Mr Albert Kate réagit à la déclaration du Président ghanéen Nana Akufo Addo sur le blocage lié à la candidature de Faure aux prochaines élections présidentielles. Il déplore la méthode d’insertion des membres de la société civile au sein de la CENI sur mandat des partis politiques. Selon lui, une telle approche compromet leur indépendance. Il déclare que la fin de cette crise peut être provoquée par l’implication dans le dialogue politique, des représentants de la diaspora et de la société civile, seuls, habiletés à bloquer les intérêts partisans et calculs politiciens des partis politiques.
Info Diaspo : Mr. Albert Kate, la crise politique persiste, le président Ghanéen Nana Addo venait de préciser que le point d’achoppement demeure la question de la candidature de Faure Gnassingbé aux élections présidentielles de 2020, quelle est votre position ?
Mr. Albert Kate : Je remercie le Président Nana Addo d’avoir précisé ce point au moment où les politiciens togolais battaient le tambour autour de la question de la CENI qui déviait sciemment l’attention mais ayant sa racine dans les points de blocages du dialogue. Ma position est simple : Il faut laisser Faure Gnassingbé aller aux élections en 2020 s’il choisit d’y aller pour pouvoir résoudre les difficultés de 2018, comme je l’avais précisé quelques jours avant l’entretien du Président Ghanéen. Si les négociations ne trouvent pas rapidement une solution à ce problème de candidature du Chef de l’Etat, la mise en œuvre de la feuille de route ne sera pas facile et c’est pourquoi par prévision, le dialogue devrait continuer entre les protagonistes après le départ des Chefs d’Etat de la CEDEAO pour justement donner l’occasion de dénouer ces points d’achoppements, parce que tout est lié à cela. Il est temps que des togolais tirent ces politiques par leurs cravates pour les faire asseoir et il est temps que les médias et la société civile retournent les projecteurs sur la racine des problèmes ; au cas contraire on n’avancera pas. Retenez que les meilleures conditions pour aller aux élections de 2018, les meilleures reformes d’aujourd’hui dépendent du dossier de candidature de Faure. Ce que je propose a été fait au Benin en 90 avec succès mais jamais au Togo, le Professeur Zeus a dit la même chose. Ayons le courage. Pourquoi ne pas faire ce qui n’a jamais été fait au Togo, c’est-à-dire la méthode béninoise de 1990 pour résoudre la crise politique ?
Info Diaspo : Pourquoi selon vous la classe politique n’arrive pas à régler cette crise ? Faut-il garder espoir sur les travaux des experts de la CEDEAO ?
Mr. Albert Kate : Quelle que soit la qualité du travail des experts, le compromis entre la C14 et le pouvoir est obligatoire pour un meilleur chef d’œuvre. L’inactivité de la société civile et de la diaspora dans les négociations a cloué tout le monde au ping-pong des politiques. Si le peuple veut changer la donne, il lui faut des représentants de la société civile et de la diaspora autour de la table de négociation pour en finir avec l’incapacité des politiques à régler la crise.
Info Diaspo : Vous aviez averti qu’après le règlement du contentieux sur l’équilibre à la CENI recherché par l’opposition, il y aura d’autres problèmes. La liste est déjà longue selon Jean Pierre Fabre. Que faut-il faire alors ?
Mr. Albert Kate : Oui, Mr. Fabre a parlé du problème de la présidence de la CENI, du découpage, des listes électorales, etc. Ce qu’il faut noter est que tous ces éléments figuraient sur la liste des revendications des reformes que les politiques n’avaient pas pu régler en 5 mois de dialogue, pour faute de compromis sur la question de la candidature de Faure avant que la feuille de route ne soit publiée en Juillet. Transposer ces problèmes sur la feuille de route ne dit pas que les compromis impossibles au cours du dialogue ne sont plus nécessaires sous la mise en œuvre de la feuille de route. C’est pour cela, il vaut mieux aller régler ce problème de candidature du Chef de l’Etat rapidement et revenir ‘après’ sur ces points du découpage et autres et ne plus avoir de difficultés.
Info Diaspo : La diaspora et la société civile selon vous peuvent dénouer le blocage ?
Mr. Albert Kate : Absolument, l’histoire nous dira que l’implication de la diaspora dans la crise a été à l’origine de son attention particulière par la communauté internationale. Aujourd’hui les politiques ont tout fait pour écarter la société civile et la diaspora des pourparlers mais où sont les résultats après huit mois de discussion entre politiques ? L’eau qui vient de déborder le vase est cette tactique qui a consisté à transformer les partis politiques en mandants des représentants de la société civile à la CENI, ce qui rend ces organisations aux bottes des politiques au lieu du peuple. Certainement qu’il y aurait eu d’autres mécanismes pour leur intégration afin de garantir l’indépendance de la société civile dans une institution indépendante pour qu’elle puisse librement trancher et garantir la vérité au lieu de représenter des positions politiques. Si la diaspora et la société civile pesaient de leurs forces dans les négociations, les partis politiques auraient des difficultés avec les intérêts partisans et les calculs politiciens, c’est là l’enjeu pour régler rapidement la crise. S’ils peuvent travailler ensemble à la CENI pourquoi ne peuvent-ils pas régler la crise ensemble dans les pourparlers aussi ? Chaque couche doit assumer son rôle, et aucune entité ne doit ôter à l’autre ses droits et devoirs pour ne pas détruire ce que nous avions construit depuis 1990 à un prix d’or et éviter ainsi de faire des questions de crises l’apanage des politiques seuls.
Avançons dans les compromis et arrêtons de servir un perpétuel scenario de bras-de-fer au peuple. Bloquer la candidature de Faure en 2020 et essayer d’évoluer avec la feuille de route c’est déplacer les problèmes. Faisons ce qui n’a jamais été fait comme les béninois ont fait en 1990.
Je vous remercie.
Source : www.icilome.com