« Nul n’a osé plus que lui dans l’absurde possible ». Dans les Curiosités esthétiques, Charles BAUDELAIRE se moque avec une ironie mordante de tous ceux qui pataugent dans l’incohérence et se brisent les reins de leurs fanfaronnades au service des badauds, des voyeurs en mal de sensations.
Depuis quatorze ans du règne de l’héritier dynastique, nous assistons à une foire aux tintamarres, aux fracas d’annonces où le tambour de la plaisanterie résonne à tue-tête pour simuler une sincérité gonflée de parures de pacotille à laquelle, même les crédules de naissance si longtemps abusés, ne croient plus. Ils se sont tous éveillés de la ritournelle exaspérante des rêves sans mérite d’un homme d’une extériorité creuse qui s’amuse à la production d’emballage oratoire échancrée par la déraison et le fallacieux.
Que diantre! Les années se suivent, se remplissent de superflu, les nullités étincelantes et le roitelet de la succession dynastique vole d’innovation en innovation pour un itinéraire de tromperie aux drames multiples. Son premier chantier à la fanfare de la tragédie politique est «l’Education gratuite» ou «l’école gratuite» dont un bilan effarouche la conscience nationale et humaine. Puis vient péremptoirement un « lui; c’est lui; moi c’est moi » avec toutes les formes aggravées du feu de la répression jusqu’aux infanticides. La réforme de la justice a plutôt ses modules de délinquance judiciaire, d’impunité et son parapluie atomique pour protéger la fameuse minorité « fauriste » qui accapare la richesse nationale sous l’œil amusé d’un chef assis sur des institutions fossilisées. Que dire des états généraux de l’éducation et de la santé qui ont fleuri la rhétorique politique de l’ « homme simple »? Qu’a-t-il fait du long travail et fastidieux efforts de la Commission Vérité, Justice et réconciliation? Le Togo émergeant de ses crimes économiques, des détournements de deniers publics, de ses banques de la faillite, de ses sociétés d’Etat débaptisées et rebaptisées sans audits est sous nos yeux hagards.
Le plan d’un Togo ouvert aux usuriers de la finance nous remet dangereusement dans l’esclavagisme de la dette.
Comment peut-on imaginer un Plan National de Développement sans franchement une politique généreuse de la consommation, sans un fouet minimal au pouvoir d’achat?
Qu’y a-t-il de sérieux dans une politique d’incitation à la pauvreté, à l’indigence qui détrousse les citoyens et les condamne aux faux frais?
Comment concilier une fracture tragique du pouvoir d’achat de la grande majorité ruinée par la spoliation autoritaire de l’Etat avec un Plan National de Développement?
Dans quel pays du monde l’augmentation abusive des produits pétroliers a-t-elle provoqué le miracle de l’essor ou plutôt l’envol de l’épervier?
1) Une tragi-comédie d’un PND
S’il faut exercer le pouvoir d’usurpation dans la nullité de l’effort pour offrir des commodités existentielles à nos populations, et soudainement à la fin du troisième mandat de la rapine électorale s’échiner à caqueter un Plan National de Développement, il faut avouer que l’amateurisme de la gouvernance est à l’origine de tous les drames. Un règne sans mérite est dans sa phase ultime de certification dans ce Plan National de Développement qui ne sait pas adjoindre les principes élémentaires de la consommation à l’essor économique.
Les conditions de vie de notre peuple, en ville comme en campagne, se confondent à une époque médiévale où le rustique et le rudimentaire font le quotidien de nos concitoyens qui, trop souvent, n’ont de l’eau potable ni les moyens de s’offrir un bon repas chaud quotidiennement malgré les richesses et les potentialités du sol et du sous-sol de ce coin du globe béni du ciel.
Ailleurs, certains chefs d’Etat d’Afrique n’ont fait que quatre ans pour donner une conscience nationale de responsabilité à leur peuple et les propulser sur la voie des prodigieux efforts dont les effets ont chassé la faim, l’illettrisme, la corruption, l’injustice sociale et sexuelle, le pillage des ressources nationales. Chez nos voisins de l’Ouest, deux mandats de RAWLINGS étaient suffisants pour positionner le Ghana sur le podium du miracle économique, social, technique, technologique, éducationnel…
Le vrai problème du « Timoniertricule » demeure l’inconsistance de sa personnalité politique qui baigne dans des simulacres à haut débit de superflu avec des institutions postiches à provoquer le dégoût et la nausée des résultats des engagements et promesses. Le superflu dénote du désir de paraître.
Or, l’Etat est une réalité politique, sociale, économique, civique, éthique, morale et une dynamique technique, technologique qui exige des performances pour exister, progresser, « compétir », avec la marche du monde et répandre du bonheur à l’échelle de la cité. Quand un chef ne sait pas chérir la justice et l’équité, il fausse tout et l’humain-patron qui l’attache à toute la cité devient introuvable.
Les gesticulations et les matraquages publicitaires pour encenser l’imaginaire politique d’un Plan Nation de Développement n’inspirent la moindre confiance aux Togolais qui ont déjà l’expérience de la rhétorique d’un homme aux pétards du parjure, des annonces creuses, des faussetés institutionnalisées et des prodigalités ruineuses pour notre pays. Nous savons avec BOSSUET dans Oraison funèbre de Marie Thérèse d’Autriche, reine de France, que: « Nos vrais ennemis sont en nous-mêmes ».
Il n’est pas possible à un peuple de croire à un chef qui n’a aucune sincérité dans ses promesses, dans ses annonces et qui se moque de la Constitution autant que du Code électoral. En quatorze ans, Faure s’est totalement révélé à l’opinion nationale dans une exclusive volonté de puissance sur des institutions de la ruine comme par exemple la Justice, l’Assemblée nationale, les délégations spéciales, l’éducation, la santé, les banques nationales, les sociétés d’Etat….
Comment s’asseoir sur des ruines sonores en quatorze longues années durant et brutalement s’éveiller à diffuser un plan de Développement qui casse le pouvoir d’achat et détrousse les populations?
L’ « homme simple », de son simplisme ambiant, ignore la qualité de l’intelligence de ses concitoyens. Sa personnalité souffre d’un devoir de sincérité intrinsèquement éthique qui érode, détruit tous les projets, parce qu’il n’existe aucun emballement populaire d’accompagnement de ses rêveries solitaires.
La matrice économique, c’est la consommation des ménages. Si vous cassez le pouvoir d’achat de la grande majorité des citoyens, la détresse des ménages tue la rentabilité des entreprises et gèle la productivité. Par conséquent, il n’y a pas de dividendes à entrevoir dans un Plan de Développement National qui élève par fantaisie les produits pétroliers. L’hypothermie de la consommation rend l’économie inopérante et le développement impossible. Elle guillotine les entreprises, impose l’insolvabilité des impôts et ouvre le boulevard aux trafics illégaux et à toutes les formes d’arrangements pervers. Marcel AYME a raison de dire, dans Vogue la galère: « Nos bonnes actions sont souvent plus terribles que nos péchés ». Nous pouvons redresser quelque peu l’auteur et dire: « Nos intentions sont souvent aussi terribles que nos péchés ».
2) PND, le dernier mort-né
Le prince héritier des effractions autoritaires n’a point d’envergure ni de prestige à convaincre de ses chimères politiques, de ses promesses évanescentes, de sa faillite sonore, de ses initiatives légères. Tous ceux qui ont émis de sérieux doute sur sa dernière trouvaille de Plan National de Développement ont maintenant l’assurance que ce machin de tromperie n’a aucune force à provoquer une dynamique économique, une promotion sociale du citoyen et à engendrer une production de la richesse.
La marche à reculons de Faure est invariablement la même et le fracas d’errance reprend ses droits à la lumière d’un relèvement fantaisiste des prix des produits pétroliers qui guillotine le pouvoir d’achat des Togolais dont la grande majorité n’arrive pas à s’offrir deux repas propres par jour.
Le fils du père ne fait rien autrement qu’en le défaisant et respecte sa stérilité politique par ce manège à renfort médiatique, PND, une ruine de l’esprit aux incohérences plantureuses.
Même le plus empirique des opérateurs économiques et la plus dilettante des étudiants de la faculté de gestion ne sauraient commettre l’erreur grossière d’échafauder un Plan de Développement en agissant, en premier lieu, sur le relèvement des prix des produits du pétrole dans un pays qui n’en produit pas une goutte et dans un contexte mondial qui ne souffre d’aucune flambée du brut. Les facteurs opposants du PND sont brutalement activés, la consommation est mise en berne, le ralentissement économique s’accélère, les entreprises sont immédiatement dans une situation de mévente et le chômage devient ascendant…
La conscience nationale se convainc de ce que le bidule du PND est une moquerie à l’endroit de l’intelligence de notre peuple qui connaît très bien les faussetés ampoulées de la médiocrité supérieure de nos gouvernants, de surcroît cupides, avides d’argent pour des prodigalités monstrueuses et pour l’achat de consciences. A chaque fois que l’Etat commet l’erreur de se remplir les poches en agissant sur le carburant, il ouvre le boulevard à la contrebande, aux trafics illicites et aux arrangements véreux. Quelle que soit la férocité de la répression contre l’essence aux abords de nos rues, le pléthore croissant des jeunes qui se livrent à ce commerce nous donne la preuve que le recul de la contrebande n’est pas pour demain.
Dans les grandes actions, ceux qui ne savent pas que la vertu et le bon sens sont les meilleurs ressorts de la réussite meurent trop vite de leur bricolage et de leurs prétentions faciles. Avec Faure GNASSINGBE, ce pays s’est installé dans le factice et le gouffre des incertitudes. Or, c’est la sécurité et la paix civile qui confèrent à l’Etat son rôle, sa fonction, son existence, sa confiance
Le Plan National de Développement « fauriste » est le dernier gros mensonge d’Etat qui diffuse sa nausée à la conscience nationale parce qu’il détricote ce soupçon de lamelle du pouvoir d’achat que nos concitoyens peinent à préserver. Nous savons désormais ce que vaut le tintamarre politique de ce PND qui s’inscrit dans les ordures insoutenables de la fanfaronnade et nous rappelle ce qu’écrivait déjà Jean-Paul MARAT, dans Les Chaînes de l’esclavage: « Pour enchaîner les peuples, on commence par les endormir ».
Source : www.icilome.com