«L’éternel problème du respect des textes de loi au Togo et des droits des citoyens. Et je m’étonne que malgré les condamnations et les dénonciations, l’Exécutif ne fait pas d’efforts pour se réhabiliter. C’est triste pour des dirigeants qui aiment se gloser de construire la démocratie avec un Ministère des droits de l’homme et de la démocratie. Le cas de Ferdinand Ayité avec une convocation à se présenter au SCRIC un dimanche nous interpelle. Et puis il y a quelques jours l’attitude liberticide flagrante de la PM contre le quotidien LIBERTÉ a été corrigée par la Cour Suprême. Le vrai État de droit est exigeant et demande que les dirigeants évitent de prêter le flanc à tout ce qui rélève de L’ARBITRAIRE.» (Un citoyen togolais désabusé)
C’est un peu par hasard que nous sommes tombés sur cette réflexion de notre valeureux compatriote qui souffre dans sa chair, comme la grande majorité des Togolais de l’éternel drame qui est le leur depuis un demi-siècle. Et c’est avec plaisir qu’il nous a autorisé à reproduire ces quelques lignes, ô combien pertinentes, pour s’indigner du sort incertain réservé à notre non moins valeureux compatriote et combattant pour la liberté au Togo, Ferdinand Ayité. Et puisque c’est de lui qu’il s’agit, le directeur de publication du bi-hebdomadaire «L’Alternative» a disparu des écrans-radars depuis dimanche le 05 mars 2023; en d’autres termes, il ne serait plus joignable pour ses proches. Et tout serait parti d’une convocation à se présenter le 05 mars 2023 à 15 h au SCRIC; rappelons que c’était un dimanche et qu’il faut être au Togo, dans ce pays atypique, pour demander à un citoyen de se présenter à quelque autorité que ce soit ce dernier jour du week-end; et le seul fait que Ferdinand Ayité fût convoqué ce curieux jour, dénote le caractère sinistre des intentions de nos autorités à l’encontre du journaliste.
Ferdinand Ayité, c’est ce journaliste qui a refusé la facilité et l’indignité, en se mettant au service de son peuple martyrisé; et en choisissant ce genre de journalisme de combat, il savait le risque auquel il s’expose dans un pays dirigé comme tout le monde sait. Et c’est à juste titre que le quotidien Liberté, dans sa parution de lundi 06 mars 2023, écrivait dans son éditorial: «Nous savions depuis que le genre de journalisme que nous avons librement choisi d’embrasser sera toujours semé d’embûches et de pressions de toutes sortes. Mais dans tout pays, il existe et existera toujours des hommes et des femmes décidés à jouer leur rôle de chiens de garde au sein de la cité…» Et c’est fort de ce sacerdoce que le journaliste d’investigation Ferdinand Ayité, parallèlement au bi-hebdomadaire qu’il publie, a créé une autre émission télévisée en ligne «l’Autre Journal», pour débattre de la politique du gouvernement, critiquer et faire des propositions avec son équipe et d’autres journalistes de la place. Une initiative répandue dans tout pays civilisé où l’état de droit et la liberté d’expression et de la presse sont vraiment une réalité.
Rappelons que Ferdinand Ayité, dans l’exercice de son travail, fut déjà accusé dans le passé, en compagnie d’un des ses collègues journalistes, feu Joël Egah, par deux ministres du gouvernement togolais de diffamation et d’atteinte à leur honneur; les deux journalistes furent incarcérés en décembre 2021 à la prison civile de Lomé. Après quelques jours de détention, la pression médiatique et populaire aidant, ils ont recouvré leur liberté dans la soirée de la Saint-Sylvestre. Le journaliste Joël Égah aura moins de chance, puisque qu’il mourra dimanche 6 mars 2022, un peu plus de deux mois après leur libération. L’une des conditions pour qu’ils fussent libérés, était de présenter des excuses dans l’émission qui était source de leurs déboires aux deux ministres; ce qui fut fait.
Pourquoi alors ce curieux rebondissement dans cette fameuse affaire de supposée diffamation aux deux ministres? Pourquoi cette curieuse convocation, qui a l’allure d’un acharnement au SCRIC? Et pourquoi le SCRIC? Et surtout, où est aujourd’hui Ferdinand Ayité? Les proches du journaliste, ses collègues de la presse libre et tous les Togolais assoiffés de liberté et de démocratie retiennent leur souffle et veulent savoir, et veulent surtout revoir le journaliste d’investigation, directeur de publication du bi-hebdomadaire «L’Alternative», en liberté et en sécurité. Toutes les organisations nationales, comme internationales de défense des droits humains, toutes les représentations diplomatiques au Togo sont interpellées et doivent prendre leurs responsabilités.
Samari Tchadjobo
Allemagne
Source : 27Avril.com