Faux médicaments : L’autre trafic qui prend de l’ampleur au Togo avec son lot de victimes

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« Les faux médicaments en Afrique et au Togo : Entre Chiffres bruts et réalité complexe ; quelles stratégies de lutte ? ». C’est autour de ce thème que la première rencontre de l’année du Club diplomatique de Lomé (CDL) a tourné ce jeudi à Lomé. Un sujet bien développé par Dr Innocent Koundé Kpeto, Président de l’Ordre des pharmaciens du Togo, en présence du Prof Robert Dussey, ministre togolais des Affaires étrangères et de Lucile Imboua, Représentante résidente de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) au Togo.

L’écoulement des faux médicaments sur les marchés africains est une réalité patente. Les derniers rapports de l’OMS sur le sujet font froid dans le dos. Près de 100.000 décès liés au commerce de médicament contrefaits sont enregistrés chaque année en Afrique. Pourtant ces médicaments ne sont même pas fabriqués en Afrique. Les statistiques révèlent que plus de 70% des médicaments contrefaits proviennent de la Chine et de l’Inde. Mais comment ces médicaments sont-ils importés en Afrique ? Voilà la question qui brûle les lèvres.

Selon les estimations de l’Ordre national des pharmaciens du Togo, 50 à 60% des médicaments vendus au Togo sont des faux. Et en croire Dr Innocent Kpéto, ce commerce serait même plus lucratif que le trafic de drogue.

« Le trafic du médicament est 30 à 40% plus rentable que le trafic de drogue. Les gens veulent vendre du médicament, parce qu’il rapporte de l’argent, oubliant que c’est un produit de santé », a regretté Dr Kpeto.

Les produits les plus concernés par ce trafic sont les antibiotiques, les antipaludéens, les antidouleurs, les vitamines et quelques fois les produits vétérinaires ou encore des produits contre le diabète et le cancer, a-t-il fait savoir.

Pour le docteur, le trafic des faux médicaments est aussi organisé que celui de la drogue. Et il est difficile de mener une lutte efficace contre ces trafiquants et contrefacteurs. Ces derniers arrivent à reproduire des copies conformes des médicaments, si bien que les services douaniers n’arrivent pas détecter les vrais médicaments des faux.

La pauvreté qui gagne les pays africains est aussi un facteur à ne pas négliger sur l’échiquier. Les populations n’ayant pas les moyens pour s’offrir des médicaments hautes gammes vendus dans les pharmacies, courent vers les vendeurs de rue, chez qui les médicaments sont proposés à vil prix.

En tout cas, depuis un certain moment, le gouvernement togolais a décidé de sonner la fin de la récréation. Des décentes inopinés couronnées des saisies se multiplient.

Selon Dr Kpeto, en septembre 2016, 23 tonnes de ces médicaments ont été saisies par les forces de l’ordre togolaises. Juin 2015, 70 tonnes de médicaments contrefaits avaient été incinérées et en juillet de la même année, 480 cartons contenant chacun 72 tubes de pâtes dentifrices ont été saisis.

Faut-il le préciser, à part les opérations régulières de la douane et des forces de l’ordre, le Togo dispose également d’un instrument juridique pour éradiquer ce trafic. Il s’agit notamment du Code de la santé publique, l’Office centrale de répression de trafic illicite de drogue et de blanchiment (OCRTIDB), le nouveau Code pénal, etc.

Pour rallier les populations, les premières victimes, à la lutte, Dr Kpeto mise sur la sensibilisation comme stratégie. Il a proposé d’associer les artistes de la chanson et des stars de football également à la cause.

KG.

icilome.com