Il y a des signes qui ne trompent pas. Faure Gnassingbé et son régime ne feront visiblement pas de cadeau à quiconque se dressera contre leur projet de conservation du pouvoir. Du coup, les vieux démons de 2005, notamment les violences exercées par les forces armées et la milice du régime RPT/UNIR sur les populations togolaises cette année-là, faisant plus de 500 morts selon le rapport de l’ONU et 1 000 morts, à en croire la Ligue Togolaise des Droits de l’Homme (LTDH), font craindre un lendemain difficile pour le pays. Le désir de chasser, de brimer les principes élémentaires des droits de l’homme et même de tuer sans aucune hésitation se lit à travers des actes posés par ce régime chaque jour que Dieu fait. Visiblement, rien ne semble l’arrêter dans sa folie meurtrière.
Pour ce faire, le pouvoir a mis sur pied ce qu’on peut appeler un escadron de la mort. Il s’agit d’un groupe d’individus sans foi ni loi que certains membres du gouvernement de Faure Gnassingbé appellent pompeusement « groupe d’auto-défense » qui sèment la panique au sein de la population togolaise. On a vu ce groupe à l’œuvre à Lomé en septembre et octobre 2017 où ces individus étaient déversés dans les quartiers de la capitale, rentraient dans les maisons en bastonnant jusqu’au sang les habitants. La famille de Joseph Zoumekey, tout comme d’autres familles d’ailleurs, a payé le prix fort, avec leur enfant de 14 ans fauché par les balles assassines de cette bande acquise à la cause du régime. C’était le 18 octobre 2017. C’est un an après, avec le rapport sur l’autopsie du corps du jeune élève, qui a révélé qu’il a été tué par balle, que ce petit a été inhumé le 29 septembre dernier. Mais personne ne demande rien à ces individus, facilement identifiables, qui continuent de courir tranquillement les rues.
Et puisque la violence se nourrit de l’impunité, ces individus continuent leur basse besogne à travers tout le territoire, surtout dans les zones où les populations tentent de se soulever contre le pouvoir de Faure Gnassingbé. Leur fait d’arme remonte en début de cette semaine, plus précisément le lundi 15 octobre dernier. Dans la nuit, ils s’en sont violemment pris au représentant de la Coalition des partis de l’opposition dans la Kozah, également Président de la Fédération de l’Alliance nationale pour le changement (ANC) dans la région. Passou Essowè, puisque c’est de lui qu’il s’agit, a été tabassé à son domicile et laissé pour mort dans le sang par ce « groupe d’auto-défense ». Son péché, c’est d’avoir distribué dans la journée de ce lundi des tracts confectionnés par la Coalition des 14 qui appelle les populations à boycotter le recensement électoral de la zone 2 qui a démarré mercredi dernier, dans l’indifférence totale des Togolais. « Vers 21 heures, j’ai reçu la visite d’un élément inconnu, disant s’appeler Adom et qui veut me voir. Je me suis arrêté au niveau du portail, lui demandant de me dire de quoi il s’agit. Il m’a répondu que si je ne veux pas le voir, eh bien lui, il va partir », a raconté M. Passou.
Ce dernier a ajouté, décrivant l’horrible scène qui s’était produite chez lui : « Vers minuit, le chien commençait par aboyer et je suis ressorti de ma chambre avec une torche. C’est là que j’ai vu quelqu’un escalader le mur pendant que les autres forçaient le portail pour entrer. Ils se sont regroupés sur la cour et je suis rentré au niveau du garage et j’ai essayé de fermer. Ils lançaient des briques pour que ça puisse casser et m’avoir. Par les fenêtres ouvertes, ils ont pris des fers de construction pour me piquer. A un moment, j’étais fatigué puisqu’ils ont pris un gros bâton sous forme de planche et ils ont touché ma tête. Là, je suis affaibli et je l’ai laissée, la porte (Ndlr, du garage). Ils sont alors rentrés, m’ont plaqué au sol et ont fait ce qu’ils veulent. Ils me frappaient partout, ma tête, mes pieds. Mais au niveau du thorax, j’essayais de protéger ça avec ma main. Les gens voulaient sortir, mais ils ont peur ». Passou Essowè indique avoir reconnu deux d’entre ses agresseurs, puisque ces derniers ont déjà proféré des menaces contre lui quelques semaines plus tôt.
Le cas de Passou Essowè est l’un parmi tant d’autres. Les représentants de l’opposition sont constamment la cible des forces de l’ordre, des militaires et de la milice à la solde du régime, à l’intérieur du pays. Une situation qui intrigue les responsables de la Coalition des 14 qui, dans un communiqué rendu public, ont dénoncé « une stratégie de la terreur qui risque de déboucher, une fois encore, sur un bain de sang ». « La Coalition des 14 partis politiques de l’opposition togolaise note qu’en plus de menaces et intimidations quotidiennement exercées par les forces de l’ordre et de sécurité ainsi que par les autorités locales sur les responsables et militants de l’opposition, dans le but d’entraver leurs activités politiques, des nervis du régime, pudiquement appelés « comités d’autodéfense » par certains membres du gouvernement, continuent de semer la terreur sur tout le territoire national en toute impunité. C’est le cas notamment, à Kara avec la tentative d’assassinat du Président fédéral de l’ANC, à Tchamba avec l’agression d’un militant du PNP, à Solla avec l’arrestation d’un militant de la CDPA, à Badou avec l’interpellation du Vice-président du PNP », lit-on dans le document signé par Mme Brigitte Kafui Adjamagbo-Johnson.
La Coordinatrice de la Coalition relève que ces forfaitures planifiées et mises en exécution rappellent des moments effroyables de 2005 où Faure Gnassingbé a marché sur des centaines de cadavres de ses compatriotes pour arriver au pouvoir. Elle saisit à cet effet les Facilitateurs et la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO).
« La Coalition des 14 partis politiques de l’opposition togolaise demande aux Facilitateurs et à la CEDEAO de prendre la juste mesure de la situation et d’amener le gouvernement togolais à veiller au respect scrupuleux des droits de l’homme, à la libre circulation de tous les Togolais et au libre exercice des activités politiques sur toute l’étendue du territoire national », a poursuivi Mme Kafui Adjamagbo-Johnson. Elle demande à la communauté internationale de prendre conscience de la gravité de ce qui se passe au Togo, afin de l’aider à trouver une solution rapide à la crise politique. La Coalition des 14, pour finir, a réitéré sa solidarité à tous ceux qui sont « emprisonnés, blessés, meurtris, contraints à l’exil pour leur conviction politique »
Source : www.icilome.com