Les autorités britanniques ont considéré le risque de fuite du Franco-algérien, mis en cause dans l’affaire autour de la campagne de Sarkozy en 2007.
Le flamboyant homme d’affaires franco-algérien Alexandre Djouhri, interpellé à l’aéroport de Londres Heathrow dimanche 7 janvier dans le cadre d’un mandat d’arrêt européen émis par la justice française, a été de nouveau placé en détention, lundi 26 février. Selon les informations du Monde, c’est le risque de fuite de l’intéressé qui a décidé les autorités judiciaires britanniques à le remettre derrière les barreaux.
Contacté, son avocat en France, Me Pierre Cornut-Gentille, n’a pas souhaité confirmer l’information. Depuis le 10 janvier, M. Djouhri vivait libre, sous contrôle judiciaire, dans la capitale britannique, où il résidait chez sa fille, après avoir réglé une caution de 1,1 million d’euros. Il ne pouvait néanmoins pas quitter la ville et devait se présenter quotidiennement à un commissariat.
M. Djouhri, qui vient de fêter ses 59 ans, est dans l’attente de la décision des Britanniques quant à sa remise aux autorités françaises, décision qui devrait être arrêtée lors d’une audience fixée au 17 avril. « Monsieur Alexandre », comme il est surnommé, est soupçonné d’avoir été l’une des chevilles ouvrières mais bien rémunérées d’un présumé financement de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy en 2007 par la Libye de Mouammar Kadhafi.
Détournement de fonds publics libyens
Selon les termes du mandat d’arrêt émis le 22 juin 2017 par le magistrat financier parisien Serge Tournaire, et dont Le Monde a pris connaissance, Alexandre Djouhri est soupçonné de « faux et d’usage de faux, de corruption active, de corruption active d’agent étranger, de complicité, recel et blanchiment de détournement de fonds publics, de blanchiment de corruption et de blanchiment de fraude fiscale ». Autant de qualifications pénales qui reposent sur les investigations menées depuis plusieurs années sur les flux financiers ayant transité entre la France dirigée par M. Sarkozy et la Libye de Mouammar Kadhafi.
Le mandat d’arrêt, actuellement entre les mains des autorités britanniques, précise qu’« Alexandre Djouhri, est suspecté d’avoir participé, à partir de 2008, à un détournement de fonds publics libyens par la cession au fonds souverain LAP (Libyan African Portfolio), avec la complicité de son dirigeant (Bechir Saleh), d’un bien immobilier situé à Mougins (France), à un prix très largement surévalué (plus de 10 millions d’euros alors que le bien a été évalué à 1,8 million d’euros et qu’il était grevé d’une dette d’environ 1 million d’euros) ». Mais ce n’est pas tout.
« Alexandre Djouhri est également suspecté d’avoir fait verser à Claude Guéant, alors secrétaire général de l’Elysée, une somme de 500 000 euros via le compte malaisien du cabinet d’avocats Rajendram. La justification officielle de ce mouvement était la vente par Claude Guéant de deux toiles du peintre Andries Van Eertvelt. L’opération semble avoir été financée avec les fonds libyens détournés au travers de I’opération liée à la vente du bien sis à Mougins. En contrepartie, Claude Guéant, en sa qualité de secrétaire général de l’Elysée, a procédé à diverses interventions en faveur d’Alexandre Djouhri, intervention concernant la dette fiscale grevant le bien de Mougins et intervention visant à amener EADS à verser à Alexandre Djouhri une commission liée à la vente d’avions Airbus en novembre 2006, à la compagnie aérienne libyenne Afriqiyah. »
La décision de la justice britannique a été prise trois jours après que Bechir Saleh, « ami et partenaire d’affaires » d’Alexandre Djouhri, ancien directeur de cabinet de Mouammar Kadhafi, qui fut à la tête du fonds souverain le plus dôté d’Afrique (LAP), a été victime d’une agression à l’arme à feu à Johannesburg, où il vit en exil depuis près de six ans.
M. Saleh, âgé de 71 ans, détenteur d’une partie des secrets franco-libyens, est actuellement hospitalisé. Ses jours ne sont pas en danger, selon ses proches, qui privilégient l’hypothèse d’une attaque crapuleuse, sans pour autant exclure une tentative d’assassinat. « Bechir Saleh se sentait en insécurité judiciaire depuis l’arrestation de M. Djouhri à Londres et s’en inquiétait », confie un membre de son entourage.
Source : www.cameroonweb.com