FSA / Interview de Dr. Yves Ekoué Amaïzo : Existe-t-il une Troisième Voie au Togo? Le Peuple togolais est-il prêt ou résigné ?

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Emission « Fenêtre sur l’Afrique » sur la Radio Kanal K

Protocole d’Interview
Journaliste : M. Sylvain AMOS
Invité : Dr Yves Ekoué AMAÏZO
Coordonnateur général du Collectif pour la Vérité des Urnes¹
CVU-TOGO-DIASPORA
[email protected]
21 mars 2020

1. Docteur Yves Ekoué AMAIZO, dans un document de onze pages, intitulé « LA TROISIÈME VOIE, L’ALTERNANCE DU PEUPLE VICTIME », le Réseau de la Coordination de la Diaspora Togolaise Indépendante (RCDTI) et le Collectif pour la Vérité des Urnes Togo-Diaspora (CVU TOGO DIASPORA) peignent un tableau d’un climat pré et post électoral conflictuel. Dites-nous qu’est-ce qui fait la particularité dans le document ?

YEA : Je vous remercie pour l’invitation. Votre question demande un développement juridique et technique. Le fait d’ailleurs d’avoir sous-estimé ces éléments juridiques ont conduit ceux qui sont allés à cette élection présidentielle à légitimer le système Gnassingbé. Aussi, la particularité de ce document repose sur au moins trois sources d’illégalité que je présenterais sous forme d’un constat et d’une double conclusion.

# Le constat est simple : le Réseau de la Coordination de la Diaspora Togolaise Indépendante (RCDTI) et le Collectif pour la Vérité des Urnes Togo-Diaspora (CVU TOGO DIASPORA) ont conseillé aux responsables politiques togolais de l’opposition de ne pas aller à cette élection de la contrevérité des urnes et de respecter la volonté du Peuple togolais en demandant la suspension de l’élection présidentielle. L’objectif a été dû donner du temps pour organiser pour un fichier électoral fiable, le vote de tous et plus particulièrement de la Diaspora togolaise, la transparence du processus électoral, la légalité des institutions (CELI, CENI, Cour constitutionnelle) et enfin une publication des résultats électoraux basés sur un double comptage bureau de vote par bureau de vote avec affichage public au niveau des bureaux de vote. Malheureusement, tout le processus électoral n’était pas transparent. Certains responsables de partie politiques et de la société civile plus conscients de la gravité des conséquences à une telle participation électorale ont décidé de ne pas aller à ces élections. Le Peuple togolais a été trompé par tous ceux qui, de près ou de loin, ont collaboré avec les candidats malheureux à ces élections car le Togo a toujours eu un problème d’annonce unilatérale de résultats ne reflétant pas la vérité des urnes. Aller à ces élections, c’est s’exposer à renouveler les échecs du passé.

# La double conclusion est aussi simple : l’élection présidentielle du 22 février 2020 est illégale, anticonstitutionnelle sur la base de deux arguments juridiques et doit donc être annulée.

  • Le premier argument est le non-respect du Code électoral togolais. Dans une très grande majorité de bureau de vote au Togo, il n’a pas été possible de vérifier l’affichage des résultats bureau de vote par bureau de vote avec la signature réelle -et non falsifiée ou pré-imprimée- des délégués des tous les candidats présents comme le stipule le code électoral dans son article 101 alinéa 1 à 4 dont je vous rappelle le contenu :
    • Alinéa 1 : « Le Président du bureau de vote donne lecture, à haute voix, des résultats qui sont aussitôt affichés. Mention de ces résultats est portée au procès-verbal qui est clos par la signature des membres du bureau ;
    • Alinéa 2 : Les délégués des candidats présents sont invités à contresigner le procès-verbal.
    • Alinéa 3 : Le président délivre copie signée des résultats affichés au délégués des candidats.
    • Alinéa 4 : En cas d’absence d’un membre du bureau de vote, le président du bureau de vote saisit le président de la CELI en vue de son remplacement. Mention de ce remplacement est faite au procès-verbal
  • Le deuxième argument est l’anti-constitutionnalité de la Cour Constitutionnelle dans sa forme et sa procédure de Constitution, ce qui de facto annule sur le fond toutes décisions d’une Cour Constitutionnelle illégale et inapte donc à énoncer une décision engageant l’avenir du Peuple togolais. C’est un véritable abus de droit par l’organe censé dire le droit et qui malheureusement dit le « non-droit ». L’argument avancé est que selon l’article 100 de la Constitution togolaise (Version consolidée, à jour de la Loi constitutionnelle du 15 mai 2019 et de toutes les révisions constitutionnelles antérieures) stipule que :

« La Cour constitutionnelle est composée de neuf (09) membres de probité reconnue, désignés pour un mandat de six (06) ans renouvelable une seule fois.

    • Deux (2) sont désignés par le Président de la République dont un (01) en raison de ses compétences et de son expérience professionnelle en matière juridique et administrative.
    • Deux (02) sont élus par l’Assemblée nationale, en dehors des députés, à la majorité absolue de ses membres dont un (01) en raison de ses compétences et de son expérience professionnelle en matière juridique et administrative.
    • Deux (02) sont élus par le Sénat, en dehors des sénateurs, à majorité absolue de ses membres dont un (01) en raison de ses compétences et de son expérience professionnelle en matière juridique et administrative.
    • Un (01) magistrat ayant au moins quinze (15) ans d’ancienneté, élu par le Conseil supérieur de la magistrature.
    • Un (01) avocat élu par ses pairs et ayant au moins quinze (15) ans d’ancienneté.
    • Un (01) enseignant-chercheur en droit de rang A des universités publiques du Togo, élu par ses pairs et ayant au moins quinze (15) an d’ancienneté ».

Le problème est que le Togo n’a pas de Sénat et donc pas de Sénateurs, suite à un refus récurrent depuis 1992 du système autocratique en place, d’instaurer cet organe fondamental de la démocratie. De ce fait, l’actuelle Cour Constitutionnelle, censée dire le droit et proclamer la vérité des résultats électoraux issus des urnes, se retrouve avec 7 membres et non 9 comme le stipule la Constitution modifiée le 15 mai 2019, en raison d’un processus électoral organisé par le pouvoir de manière unilatérale, donc vicié depuis le début. Il n’est pas possible non plus de faire croire du fait de prendre des décisions uniquement à partir d’un quorum de 7 membres signifie que la Cour constitutionnelle est restée définitivement provisoire. Ce point est illégal et doit faire l’objet d’une jurisprudence. La Cour Constitutionnelle actuelle est bien illégale et toutes les décisions prises à ce jour doivent être invalidées et reconnues « nulles et non-avenues ». On ne souhaite plus aller devant des juridictions sous influence du système Gnassingbé, soit du fait des interférences d’argent ou ésotérique ou d’intérêts bien partagés.

Par ailleurs, l’article 92 de la Constitution Togolaise stipule que : « Les propositions ou projets de lois organiques sont soumis à la délibération et au vote de l’Assemblée nationale à l’expiration d’un délai de quinze jours après leur dépôt. Les lois organiques ne peuvent être promulguées qu’après la déclaration par la Cour Constitutionnelle de leur conformité à la Constitution ». Or, la Loi organique autorisant l’assermentation de la Cour Constitutionnelle actuelle n’a pas été soumise à la Cour Constitutionnelle, sortante, elle-même illégale, pour qu’elle confirme sa conformité à la Constitution. De ce fait, la Loi organique autorisant l’assermentation de la Cour Constitutionnelle actuelle est inconstitutionnelle car n’ayant pas de décret d’application issu par la Cour Constitutionnelle sortante. L’actuelle Cour Constitutionnelle pose donc des actes juridiques sans assermentation recevable et règlementaire. Ces actes illicites sont usurpatoires du Droit du Peuple togolais. Les décisions (les arrêts) de la Cour Constitutionnelle sont donc irrégulières et attaquables en droit. Elles doivent être annulées rétroactivement par le Peuple togolais.

Une Cour constitutionnelle composée de 7 membres au lieu de 9 est illégale, ce de manière institutionnalisée est une déviation entachée de vice en droit. Tous les actes de cette Cour sont entachés d’illégalité et sont donc illicites, ce de manière rétroactive. Comme La Cour Constitutionnelle actuelle est illégale et anticonstitutionnelle, elle ne saurait servir de fondement, encore moins garantir la transparence de l’annonce des résultats de l’élection présidentielle. La Cour constitutionnelle annonce la légalité de la contrevérité des urnes au Togo. La France du Président Emmanuel Macron ne peut en prendre acte et légitimer le statu quo. A moins que ?

2. Vous mentionnez clairement, éléments d’appréciations à l’appui, que les conditions actuelles couplées du comportement des organes supranationaux ne favorisent pas l’alternance pour laquelle le Peuple se bat depuis des décennies. Comment et pourquoi sommes-nous arrivés à ce point de complicité en défaveur du Peuple Togolais ?

YEA : Ce que vous appelez les organes supranationaux doit être précisé. S’il s’agit de la CEDEAO ou de l’association de certains chefs d’Etat comme ceux d’Afrique comme le Ghana, la Guinée, la Côte d’Ivoire qui soutiennent le système Gnassingbé avant le Peuple togolais, je pourrais vous comprendre. La réalité est que la France qui a pris acte de la contrevérité des urnes que l’Allemagne, de l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF), de l’Union africaine, des Nations Unies qui s’alignent sur un silence coupable. Seuls, les Etats-Unis ont choisi de constater qu’il n’y a aucune preuve permettant de confirmer un gagnant ou un perdant car le comptage à priori et à postériori n’a pas pu avoir lieu sur la base d’un refus unilatéral du système Gnassingbé.

Alors pourquoi autant de complicité entre le pouvoir et les opposants qu’il faut bien appeler opposants alimentaires, c’est que beaucoup de nos dirigeants sont dépendants du pouvoir Gnassingbé sous toutes ses formes, militaires, civiles et ésotériques. Certains sont de véritables chômeurs et n’ont pas le choix pour vivre et sont devenus des dépendants institutionnels du système Gnassingbé. De fait, certains de ces soi-disant opposants n’ont pas de mal pour s’afficher ouvertement du côté de la majorité présidentielle, il s’agit surtout des partis dis « centristes » et de nombreux opposants alimentaires qui ne disent pas toujours la vérité aux populations. Mais il y a aussi la turpitude d’une partie de la population togolaise qui est prête à se donner comme priorité l’argent au lieu des principes de vérités des urnes, de la justice et du rejet de l’impunité. Les chefs traditionnels, les femmes et hommes togolais qui parlent de paix en restant en l’esclavage du système Gnassingbé sont aussi très nombreux sans oublier les militaires et les juges iniques qui bénéficient de l’impunité et préfèrent s’aligner sur Faure Gnassingbé pour continuer à usurper et exploiter le Peuple togolais.

3. Selon le document, la dynamique conduite par Monseigneur KPODZRO aurait été émaillée d’irrégularités ayant empêché la pleine adhésion telle que souhaitée. Docteur Yves Ekoué AMAIZO, que reprochez-vous concrètement à l’approche de l’homme de Dieu ?

Je ne choisis pas les mêmes mots que vous. Monseigneur Philippe Fanoko Kpodzro a tout mon respect en tant qu’homme et pasteur de Dieu. Dans un livre collectif que j’ai dirigé et intitulé « L’Afrique est-elle incapable de s’unir », publié aux éditions l’Harmattan Paris en 2002 (664 pages), j’ai mis en valeur une citation de Mgr Kpodzro que je voudrais vous rappeler. Mgr Kpodzro a dit ceci : « On ne peut aimer l’Afrique aujourd’hui sans souffrir ». Aujourd’hui pour le cas du Togo, il faut dépasser ce constat. On peut aimer le Togo en évitant de souffrir aujourd’hui et demain en faisant condamner le système Gnassingbé togolais devant les juridictions africaine indépendantes. Je rappelle que j’ai gardé une copie de ce livre que je remettrais à Mgr Kpodzro lorsque je le rencontrerais en personne.

Il n’a rien fait d’irréguliers mais il a fait des erreurs stratégiques graves que je vais vous exposer. Je lui reproche de confondre sa fonction d’archevêque avec celui de citoyen togolais. En effet, lors qu’il est en campagne, il gagnerait à s’habiller en civil et non en ecclésiastique car il n’est pas en mission officielle pour Dieu mais en mission pour défendre son choix personnel. Donc, il faut accepter la volonté de Dieu et non la volonté de Monseigneur, ou celle de ceux qui soit trompent Monseigneur. Le temps arrive où le Peuple togolais va sortir de son esprit d’errements et d’hypocrisie. Car en confondant la légitimité et la légalité, les stratégies choisies de conquête du pouvoir ne peuvent se faire comme si le pouvoir Gnassingbé n’allait pas faire usage de son abus du pouvoir de légalité et imposer au Peuple togolaise une fausse légitimité.

Alors voici les cinq (5) éléments de la stratégie erronée de Mgr Kpodzro qui ne correspond pas à la volonté du Peuple togolais et ne peut conduire à une solution durable pour le Peuple togolais.

1er élément stratégique erroné : Mgr Kpodzro a peut-être oublié la sacro-sainte réalité de la séparation des pouvoirs entre l’Eglise et l’Etat. En tant que citoyen engagé, il a dans son droit le plus absolu de choisir et de défendre un candidat. Mais, je constate que le fait de profiter de sa soutane pour tenter d’attirer ses ouilles pour opter pour aller aux élections et de porter le choix sur son candidat unique non consensuel et surtout

2e élément stratégique erroné : Lorsque Mgr a choisi le « comité de sages », il a choisi des anciennes personnalités de feu Père Gnassingbé et cela a empêché l’inclusivité et la diversité des opinions. La sagesse n’est pas liée à l’âge mais à l’intelligence et à la foi en Dieu. Les femmes, la Diaspora, les personnalités indépendantes du système Gnassingbé ont été exclus. C’est la deuxième erreur de stratégie.

3e élément stratégique erroné : Sur la base de critères non discutés avec les personnalités indépendantes du système Gnassingbé, Mgr a décidé unilatéralement et non démocratiquement de choisir un « candidat unique » en excluant la Diaspora togolaise plurielle indépendante. RCDTI et CVU-TOGO-DIASPORA ont expliqué à plusieurs reprises que le Togo a besoin d’une candidature commune et non d’une candidature unique. C’est la troisième erreur stratégique.

4e élément stratégique erroné : Une fois que la Cour Constitutionnelle a annoncé la victoire de Faure Gnassingbé sans fournir les preuves bureau de vote par bureau de vote, Mgr Kpodzro, ni même son candidat Dr. Agbéyomé Kodjo n’ont jugé nécessaire ou utile de contester les résultats devant la Cour de Justice de la CEDEAO. Ce recours a été fait par l’Alliance nationale pour le Changement alors que les tous les autres candidats malheureux à cette élection se sont tus. Autrement dit, tous ceux qui n’ont pas contesté les résultats annoncés unilatéralement par la Cour constitutionnelle illégale sont devenus au plan juridique des légitimateurs des résultats annoncés. Pas de contestation signifie acquiescement des résultats en faveur de la contrevérité des urnes. C’est un paradoxe qu’aucun juriste indépendant du système Gnassingbé au Togo n’ait conseillé Mgr Kpodzro et son candidat dit « unique » parmi six (6) autres candidats de l’opposition. Bref, le fait de ne pas contester les résultats de la contrevérité des urnes constitue la quatrième erreur stratégique.

5e élément stratégique erroné : Monseigneur Kpodzro ne doit pas croire que s’il simplifie la politique togolaise, cela signifie que la politique togolaise est simple. Le système Gnassingbé est un système spécialisé en usurpation du droit et surtout le droit du Peuple togolais. Aussi, Mgr Kpodzro aurait gagné à écouter le conseil de RCDTI et de CVU-TOGO-DIASPORA de remettre en cause la Cour Constitutionnelle qui est anticonstitutionnelle et illégale. Ne pas contester l’institution togolaise qui annonce la contre-vérité des urnes est une cinquième erreur stratégique.

4. Vous misez sur une troisième voie qui repose sur au moins cinq (5) étapes interdépendantes. Parmi ces points pourriez-vous nous citer au moins un qui semble fondamental pour avancer dans la lutte de libération du Peuple togolais ?

Il faut expliquer. La première voie est celle du système Gnassingbé. La deuxième voie est celle des opposants alimentaires et de la partie du Peuple togolais qui choisit l’argent comme priorité sur les principes et les valeurs fondant une société harmonieuse. La troisième voie est celle que nous préconisons et repose d’abord sur l’indépendance et l’adhésion à des principes de liberté, de vérité, de justice et de création de richesses partagées.

Je rappelle tout de même les cinq interdépendantes étapes que nous avons proposées :

4.1 la condamnation de l’Etat togolais pour responsabilité et fautes envers toutes ses victimes du Togo, ce devant des juridictions indépendantes des réseaux du syndicat des chefs d’État et des réseaux ésotériques et d’argent ;

4.2 l’appel à un interventionnisme humanitaire pour une coopération-libération du Peuple victime afin de neutraliser les militaires non-républicains ;

4.3 les conférences inclusives permettant de retrouver la culture de résistance avec des citoyens togolais engagés et déterminés afin de dégager des candidatures communes sur la base d’un programme crédible, fondé sur l’expertise et le non-alignement sur Faure Gnassingbé et ses réseaux pluriels ;

4.4 La proposition d’un projet de société commun permettant l’inclusivité et la décentralisation ; avec l’identification de candidatures communes et de consensus pour former une équipe de refondation électorale, institutionnelle et constitutionnelle doublé d’une proposition de redressement économique, social, économique, environnemental et culturel, bref de salut public ;

4.5 La mise en oeuvre d’une période de transition politique devant refonder le Togo sur la base de la vérité des urnes.

Vous savez il ne faut pas privilégier une étape par rapport à une autre dans une stratégie en cinq étapes interdépendantes. Mais je pourrais mettre en valeur les deux étapes primordiales qui permettent de resouder l’unité du Peuple togolais indépendant. Car il faut d’abord faire la différence entre la mouvance présidentielle avec les opposants alimentaires d’une part, et d’autre part, la partie du Peuple togolais qui reste indépendant. Tant que cette séparation ne sera pas claire, il y a aura des trahisons, des déceptions et le maintien du système Gnassingbé en place.

Nous aux RCDTI et CVU-TOGO-DIASPORA, nous situons du côté du Peuple togolais. Nous avons pour objectif de nous organiser pour tenter de refonder l’unité de ce peuple togolais, ce sans hypocrisie, ni arrière-pensée. C’est pour cela que nous sommes indépendants et finançons nos activités avec nos propres fonds et demandons parfois l’appui financier de chaque togolais qui aspire vraiment à l’alternance du projet de société et non à l’alternance de personnes.

En priorité, nous pensons qu’il est indispensable de faire un recours juridique devant des juridictions africaines indépendantes pour obtenir la condamnation de l’Etat togolais du fait des nombreuses victimes au Togo pour non-respect de la Charte africaine des Droits de l’Homme et des Peuples. Il est indispensable afin d’inverser le rapport de force et peut-être offrir une base juridique pour une interventionnisme humanitaire. En parallèle, il devient important d’organiser des conférences inclusives sous forme de « table ronde » afin de faire émerger un projet de société commun pour un avenir meilleur pour chaque citoyenne et chaque citoyen togolais. La lutte togolaise a besoin d’avoir l’ensemble des responsables africains et internationaux qui promeuvent le droit et refusent l’impunité opter pour le Peuple togolais.

Donc des décideurs du secteur public comme ceux du secteur privé doivent comprendre ce qui se passe au Togo depuis des décennies et se décider enfin à rejoindre la lutte du Peuple togolais. Il va falloir combiner la lutte juridique et la désobéissance civile car ceux qui ont intérêt que le statu quo se pérennisent sont encore très nombreux. Ils choisissent souvent de se cacher derrière la « paix » au Togo. Mais qui ne veut pas la paix au Togo ? Mais la paix sous le joug de l’esclavage du système Gnassingbé accompagné d’une gouvernance basée sur l’abus du droit, l’abus du pouvoir et l’abus de la force militaire n’est pas la paix. Tant que de nombreux togolaises et togolais ne l’auront pas compris, le Togo avancera à son rythme, celui de la démocratie de façade fondée sur la contrevérité des urnes.

5. Devant quelle cour de justice envisagez-vous la neutralité requise pour trancher définitivement le cas Togolais et comment cela va-t-il se faire ?

Le régime et le système Gnassingbé se sont organisés pour ne jamais répondre devant les principales juridictions indépendantes comme la Cour Pénale Internationale en ne signant pas le Traité de Rome. On ne peut pas attaquer devant les juridictions à compétence internationale. L’État togolais fait jouer souvent l’immunité diplomatique des principales personnes concernées. Pour les juridictions nationales et régionales au niveau de la CEDEAO, les expériences passées ont prouvé à loisir que la séparation des pouvoirs reste bien poreuse notamment du fait de réseaux ésotériques et d’argent et d’intérêts mélangés et bien compris.

Par ailleurs, l’hypocrisie africaine doit être étalée au grand jour au niveau des juridictions de l’Union africaine. Est-ce qu’enfin l’impunité ne peut pas être démontrée et condamnée devant des juridictions africaines ?

Alors nous allons suivre la procédure impartie qui démarre devant la Commission africaine des Droits de l’Homme et des Peuples pour terminer au niveau de la Cour africaine des Droits de l’Homme et des Peuples. Au cas où nous n’aurions pas satisfaction, nous avons prévu déjà d’aller devant des juridictions internationales.

6. La condamnation de l’État togolais pour responsabilité et fautes envers toutes ses victimes du Togo, ce devant des juridictions indépendantes des réseaux du syndicat des chefs d’État et des réseaux ésotériques et d’argent. Est-ce possible ?

Quand on fait un recours juridique devant une juridiction d’abord sur les principes de non-respect de la Charte africaine des Droits de l’Homme et des Peuples, on cherche d’abord à obliger l’État Gnassingbé du Togo à rendre compte au juge. Car ce qui caractérise l’État Gnassingbé, c’est son refus systématiquement de rendre compte aux populations ou alors d’offrir des informations erronées comme les résultats des toutes les élections togolaises. Donc oui, nous demanderons une confrontation contradictoire qui fera éclater la vérité avec les nombreuses responsabilités et fautes de l’État Gnassingbé envers de nombreuses victimes togolaises, et peut-être internationales. Pour ce qui est de l’indépendance des juridictions africaines, nous pensons que la Cour de Justice de la CEDEAO a suffisamment démontré dans le cas togolais son incapacité à faire exécuter par l’État togolais, tout ou partie des décisions qui allaient en faveur des victimes.

L’État togolais est responsable de nombreux abus de droit. Aussi, sa responsabilité risque d’être engagé. Pour les fautes, nous avons identifié un certain nombre mais nous en garderons la primeur. Par contre nous invitons chaque togolaise ou togolaise, chaque association de victimes togolaises, chaque avocat, chaque militaire togolais de se rapprocher de nous ([email protected]) pour se porter partie civile. En effet, de trop nombreux cas sont restés impunis au Togo à cause de l’achat des consciences, le chantage et même les menaces de morts. Si c’est cela la paix que souhaitent certains togolais, il faut alors accepter qu’il s’agisse de la paix des cimetières.

7- Vous faites appel à une contribution financière du Peuple que ce soit au pays ou à l’extérieur du pays. Vous le savez tout comme nous d’ailleurs qu’une récente mobilisation a eu lieu et les contributeurs n’ont pas encore des comptes claires et audités de la gestion des fonds mobilisés. Cela ne porte-t-il pas préjudice à votre appel ?

Il y a eu plusieurs appels de fonds pour soutenir certains candidats qui ont opté pour aller à ces élections. Ceux et celles qui ont fait le choix de soutenir les élections de la contre-vérité des urnes doivent s’en prendre à eux-mêmes si cet argent n’a pas donné de résultats. Il y a là manifestement une erreur de stratégie. Nous nous adressons à ceux des citoyennes et citoyens togolais ou étrangers qui veulent défendre le respect de la Charte africaine des Droits de l’Homme et des Peuples. On est très précis. C’est donc un choix en âme et conscience. Personne n’est « obligée » mais chacun est libre de choisir le statu quo. Non, il n’y a pas de préjudice mais un manque à gagner pour celles et ceux qui ont cotisé pour rien pour soutenir la contre-vérité des urnes.

8- Vous préconisez la mise en oeuvre d’une période de transition politique devant refonder le Togo sur la base de la vérité des urnes. Expliquez-nous concrètement de quoi il s’agit.

Le Peuple togolais est profondément divisé entre :

  • d’une part la mouvance de l’État Gnassingbé et qui comprend les soutiens de la mouvance présidentielle et des partis de l’opposition alimentaire et les sympathisants de ce groupe ; et
  • d’autre part, la mouvance de la troisième voie qui est en train de se constituer avec celles et ceux qui veulent défendre des principes et des valeurs démocratiques fondant la vérité des urnes et la vérité des comptes publics.

Il n’y a pas donc pas pour le moment de passerelles possible entre ces deux groupes sinon ce sont les opportunistes ou les traîtres qui changent au gré de l’enveloppe alimentaire reçue…

Il faut graduellement refonder une unité d’action et d’organisation autour d’un projet de société commun. Nous avons suffisamment expliqué les voies à suivre (voir www.cvu-togo-diaspora.org) et invitons les Togolaises et Togolais engagés et déterminés à nous rejoindre pour construire cette refondation en travaillant et non pas en observant ce que nous faisons.

Mais apparemment, une partie importante de ce Peuple togolais souhaite l’alternance et se refuse de suivre une démarche structurée pour y parvenir. Les arrangements avec des individus-vestiges du passé, la volonté de pardonner sans justice aux héritiers du système Gnassingbé, la foi sans une stratégie commune sont quelques-uns des ingrédients qui semblent avoir empêchés l’alternance.

Aussi, nous pensons qu’un mouvement citoyen indépendant du système Gnassingbé a plus de chances de fédérer la partie indépendante du Peuple togolais. Encore faut-il que ce Peuple le veuille !

Aussi, RCDTI et CVU-TOGO-DIASPORA se propose d’offrir les bases d’une troisième voie pour l’alternance au Togo. La question est de savoir si le Peuple togolais est-il prêt ou résigné ? Nous pensons qu’une partie de ce Peuple est prête. Mais qu’ensemble, nous devons convaincre la partie résignée qui ne tardera pas à comprendre que l’esclavage dans la paix qu’offre le système ésotérique-militaro-civil de Faure Gnassingbé n’est pas viable.

Je vous remercie. YEA.

Dr. Yves Ekoué AMAÏZO,
Coordonnateur général, Collectif pour la Vérité des Urnes (CVU-TOGO-DIASPORA).
Membre de la Direction du Réseau de Coordination de la Diaspora Togolaise Indépendante (RCDTI)
21 mars 2020.
© CVU-TOGO-DIASPORA.ORG

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1- A ne pas confondre avec une structure locale créée pour créer la confusion dans l’esprit du Peuple togolais et qui n’a jamais financé, ni influencer, ni dirigé le CVU-TOGO-DIASPORA qui reste indépendante en pensée, en parole et en action.

Source : 27Avril.com

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