Il est annoncé tambour battant une assise nationale. Dénommée pompeusement « Forum présidentiel des jeunes », il s’agit pour Faure Gnassingbé de descendre dans l’arène des jeunes. A quelques jours de la tenue de cette fameuse rencontre, on s’active dans les arcanes du pouvoir afin de trier sur le volet des jeunes malléables à coup de billets de banque et qui participeront à la rencontre. Le manège a l’air d’un brouillard lorsqu’on se demande à quoi ont servi les milliards engloutis par les projets à l’endroit des jeunes et pilotés par une certaine Victoire Tomegah-Dogbè.
Une kyrielle d’initiatives pour un fiasco
Quand on s’appelle Victoire SidemehoDjiduduTomegah-Dogbè et lorsqu’on occupe un portefeuille aussi long comme le ministère du Développement à la base, de l’Artisanat, de la Jeunesse et de l’Emploi des jeunes, des initiatives n’en manquent pas. AIDE, ANVT, FAIEJ, FNFI, PDC, Plus, PRADEB, « Jeudi, j’ose », constructions et rénovations des marchés, etc., tous ces projets portent la signature de la ministre. Toutes ces initiatives entreprises à coup de milliards se sont révélées des échecs retentissants comme les tapages médiatiques qui relaient les inaugurations de ses projets.
Nous sommes en 2011. Victoire Tomegah-Dogbè lance le Programme de volontariat national du Togo (PROVONAT) après l’échec cuisant de sa distribution de houes et de dabas aux populations. A sa création, le projet était censé résorber un tant soit peu le problème de l’emploi des jeunes en les insérant dans les entreprises afin, a-t-on dit, de les préparer à des expériences professionnelles. Or les entreprises n’étaient pas favorables au projet, mais avaient fini par accepter. Très vite, les jeunes vont déchanter car à en croire beaucoup, ils passaient des jours à ronger des pouces dans les services et ainsi désapprenaient. Entre-temps, le PROVONAT est devenu Agence nationale pour le volontariat au Togo (ANVT). « La création de l’agence constitue la réponse aux défis auxquels fait face le volontariat national qui doit à présent adopter une forme juridique en mesure d’assurer ses ambitions de développement, une plus grande flexibilité, une efficacité améliorée et une gestion concertée », avait déclaré Victoire Tomegah-Dogbè. Mais le correctif n’a pas apporté les résultats escomptés. Les volontaires dénoncent ce qui en réalité, est une fabrique de chômeurs.
Parallèlement à ces échecs répétitifs, la ministre continue par porter d’autres initiatives, comme le Fonds national de finance inclusive (FNFI). La cérémonie de son lancement en janvier 2014 à Kara a été présidée par Faure Gnassingbé. Selon le gouvernement, le FNFI est un « outil financier destiné à accompagner les efforts d’inclusion financière de l’Etat au profit des couches vulnérables ». Le produit Accès des pauvres aux services financiers (APSEF) dérivé du FNFI est destiné aux couches vulnérables. Il leur est alloué un crédit de 30.00 FCFA avec un taux de 5%. Ici aussi, l’échec est patent. Les structures décentralisées partenaires n’étaient pas favorables. Elles étaient réticentes, mais avaient fini par octroyer malgré elles des prêts aux bénéficiaires. La propagande autour de ce fonds a une incidence. Pour les débiteurs, les 30.000 FCFA sont du chef de l’Etat, et donc pour eux, il n’y a pas obligation de payer. Tout comme l’APSEF, l’AGRISEF et l’AJSEF sont des produits FNFI qui, eux aussi, n’ont pas apporté des améliorations sensibles auprès des bénéficiaires.
A chacun de ses échecs Victoire SidemehoDjiduduTomegah-Dogbè finit toujours par entuber les partenaires et la population par des résultats dont elle a seule le secret. Ces résultats enregistrent toujours des bilans positifs. Heureusement que certains voient clair. Le récent rapport de l’examen du bien-être et des politiques de la jeunesse au Togo de l’Organisation pour la coopération et le développement économique OCDE est assez édifiant sur cette arnaque qui ne dit pas son nom. « Le foisonnement de programmes et projets pilotés par des structures autonomes, et dont certaines actions s’entremêlent sans véritable coordination constitue un goulot d’étranglement », lit-on dans le rapport. Selon l’OCDE, « le ministère ne dispose pas actuellement d’une structure formelle et des capacités suffisantes en matière de recherche et d’analyse des politiques et, par conséquent, n’est pas en mesure d’évaluer rigoureusement l’efficacité des interventions mises en place ». Comme une boule de neige qui fond au soleil, c’est dame Victoire Tomegah-Dogbè qui est dézinguée. Mais, visiblement, ce rapport qui sonne comme une alerte est loin de refroidir ses ardeurs. Elle a toujours un tour de prestidigitation.
Forum présidentiel des jeunes, un brouillard
Le champ d’action de la ministre Victoire Tomegah-Dogbè s’est considérablement rétréci. Dessaisie du portefeuille FNFI qui est désormais piloté par Mlle MazamaessoAssih et devancée par RéckyaMadougou, la ministre a appris la leçon. Elle s’est rendue compte que sa consœur béninoise est un caillou dans ses chaussures et qu’il faut s’en débarrasser.
Depuis, elle semble se méfier de la gent féminine et se tourne vers l’autre sexe. Et c’est ainsi que Victoire Tomegah-Dogbè a trouvé le profil idéal en la personne du sulfureux DodziKokoroko, le président de l’Université de Lomé. Ce dernier, par un zèle débordant, a rendu délétère l’atmosphère à l’Université de Lomé. Il a mis les pieds dans les plats en voulant jouer au grand architecte de l’UL en servant un régime moribond. Selon les indiscrétions, c’est la ministre qui l’aurait introduit au palais de Lomé II. Et en sa qualité de conseiller juridique, il est consulté sur tous les sujets relatifs au droit à la Présidence de Lomé. C’est ce duo qui serait derrière la trouvaille appelée forum présidentiel des jeunes. DodziKokoroko est à la tête du comité d’organisation. L’objectif visé est de « mettre en place une plateforme d’échange avec les jeunes ». 3000 jeunes sont attendus à ce forum. Ainsi au palais présidentiel, les réunions se succèdent pour donner corps au brouillard qui s’annonce.
Victoire Tomegah-Dogbè parvient (pour le moment) à se sauver malgré ses multiples échecs. Elle a des tours de magie dans sa sacoche pour séduire Faure Gnassingbé. Ce dernier, par ces temps qui courent où il y a urgence pour son pouvoir d’éteindre le feu de la Coalition de l’opposition, cède à toutes les initiatives qu’on lui présente. Il est prêt à aller partout, pourvu que la flamme de la contestation populaire s’éteigne. Les projets lancés ces derniers mois dans les hameaux les plus reculés sont illustratifs de l’empressement de Faure Gnassingbé. Et c’est en cela qu’il faut voir le forum qui se tient.
« J’aurai avec eux une rencontre pour débattre des projets que je compte mettre en œuvre. Ils englobent, entre autres, la récompense du mérite scolaire, le renforcement de l’autonomie ou encore l’appui à l’entrepreneuriat », avait annoncé Faure Gnassingbé le 03 janvier dernier. Il ajoute : « Je demeure persuadé que les solutions les plus pertinentes aux problématiques de l’éducation, de l’emploi et de l’insertion des jeunes sont celles qui sont nourries par leurs propres réflexions et contributions ».
En 13 ans de règne, Faure Gnassingbé découvre subitement qu’il faut être à l’écoute de la jeunesse. A quoi ont servi les milliards engloutis par les projets de Victoire Tomegah-Dogbè ? La gestion du pays par Faure Gnassingbé est caractérisée par une impunité totale. Les prévaricateurs de la République ne sont inquiétés de rien. Au contraire, ils trouvent toujours des moyens pour rebondir, comme ce grand brouillard nommé forum présidentiel. Sinon, si les fonds ont été utilisés à bon escient, on n’en serait pas à ces assises des jeunes. Puisque toutes les préoccupations énumérées par le chef de l’Etat sont déjà contenues dans les initiatives que porte la ministre.
Il n’y a donc pas du nouveau dans la tenue du forum des jeunes. Ce n’est que du réchauffé. C’est un brouillard pour cacher la vue à la jeunesse qui veut prendre sa destinée en main et qui ne demande qu’à jouir des bienfaits de l’alternance au pouvoir
Source : www.icilome.com