Par Fulbert Sassou ATTISSO, Coordinateur général de la campagne d’Agbéyomé Kodjo
Cette aspiration que caresse depuis des lustres le peuple togolais va enfin se réaliser. L’alternance sera au rendez-vous le 22 février 2020, par les urnes. Mgr Kpodzro a trouvé l’antidote contre l’enchantement sous lequel gît notre peuple, qui vit sous une dynastie autocratique depuis 53 ans. Le vieux prélat, fort de sa foi, dure comme une graine de sénevé, acquise de ses 60 ans de vie sacerdotale, a proposé aux acteurs de l’opposition togolaise une démarche qui renverse la tradition politique à laquelle ils sacrifient tous les cinq (5) ans face a l’élection présidentielle. Au lieu d’envoyer dans la bataille électorale le candidat du plus grand parti de l’opposition, il a privilégié d’autres critères qui, dans son inspiration, sont plus prégnants et fondamentaux dans le contexte du Togo pour favoriser le changement de régime par des élections. En réalité, le choix de Mgr Kpodzro pour la présidentielle de cette année, s’il rompt avec une mentalité ancrée dans l’opposition, monte en épingle une idée qui circule depuis quelque temps au Togo et en Afrique.
» Pourquoi l’opposition togolaise ne présenterait-elle pas, pour une fois, à l’élection présidentielle un ancien baron du régime reconverti en opposant? » Dans les contextes politiques similaires à celui du Togo, l’alternance s’est faite à travers cette formule : choisir comme candidat unique ou principal de l’opposition un ancien du régime décrié plutôt que l’opposant le plus populaire. Le choix de M. Agbéyomé Kodjo par Mgr Kpodzro à l’issue de la dynamique que ce dernier a conduite pendant des mois avec plusieurs organisations de l’opposition répond à l’aggiornamento politique qui a permis au Sénégal, au Burkina- Faso et à d’autres pays dans lesquels le pouvoir était confisqué de se sortir d’affaire.
Les protestations suscitées par le choix de M. Agbéyomé Kodjo par Mgr Fanoko Kpodzro sont la preuve qu’une tradition a été bousculée, que des habitudes lointaines ont été touchées. Or les sociétés humaines sont hostiles aux changements d’habitudes et de pratiques, même si elles ont fait le constat que les vieilles habitudes ne les font pas avancer. Une chose au moins est certaine aujourd’hui, toutes les fois que les principaux partis de l’opposition ont soutenu dans la course à l’élection présidentielle l’opposant bon teint, le leader dont le parti est le mieux implanté, l’aventure à tourné court. 1998, 2003, 2005, 2010, 2015, toutes ces expériences malheureuses d’échecs à répétitions, avec la même formule, ne suffisent-elles pas pour nous faire comprendre que nous devons reformuler nos choix, changer nos mentalités et nos habitudes ? Pourquoi persister dans une tradition éculée qui a fait la preuve de son inadéquation avec le contexte politique togolais ? Peut-on faire la même chose et espérer des résultats différents?
La pertinence de la formule de Mgr Kpodzro, qui a choisi un ancien collaborateur du régime RPT, sur le compte duquel on a mis des drames nationaux, réside dans le fait que le Togo se trouve dans une problématique de l’alternance par les urnes dont la résolution ne peut venir des « grands opposants ».
La réalisation de l’alternance nécessite des atouts qu’on ne peut retrouver que chez une catégorie bien précise d’opposants politiques. Ces pouvoirs dictatoriaux qui utilisent les moyens d’État, les réseaux internationaux et la relation avec les Etats puissants ont besoin d’être rassurés si jamais ils devraient envisager de passer la main. Pour les déboulonner, il faut disposer d’énormes moyens financiers et de relations de tous genres, toutes choses qui échappent aux opposants politiques classiques en Afrique. De plus, les acteurs de ces pouvoirs de dictature ont besoin de finir leurs courses dans la sécurité, sans aucune crainte de poursuite une fois qu’ils se retrouveront dans la peau du citoyen ordinaire.
M. Agbéyomé Kodjo, le candidat de Mgr Kpodzro répond à la caricature de ces anciens notables du Roi, qui connaissent les faiblesses du Palais royal et peuvent les utiliser pour supprimer la monarchie. Ce profil, il est indéniable qu’on ne pourrait pas le posséder sans qu’on ait offensé les autres. Toute la difficulté pour certains Togolais à accepter le choix du prélat s’explique par le passé de M. Agbéyomé Kodjo et certains événements douloureux qu’on lui attribue à tort ou a raison. Au demeurant, c’est sa participation au régime RPT qui lui a permis d’avoir été Premier ministre, Président de l’Assemblée nationale, et donc de pouvoir entrer dans le schéma des défaiseurs de Rois. Le dilemme est entier !
L’alternance est une nécessité en cette année 2020. Pour ce faire, nous devons nous faire violence pour accepter le renouveau que propose Mgr Kpodzro. Nous devons faire confiance à ce prélat et le suivre dans cette oeuvre de foi qu’il a acceptée, en dépit de son âge, de faire avec le peuple togolais. Sa mission est celle du Maître qui demande au pêcheur, exaspéré par une pêche infructueuse pendant toute la nuit, de jeter à nouveau le filet. Pourquoi l’opposition qui recherche l’alternance depuis 30 ans, étreinte par l’exaspération, refuserait-elle de suivre Mgr Kpodzro qui lui demande d’essayer encore, mais cette fois en désignant Agbéyomé Kodjo pour jeter le filet.
En définitive, qui ne reproche pas à M. Agbéyomé Kodjo sa participation au régime qui opprime les Togolais et les Togolaises depuis tant d’années ? Que valent ses réprobations devant l’intérêt du Togo? Nous dirons simplement » que celui qui n’a jamais péché lance le premier la pierre. » Il est aujourd’hui évident que si tout le monde, y compris les candidats les plus forts de l’ opposition, rallie M. Agbéyomé Kodjo, nous parviendrons à faire l’alternance le 22 février 2020. Alors que faire ?
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Source : icilome.com