Il y a un prénom masculin éwé qui me plaît beaucoup, parce qu’il constitue une philosophie de vie : Agbelengo. La vie est devant. J’aurais pris ce prénom si je n’avais pas remarqué que tous ceux que je connais et qui s’appellent ainsi n’ont pas dépassé le cap de la 5e au collège ( si vous connaissez, vous, un Agbelongo qui a un doctorat ou un master, venez me le citer ( toutes mes excuses aux docteurs Agbelengo qui n’existent d’ailleurs pas)). Agbelengo. La vie est devant.
Pascal Bodjona faisait partie, avec Faure Gnassingbé, Kpatcha Gnassingbé et les militaires togolais, de ceux qui m’ont donné un dégoût total du Togo et m’ont poussé à faire le choix de m’en aller. J’entends encore les cris impuissants de ces femmes tétanisées par l’horreur, un midi d’avril 2005, à Adidogomé, autour du cadavre fumant d’un jeune homme qui venait d’être abattu par des miliciens: ‘ Ce sont les hommes de Bodjona qui l’ont tué…’
Aujourd’hui, Pascal Bodjona souffre toutes les humiliations des mains de ce régime qu’il a tout fait pour instaurer. Après avoir été jeté injustement en prison, on l’exclut de la vie politique du pays.
Et pourtant, les témoignages rapportent que même avant sa disgrâce avec le régime, l’homme avait changé. Comme pour se racheter de ses crimes passés, il s’est rapproché des jeunes et des démunis dont il a aidé une grande partie.
Mais ses propres anciens collaborateurs ont décidé de lui pourrir totalement la vie, comme pour le punir d’avoir retrouvé la bonne voie, celle de l’humanisme. Et la fin de son calvaire n’est pas, hélas, pour demain. Parce qu’il y a certains sols qu’il ne faut jamais fouler.
Un conseil pour ces jeunes gens qui pensent qu’ils peuvent manger en cachette avec les ogres et s’en aller après. Sachez où mettre les pieds, les amis. Car le meilleur de la vie est devant. Agbelengo. Toujours.
David Kpelly
Source : Togoweb.net