue par le chef de l’Etat rejoint le projet porté par son homologue togolais.
Au moment où Faure Gnassingbé essuie de nombreuses manifestations liées à ses velléités de modifier la Constitution dans son pays, Ali Bongo a entrepris de lancer un projet similaire conformément aux résolutions du dialogue national organisé par le pouvoir entre mars et mai dernier. Malgré quelques variantes, l’objectif demeure identique à celui de son homologue togolais : renforcer les prérogatives présidentielles tout en bénéficiant d’une absence de limitation de mandat. D’une durée de sept ans dans le cas gabonais. Malgré la levée de bouclier que cette initiative a soulevée chez ses opposants, Ali Bongo bénéficie de l’appareil d’Etat pour mener cette réforme à son terme. L’armée lui reste acquise.
La Cour constitutionnelle censée valider ces modifications est sous le contrôle étroit de la présidence. Quant au Parti démocratique gabonais (PDFG), formation au pouvoir, il a été expurgé des principaux contempteurs du régime tels Alexandre Barro Chambrier ou l’ancien président de l’Assemblée nationale Guy nzouba ndama. Selon nos sources, Ali Bongo entend imposer cette nouvelle mouture par l’actuel Parlement, où le PDG est majoritaire (114 députés sur 120, et 75 sénateurs sur 102), juste avant les législatives de 2018 LC n°762).
Outre un nombre illimité de mandat, cette nouvelle mouture entend renforcer l’influence présidentielle au sein de la Cour constitutionnelle. Six de ses neuf membres seraient nommés par le chef de l’Etat : trois directement et trois autres membres nommés par le Conseil supérieur de la magistrature (CSM), cette instance étant dirigée par Ali Bongo himself. Enfin, le futur texte – s’il était approuvé – prévoit l’immunité aux anciens présidents. Léon Mba et Omar Bongo étant décédés, cet article est du « sur-mesure » pour le loca- taire du Palais du bord de mer. On n’est jamais trop prudent.
Divisés depuis plusieurs mois, les adver- saires du régime de Libreville tentent désormais de rebâtir leur unité perdue à partir de ce projet. Le Collectif Gabon démocratie, groupement d’associations de la société civile proche de Jean Ping, accuse le président gabonais de vouloir imposer « une monarchie absolue ». Vraiment ?
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