Finale de la Coupe du monde 2022 : Des questionnements sur la présence de Faure Gnassingbé au Qatar

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Le Togo n’a pas participé à la coupe du Monde Qatar 2022. Aucun Togolais n’a représenté un autre pays. Mais surprise, voilà Faure Gnassingbé présent dans les tribunes lors de la finale. Qu’y est-il allé chercher, pour quel but ? La question est posée.

En cette première moitié du mois de décembre 2022, le chef de l’Etat togolais Faure Gnassingbé a encore manifesté son aisance à séjourner longtemps à l’étranger. Du 13 au 15 décembre, il a participé au sommet des dirigeants organisé par les Etats Unis d’Amérique. « A l’invitation de Son Excellence Monsieur le président des Etats Unis d’Amérique, le Président de la République, Son Excellence Monsieur Faure Essozimna Gnassingbé, participe, du 13 au 15 décembre 2022, au sommet des dirigeants « Leaders Summit » à Washington », écrit la présidence de la République dans un tweet. Dans les médias locaux et par des canaux officiels, les différentes étapes de ce séjour ont été largement relayées. Des rencontres avec d’autres dirigeants aux accords de partenariat en passant par l’annonce de l’admission du Togo au MCC, tout a été dit.

Mais alors que l’on croyait Faure Gnassingbé revenu au pays aux frais du contribuable, quand bien même il est évident que son absence et sa présence se valent, le voilà qui se signale à Doha au Qatar. Le chef de l’Etat togolais assiste même à la finale qui a opposé l’Argentine à la France. Pour certaines sources, la présence de Faure Gnassingbé dans le golfe persique visait à obtenir un rendez-vous avec le président français Emmanuel Macron. Pour l’heure, difficile de savoir ce qu’il en a été. Dans tous les cas, la présence de Faure Gnassingbé au Qatar fut une surprise puisqu’un tel événement semblait quasi impossible.

En effet, beaucoup d’observateurs se sont posé la question de savoir ce que cherchait le chef de l’Etat togolais dans les tribunes à Doha. Y était-il en tant qu’invité ? Quelle équipe est-il allé supporter dans ce désert climatisé pour l’occasion. Lui seul détient la bonne réponse. Mais une chose a été faite pour camoufler ce déplacement inutile. Des médias rapportent une interview accordée à la chaîne privée togolaise New World TV. Etait-il indispensable qu’il fasse le déplacement coûteux du Qatar avant de réaliser cette interview lorsqu’on sait qu’un déplacement de chef d’Etat coûte des millions au contribuable et que les studios de la chaîne en question sont à Lomé, à une quinzaine de minutes de la présidence de la République ? Du gâchis avec l’argent du citoyen!

La logique voudrait que les chefs d’Etat présents dans les tribunes y soient pour supporter leurs équipes nationales respectives. C’est le cas du président français Emmanuel Macron qui traduisait dans les actes la promesse faite aux joueurs d’aller les soutenir s’ils atteignaient les demi-finales. Les bleus en finale, la présence d’Emmanuel Macron était plus que justifiable. Même là, des Français l’ont critiqué pour ces dépenses et le taux de carbone généré par les deux avions utilisés. Mais dire que Faure Gnassingbé était dans les tribunes, cela relève de l’irrationnel. Son équipe nationale n’est même pas qualifiée pour le Qatar 2022. Les présidents ghanéen, sénégalais, camerounais, tunisien et marocain n’étaient pas signalés au Qatar dans le cadre de cette fête du football quand bien même certains ont vu leurs équipes aller loin dans la compétition. Et c’est un président dont la seule participation de son équipe nationale à un mondial remonte à 2006 qui s’y rend. 

Le roi Mohamed VI dont le pays s’est hissé parmi les demi-finalistes s’est contenté d’une sortie médiatique pour féliciter ses compatriotes. « En quelques mois seulement à la tête de l’équipe nationale, Regragui a pu forger un groupe de joueurs si compact et si combatif, au point de marquer cette compétition et faire honneur au peuple marocain et au public international par ses hautes valeurs de sportivité et son talent exemplaire », s’est réjoui le souverain marocain.

Cette présence de Faure Gnassingbé au Qatar est une insulte pour le football togolais. Dans un pays où le sport roi est abandonné et englué dans une éternelle crise, le chef de l’Etat s’offre le loisir de se déplacer pour la finale. Au même moment, le football au Togo est géré avec des miettes jetées aux clubs tels des os aux chiens. Les stades de football manquent, les subventions aux équipes de première et deuxième divisions restent dérisoires, malgré le partenariat signé avec la Loterie nationale togolaise (Lonato) ; les talents togolais dorment dans le froid glacial de l’occident pendant que les pépites locales s’égarent entre formation professionnelle et carrière footballistique. La centaine de millions engagée dans ce voyage au Qatar aurait pu servir à quelque chose sur les terrains au pays.

Le mal, c’est qu’il reviendra au pays et ne fera aucune annonce pour relever le football togolais. La seule bonne note, pour faire plaisir à ceux qui pensent que le tableau n’est jamais totalement noir, c’est que pour une fois, Faure Gnassingbé a accordé une interview à un média togolais. Depuis son accession au pouvoir, lui et son entourage ont toujours considéré les médias togolais comme des ennemis. De nombreuses demandes d’interview sont restées sans suite, même pour les médias qui sont proches de son parti politique. Il préfère s’exprimer en s’adressant aux étrangers.

Liberté N°3764

Source : icilome.com