Le championnat national de football de 1ère division saison 2018-2019 tire pratiquement à sa fin. Encore deux journées à jouer et cette édition appartiendra à l’histoire. Malheureusement, elle aura été marquée par des hauts, mais aussi et surtout des bas. L’une des affaires rocambolesques qui pourrait créer un précèdent dangereux dans le football togolais, déjà en proie à d’énormes difficultés, est le différend oppose les clubs ASCK et Anges de Notsè avec au cœur du litige, le joueur AYO David Oden.
La commission de discipline de la FTF a tranché l’affaire, comme nous le soulignions dans notre édition N°2896 du 8 avril 2019. D’après cette décision dont nous nous sommes procuré une copie, ASCK a été simplement débouté. Les responsables des Anges de Notsè ont, dans la foulée, introduit une plainte contre le 1er Vice-président de la FTF, M. Amah Marcelin également président d’honneur de l’Association des Conducteurs de la Kozah (ASCK) pour menace, chantage, trafic d’influence et autres formes de pression sur la personne du président des Anges, M. Mensah Djovakpo. Seulement, des voix s’élèvent dans la famille du football togolais pour se plaindre des agissements peu recommandables du 1er Vice-président de la FTF qui, normalement se devait d’être exemplaire à tout égard. Certains vont jusqu’à demander sa démission ou sa mise à l’écart, puisqu’il risque, in fine, selon eux, de plomber la mandature du Col Guy Akpovy, qui s’applique à donner un nouvel élan au football togolais.
Un recours fantaisiste rejeté
Le 29 mars 2019, la Commission de discipline de la FTF a rendu sa décision dans le différend opposant les clubs ASCK et Anges à l’issue d’une procédure qui a amené à l’audition de toutes les parties concernées. En effet, le club des conducteurs de la Kozah avait introduit devant cette instance une demande d’évocation sur la participation du joueur AYO David Oden de Anges FC pour enregistrement auprès de deux associations nationales.
Dans sa décision N°013/2018-2019/CD/FTF, la Commission de discipline de la FTF présidée par Me N’Djelle Abby Edah a, après avoir exposé les motifs, visé les textes en vigueur avant de trancher en défaveur de l’ASCK, puisque la partie défenderesse est parvenue à prouver qu’elle détenait la paternité du joueur en question. « Considérant que par lettre en date de 06 mars 2019, le club ASCK a introduit une demande d’évocation du match ASCK Vs ANGES FC, joué le 3 mars 2019, au motif que le joueur de ANGES FC AYO David Oden, de nationalité nigériane, qui a pris part à ce match, est simultanément sous contrat avec ANGES FC et le Club SAVALOU du Bénin : qu’il est ainsi enregistré auprès de la Fédération béninoise de football sous le numéro de licence BEN933053915… », lit-on dans la décision. En clair, c’est sur ce fondement que le club de l’ASCK s’est basé sur introduire son recours.
Mais après avoir écouté toutes les parties et exigé des pièces complémentaires pour la manifestation de la vérité, la Commission a premièrement démontré que le Certificat international de transfert détenu par Savalou FC est fort contestable. « Qu’il est principalement contesté le CIT détenu par SAVALOU et qui notamment délivré par la Fédération nigériane de Football alors que le joueur est enregistré auprès de la Fédération togolaise de football, ce qui à leur yeux constitue une infraction grave commise, par le club béninois vis-à-vis des règles universelles régissant les transferts internationaux, et qui entache la validité de cette procédure de recrutement du jouer AYO David Oden…1-Considérant qu’aux termes de l’article 61 des Règlements « un joueur enregistré auprès d’une fédération étrangère ne peut être enregistré à la FTF que lorsque celle-ci a reçu le Certificat international de transfert (CIT) établi par l’ancienne fédération : 2- toutefois , en l’absence de réponse de la part de la fédération requise dans un délai de 30 jours, la FTF enregistre immédiatement , à titre provisoire, le joueur auprès du nouveau club. L’enregistrement provisoire deviendra définitif un an après la date de demande de CIT », renseigne la décision.
La commission souligne par ailleurs que par lettre en date du 25 mars 2019, le Club ANGES FC a produit une copie de la lettre datée du 1er octobre 2016 par laquelle il introduisait au profit du joueur mis en cause une demande officielle du CIT, que cette demande a été formellement envoyée par la FTF à la « Nigerian football fedération » par courrier LT116-352/CE-SG/FTF du 05 octobre 2016.
Elle soutient que le club de l’ASKC ne peut pas évoquer les vices constatés au niveau du contrat détenu par SAVALOU FC pour demander une évocation. Après avoir visé un chapelet d’articles des Règlements généraux de la FTF, la Commission de discipline a affirmé qu’on ne saurait imputer de faute au Club ANGES qui est propriétaire légal du joueur. Par conséquent, aucune incidence sur le match joué car il n’y a eu aucune fraude en l’espèce.
M. Amah Marcelin, à la barre !
S’il faut apprécier à sa juste valeur la décision impartiale et bien motivée prise par la commission de discipline, il faut également souligner qu’elle a eu le mérite et le courage d’avoir résisté aux pressions venant notamment du 1er Vice-président de la FTF, M. Amah Marcelin, également président d’honneur de l’ASCK qui s’est personnellement approprié ce dossier. On lui reproche d’avoir usé des manœuvres peu orthodoxes, notamment de chantage pour faire retirer des points au club de Notsè. Au lendemain de cette décision, le Président des ANGES a déposé une plainte pour dénoncer les pressions dont il a été victime. Dans ce document de deux pages qui est en notre possession décrit les coulisses de cette scabreuse affaire et épingle son adversaire.
« Après le match ASCK vs ANGES joué le 3 mars 2019 et soldé par la victoire de ANGES FC, une évocation contre le joueur AYO David Oden de ANGES FC a été adressé par l’ASCK à la Commission de discipline. Avant notre convocation, et notre audition par la commission de discipline de la FTF le 22 mars 2019, le Président par intérim des ANGES FC, M. Mensah Djovakpo a fait l’objet de menace, de chantage, de trafic d’influence et de pression de la part de M. Amah Aklisso Marcelin. Effet, le samedi 16 mars 2019, alors que j’étais à un enterrement au Bénin, M. Amah Aklisso Marcelin a tenté de me joindre par 3 fois de suite et je verrai l’appel plus tard. Le dimanche 17 mars 2019, à mon retour, à Notsè, il m’a rappelé et dit souhaité venir me voir à Notsè. Qu’il a besoin de moi. Je lui ai répondu que j’allais être à Lomé le lendemain et qu’à mon arrivée, je lui ferai signe », raconte le Président des ANGES.
Il révèle qu’il recevra encore d’autres coups de fil de la part de M. Amah Marcelin qui a souhaité avoir avec lui un tête-à tête entre présidents de club. C’était donc le lundi 18 mars. La rencontre aura finalement lieu aux environs de 17 heures. « A mon arrivée, curieusement et à ma grande surprise, il était entouré de messieurs Eric Fagla, Jean Marie Eloh et Claude Djaoukpe », indique le plaignant dans sa lettre. « Après m’avoir souhaité la bienvenue, il dit : « Tu veux le titre ou le maintien ? Si tu acceptes jouer le maintien, alors il faudra donner à ASCK les 3 points de l’évocation contre le joueur de ANGES FC, AYO David Oden . Je vous aiderais à jouer le maintien. Je sais comment procéder à la Fédération. « Comment allez-vous procéder pour avoir les trois (03) points sans que les autres ne soient au courant ? », lui ai-je demandé. En réponse, il dit : Je sais comment procéder ici à la Fédération ». Je lui ai dit que je ne suis pas un président élu et que je ne suis qu’un fils de Notsè que les aînés ont mis à la tête du club. Alors excusez-moi de ne pas pouvoir trahir et vendre le club à un club des chauffeurs. Je ne suis ni démarcheur ni demandeur… », poursuit-il dans sa plainte.
Lorsque nous avions contacté M. Amah Marcelin concernant ces graves allégations, il n’a pas nié la tenue de cette réunion. Mais pour lui, c’était le président des Anges qui était plutôt demandeur de la rencontre et qu’il sollicitait plutôt son aide pour le dénouement de cette affaire. A l’en croire, il n’était pas aussi au pays quand on l’a informé que l’ASCK a déposé un recours à la FTF concernant le joueur en question. Il a essayé de se disculper sur toute la ligne, se faisant passer pour la victime dans l’affaire.
Malheureusement, d’autres acteurs du football se plaignent de l’attitude du 1er Vice-président de la FTF, M. Amah Marcelin qui nuit beaucoup plus au football national. Son obsession est de tout faire pour que son club ASCK soit champion à l’issue de cette saison. « Pour y parvenir, il est prêt à tout, même les coups bas les plus inimaginable », nous confie un président de club. « Dans la Commission d’homologation, il a placé seulement ses éléments. Il s’agit de lui-même AMAH Marcelin (président d’honneur et fondateur du club), Jean Marie Eloh, producteur d’images du club qu’on voit toujours dans les déplacements du club avec une caméra et ARE Paralli, Secrétaire général adjoint du club ASCK. Il est en train de faire le bébé au dos du Colonel en posant des actes susceptibles de nuire à son mandat afin qu’il ne soit pas reconduit et qu’il prenne sa place pour les échéances prochaines », renchérit un autre. Amah Marcelin est accusé d’avoir mis la majorité des arbitres sous sa coupe. D’ailleurs, il se dit qu’il n’est pas trop étranger à la fronde qui se mène contre le sélectionneur des Eperviers Claude le Roy, même si officiellement, il affiche un soutien « hypocrite ».
Pierre C.
Source : www.icilome.com