Forces Armées Togolaises : De quoi Faure Gnassingbé a-t-il peur ?

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Forces Armées Togolaises : De quoi Faure Gnassingbé a-t-il peur ?

Président de la République, chef Suprême des Armées, Faure Gnassingbé fait aussi office de ministre de la Défense et des Anciens Combattants depuis le renvoi de son demi-frère Kpatcha Gnassingbé du gouvernement en 2007. A ce titre, et surtout sachant que son régime est bâti sur l’armée, le successeur de Eyadèma traite de façon parcimonieuse les corps habillés au Togo. A chacune de ses interventions, il ne manque jamais de jeter de lauriers à leur égard. Pour beaucoup d’observateurs, cela ne devait pas en être autrement surtout lorsqu’on se rappelle l’épisode du 05 février 2005 à la mort de Eyadèma Gnassingbé, c’est un groupe d’Officiers supérieurs avec à leur tête le chef d’Etat-Major Général, le Général Zakari Nandja, qui ont installé Faure Gnassingbé au pouvoir.

Mais cette année, pour une rare fois si ce n’est la première fois, Faure Gnassingbé profère sans gant des menaces aux forces de défense et de sécurité. « La voie de notre développement doit être bordée par les balises indispensables de la paix et de la sécurité. Nos forces de défense et de sécurité sont en première ligne pour préserver notre pays et assurer à nos populations la quiétude qui seule permet d’envisager les lendemains avec confiance et sérénité. Je voudrais saluer leur mérite et leur demander de poursuivre avec discipline et sérieux la mission républicaine qui est la leur. J’attache de l’importance à une conduite exemplaire et tous ceux qui s’écarteront de cette voie seront passibles des sanctions prévues par la loi », a déclaré M. Gnassingbé dans son message de vœux du 03 janvier dernier. Lorsque le Président-ministre de la Défense martèle que les éléments des forces de défense et de sécurité qui s’écarteront de la voie de la discipline et du sérieux dans leur mission républicaine seront paisibles des sanctions prévues par la loi, c’est bien un discours nouveau. Pour certains observateurs, depuis les événements du 19 août 2017 qui continuent d’ébranler son régime, Faure Gnassingbé nourrit des appréhensions et se dit que tout est désormais dans l’ordre du possible.

Certaines affectations d’officiers supérieurs de certaines garnisons confortent cette position. C’est à ceux qu’il ressent qui ne portent plus vraiment son régime élastique dans leur cœur qu’il envoie les menaces de sanctions ?

Sachant que le changement des régimes comme celui du Togo n’a été possible ailleurs que par le concours de l’armée notamment au Burkina Faso, au Zimbabwe, le pouvoir du Togo a longtemps travaillé à avoir à ses côtés la grande muette.

Par ailleurs, d’autres pensent que ce n’est que du pur enfumage des déclarations de ce genre au regard des exactions récentes de l’armée lors des manifestations politiques de l’opposition.
En ce sens, les propos de Faure Gnassingbé visent à faire croire que l’armée et l’ensemble des citoyens seront traités sur le pied d’égalité. Ceux qui prennent cette position pensent que les images de bavures et gaffes des corps habillés commettant des voies de faits, de dérapages insoupçonnés lors des récentes manifestations publiques s’écartent déjà largement de la voie de la discipline et de la mission républicaine, bref de conduite exemplaire.

Pour que ce discours de Faure Gnassingbé soit crédible, il aurait fallu que les éléments des forces de défense et de sécurité facilement identifiables sur les images qui circulent, soient sanctionnés pour « conduite non exemplaire ».

D’un côté comme l’autre, il apparaît un malaise qui a fait sortir Faure Gnassingbé très réservé sur la question de l’armée, de ses gonds. Sensément, on peut se demander de quoi a-t-il peur ? N’importe comment, il urge que les forces de défense et de sécurité reconsidèrent leur position pour être véritablement cette force républicaine au service du peuple. Le monde évolue. En ce 21ème siècle, avec l’avènement de certains types de réseaux sociaux, tous leurs écarts sont facilement repérables. La torture étant reconnue comme un crime imprescriptible par le nouveau code pénal, il leur est vraiment imposé « une conduite exemplaire ».

Kokou Agbemebio

Source : Le Correcteur

27Avril.com