« Ce qui m’intéresse, c’est le côté pragmatique, notamment sur la reddition des comptes. Ce n’est pas seulement au niveau du chef de l’État ou du Premier ministre, l’idée c’est vraiment de descendre au plus bas pour que même le responsable au niveau de la communauté rende compte à sa population » (Victoire Dogbé)
Il est des institutions qui avancent selon l’humeur du moment, sans boussole, mais juste au gré du vent. Le Fonds national pour la finance inclusive (FNFI) en fait partie. Après bientôt huit ans d’activités sans que, jamais la situation exacte de ses ressources n’ait été faite de façon exhaustive et sans complaisance, on apprend depuis le 17 mars, que ses « attributions sont redéfinies et étendues pour plus de bénéficiaires ». Après quels résultats ?
« Huit ans après, les chiffres sont éloquents : 1,8 millions de crédits alloués pour un montant total de plus de 100 milliards FCFA, un taux de remboursement à plus de 93%, largement au-dessus de la tendance sous-régionale. A ce jour, une dizaine de produits ont été lancés au profit de cibles spécifiques (pauvres, agriculteurs, jeunes, informel, bénéficiaires en fin de cycle, etc…) », indique-t-on.
Entre autres « progrès » réalisés par les services du FNFI, un crédit inédit de 10 millions FCFA appelé « Nkodédé » qui serait accordé aux bénéficiaires du premier cycle ayant honoré leurs engagements sans incidents. Il y a aussi la clôture du Projet national de promotion de l’entreprenariat rural dont on a à peine vu les impacts.
Mais il y a une situation qui fait planer des doutes quant à la bonne gestion des fonds alloués et remboursés. Pendant des années, l’Etat togolais a toujours injecté des fonds, tout comme la Banque Mondiale. Si cette institution a été remboursée au franc près, pourquoi ceux qui gèrent la quote-part versée par l’Etat togolais ne veulent-ils pas faire les comptes ?
Depuis le lancement du FNFI, jamais, les responsables n’ont fait de compte. Leur argument béton avancé est que les fonds sont répartis dans les structures de microfinances. Une fuite en avant. Tout épargnant ayant des fonds dans une banque est en mesure d’avoir la situation précise à une date donnée.
Combien ont été remboursés à ce jour ? Quelle est la part de l’épargne des bénéficiaires ? Quelle est la situation des intérêts perçus sur les prêts ? Si les fonds alloués aux bénéficiaires n’avaient pas été remboursés, on ne s’étonnerait pas du silence de dame Assih Massamaessoh et cie.
Des bénéficiaires ont eu maille à partir avec la police et la justice pour non ou mauvais remboursement. Il n’y a pas de raison que tout ce qui a été remboursé, tout ce qui concerne le « revolving » et ses déclinaisons ne soient pas portés à la connaissance du contribuable dont les participations aident au budget de l’Etat. A l’heure où toutes les occasions sont saisies pour brandir la notion de transparence dans la gestion des finances publiques, il serait temps qu’on fasse une pause et qu’on situe les médias sur les capacités financières du FNFI. Autrement, on trompe les citoyens.
Godson KETOMAGNAN
Source : icilome.com