La tournée de la Commission de Réflexion sur les réformes politiques, institutionnelles et constitutionnelles entamée depuis le 31 juillet a été subitement suspendue le lundi 28 août dernier.
Le communiqué rendu public dans la foulée, loin de faire dissiper les zones d’ombre, renforce plutôt les appréhensions. Dans ce communiqué signé de la présidente de cette commission Awa Nana et publié en début d’après-midi de ce lundi, il est mentionné « la Commission de réflexion sur les réformes politiques, institutionnelles et constitutionnelles, après avoir rencontré les populations des préfectures des régions de Savanes, Kara, Centrale, Plateaux et Maritime à l’exception des préfectures d’Agoè-Nyivé, du Golfe et des Lacs, estime avoir recueilli l’essentiel des préoccupations profondes des Togolais sur les réformes à opérer au Togo.
A cet effet et dans le but d’accélérer son travail pour répondre au besoin de plus en plus pressant du peuple de voir ces réformes intervenir, la Commission des réformes a décidé de reporter les rencontres prévues pour ce lundi 28 août et mardi 29 août 2017 respectivement dans les préfectures des Lacs, du Golfe et d’Agoè-Nyivé. La commission remercie toutes les populations de toutes les préfectures pour leur disponibilité et leur compréhension ». Un communiqué assez confus qui traduit tout le malaise au sein de la Commission.
Les vraies raisons d’une nouvelle démission d’Awa Nana
Selon les termes du communiqué, la Commission estime avoir recueilli l’essentiel des préoccupations profondes des Togolais sur les réformes à opérer. Et pour accélérer son travail et répondre au besoin de plus en plus pressant du peuple de voir les réformes intervenir, la commission a décidé de reporter les rencontres dans les préfectures des Lacs, du Golfe et d’Agoè-Nyivé.
Soit la Commission estime avoir recueilli l’essentiel des préoccupations profondes des populations pour accélérer son rapport, et là, elle devait mettre fin à sa tournée au lieu de parler de report qui implique qu’elle y reviendra. Une contradiction flagrante qui cache mal la précipitation dans laquelle ce communiqué a été gribouillé pour justifier l’injustifiable.
Des sources bien introduites au sein de cette Commission, il se rapporte que le report de l’étape d’Aného le lundi à 15h, a été une grande surprise pour la plupart des membres. De Awa Nana à Adji Otèth Ayassor en passant par les Professeurs Dodzi Kokoroko, Kpodar Adama, Essohanam Batchana, entre autres, tous étaient prêts quand à la dernière minute, l’ordre est venu « d’en haut de mettre fin à la tournée ».
Dans la matinée de ce lundi, c’est une réunion qui a rassemblé les Présidents des institutions et certains caciques du régime à la Présidence de la République qui a décidé de la fin de la mission de la Commission de Réflexion. Nos sources confirment que lorsque la Présidente Awa Nana a apporté l’information, certains membres de la Commission ont riposté et protesté d’avoir été pris au dépourvu.
En vérité, il s’agit de la mise en veilleuse de cette commission à la suite de cette réunion de certains caciques du pouvoir au Palais de la Présidence. Pour eux, c’est bien cette tournée qui éveille davantage le peuple sur la question des réformes. Décidés à ne faire les réformes qu’à leur manière, ces caciques avec à leur tête Sélom Klassou sont dans la logique « qu’advienne que pourra ». Une position qui divise profondément la commission de réflexion où deux (2) camps s’affrontent.
En effet, cette commission a en son sein deux (2) groupes de personnages. Le premier composé d’Awa Nana et les pontes du régime à savoir Adji Otèth Ayassor et Séléagodji Ahoomey-Zunu. Ce groupe aurait tout de suite épousé l’idée de la fin de leur mission pour continuer le dilatoire sur les réformes. Le second groupe incarné par les professeurs Kpodar Adama, Dodzi Kokoroko, Essohanam Batchana croyaient peut être naïvement rendre très rapidement le rapport et convaincre Faure Gnassingbé de la nécessité de faire les réformes. Peine perdue.
Surement qu’ils vont se rendre compte de la duplicité de leurs nouveaux amis qui risquent d’en finir aussi avec leurs images. En attendant la résurrection de cette Commission qui en réalité, n’avait pas sa raison d’être, il apparaît visiblement une nouvelle démission volontaire de dame Awa Nana devant une mission nationale après l’épopée de la Commission Electorale Nationale de 1998 après l’imposition de Gnassingbé Eyadèma au terme d’un scrutin présidentiel qui donnait pourtant à l’époque son challenger Gilchrist Olympio, vrai vainqueur.
Kokou AGBEMEBIO
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