Dotées de cheveux courts et crépus, les femmes africaines et plus particulièrement, les togolaises, ne lésinent pas sur les moyens pour se faire belles aux yeux de la société. Certaines peuvent dépenser jusqu’à 12 000 F CFA (21,6 dollars), soit le tiers du Smig dans le pays, uniquement pour leur coiffure. Le défrisage, le tissage, la tresse… sont les styles qu’elles adorent.
Les moyens financiers mis en jeu par les Togolaises pour leurs coiffures en période de fêtes, varient et dépendent aussi de la classe sociale. Le facteur ‘salon’ de coiffure aussi n’est pas du tout à négliger. Le prix des mèches (1 300 F CFA, soit 2,3 dollars) sur le marché pour la tresse ne varie pas. Mais c’est le prix à payer aux tresseuses ou aux coiffeuses qui change en tenant compte des salons de coiffure. En moyenne, il faut débourser entre 5000 (9 dollars) et 7000 FCA (12,6 dollars) pour avoir une coiffure et fêter tranquillement. « En période de fête si je dois me rendre belle, c’est le tissage et c’est du naturel. Je dois garder à partir de 7 000 FCFA pour le tissage et 2000 FCFA (3,6 dollars) pour la coiffeuse. Mais si c’est la tresse simple avec 6 000 F CFA (10,8 dollars) c’est bon », affirme une jeune dame.
Pour véritablement se rendre compte de l’engouement des jeunes filles à se tresser, nous nous sommes rendus dans un salon de coiffure tenu par Dissirama, dans un quartier dit «Nouveau quartier » en banlieue nord de Lomé. Comme on pouvait s’y attendre, le prix de la coiffure augmente en période de fête. « Nous avons en moyenne entre 10 à 15 visites par jour entre le 22 et 31 décembre ». Avec toutes ces visites, il faut être assez rapide, avoir les mains habiles pour ne pas perdre les clients. « Nous travaillons parfois 24h/24 pendant ces périodes. C’est assez fatiguant, toutes veulent se faire belles, nous sommes en périodes de fêtes et c’est normale ».
Les hommes sont les principales sources de financement de ces coiffures en période fête. Clément, jeune commerçant au grand marché de Lomé, avoue débourser plus 20 000 FCA (36 dollars) pour juste payer la coiffure de sa femme et deux de ses petites sœurs.
Tradition respectée
Malgré les difficultés économiques, en périodes de fêtes de fin d’année, petites filles, femmes mariées et parfois certaines femmes âgées, mettent assez de moyens financiers pour ne pas être en marge de la société. Pour celles qui se tressent avec des mèches brésiliennes ou asiatiques, les tresses font 2 à 3 mois sur leurs têtes et cela dépend des moyens financiers. Au cours de l’année, certaines femmes font des tresses « rasta » qui peuvent durer quatre voire cinq mois. D’autres préfèrent le tissage qui consiste à « se faire coudre un modèle de chevelure préconçu sur la tête ». Cette option est choisie par celles qui estiment ne pas disposer assez de temps pour la tresse. Parfois se tresser peut prendre six à huit heures de temps.
L’État togolais, il y a près d’une décennie, a rendu obligatoire la coiffure chez les écolières. Pour éviter que ces dernières ne consacrent assez de moyens financiers et surtout du temps pour les tresses, elles doivent donc se coiffer au modèle des hommes « cheveux coupés jusqu’à en bas ».
Mais ces filles pour ne pas se marginaliser en période de fête, laissent pousser les cheveux pour se tresser à l’occasion des fêtes de fin d’année. « Ecoutez-moi je ne peux jamais passer surtout les périodes de fêtes sans me tresser, impossible », nous confie Adjoa Baku, élève en classe de terminal à Adetikope, un quartier de Lomé. « Je sais qu’au moins si mes parents ne me donne pas l’argent pour les tresses, mon petit ami le fera, juste pour cette année il m’a déjà remis 12 000 FCFA ».
Quel que soit le rang social, le revenu mensuel, les togolaises trouvent les moyens nécessaires pour se coiffer. Le Togo dispose d’une société de fabrication de mèches, ce qui rend la coiffure abordable aux femmes.
Par Aubin Koutele/afriqueorient.com
Source : www.icilome.com