Le pays va mal. Ce n’est ni un scoop moins encore une révélation, c’est un constat. Tout le monde, à quelque niveau qu’il soit, vit un pays malade. Malade de ses gouvernants, malade de sa corruption, malade d’une gestion précambrienne, malade de ses choix politiques, d’une société désagrégée. Pire, le diagnostic ne donne pas un simple malaise que quelques remèdes maison peuvent combattre. Le mal est profond, c’est une gangrène avancée, les faits sont révélateurs. A la crise politique est venue s’additionner une crise sociale sans précédent. Du Togolais ordinaire vers l’élite, l’accumulation de la haine est forte. A quelques exceptions près, tous les secteurs vitaux sont essoufflés, l’économie, la politique, les contre-pouvoirs et régulateurs publiques. Même les pays qui ont connu la guerre s’en remettent et n’ont plus rien à envier au Togo. Dans la gestion des hommes, quand l’autorité perd la main jusqu’à un certain niveau, c’est le début de la fin. L’on a entamé le chemin de non-retour, sauf que, aucune promesse concrète ne permet d’entrevoir une fin. Pour le moment le prince s’accroche, le débat sur son départ s’invite de plus en plus dans les échanges, mais aucune décision substantielle n’est prise. Les reformes politiques promises se font toujours désirées. Et les analystes estiment que si le prince est sérieux dans sa volonté de passer la main, c’est par là qu’il doit commencer.
Sur le plan économique
Tous les secteurs vitaux de l’économie nationale sont en berne. Le Port Autonome de Lomé. Les activités maritimes qui se faisaient naguère au port autonome de Lomé sont dans leur grande majorité tournées vers les ports voisins. Comme si cela n’était pas assez, toute la gestion du port est privatisée. Le dernier maillon à être concédé est la capitainerie. L’Espagnol Balouda est depuis ce 1er Janvier 1017 celui qui gère l’un des plus grands maillons de la capitainerie. Avec ses remorqueurs et autres instruments de travail, il lui appartient de décider du lamanage, du remorquage, de l’escortage et de l’accostage des différents navires qui passent dans nos eaux. La concession de ce maillon sensible du port a été tellement controversée que, à sa signature, bien que la chaîne mère y fût, l’on a dû la demander de sursoir momentanément à la publication du reportage, le temps de préparer l’opinion. Dans le fonctionnement d’un port, la capitainerie ne doit être privatisée contre rien au monde. Normalement c’est un secteur stratégique et de souveraineté nationale. Avec cette privatisation, si par exemple il arrivait demain que la société ait des problèmes avec l’Etat, celle-ci peut décider de retirer ses engins de travail et le port est paralysé parce que sans ses services aucun bateau ne peut accoster. Si à ce moment précis le pays a, par exemple, une urgence médicale suite à une épidémie et qu’une commande attend d’être déchargée ou un armement commandé pour repousser un ennemi attend sur les eaux, imaginez la suite. C’est là que notre pays est arrivé. Dans le domaine médical, actuellement l’on a beaucoup avancé vers la contractualisation dans la gestion des centres de santé. Depuis qu’un aspect sensible de la sécurité nationale est géré par les étrangers, qui sait si demain on ne pensera pas à privatiser même les camps militaires. Dès que ce département de la capitainerie est passé aux mains des privées, la capitainerie n’est plus qu’une épave. Le port ne vaut plus que par quelques vagues de Mer, toutes les opérations sont au point mort. Les activités qui ont le vent en poupe, ce sont les trafics. Et pourtant, il faut bien que cette porte d’entrée se porte bien pour que les recettes fiscales et douanières soient en forme. Nous vous disions que quand les activités sont en grande forme, 80% des recettes douanières sont portuaires.
Le sous-sol
L’exemple le plus flagrant de la mauvaise gestion est la SNPT. En 1974, un 24 janvier, feu Eyadema échappait à un attentat à Sarakawa. Entre autres raisons de cet accident attribué au colon, il y avait la volonté de Gnassingbé Eyadema de nationaliser l’extraction des phosphates. Cette mine, Eyadema en faisait une fierté nationale. C’est à cœur joie qu’il racontait à chaque occasion sa volonté de nationaliser ce minerai comme un fait d’arme d’un nationaliste, un acte de bravoure qui a failli lui couter le sacrifice suprême. Mais aujourd’hui, que reste-t-il de ce héritage ? Une colline d’argile avec un archaïque outil d’extraction, le tout bazardé aux mains des juifs pour des raisons qu’aucun bon sens ne saura admettre. Du père au fils, même pays, même minerai, le père le nationalise au prix de sa vie, le fils le privatise pour protéger sa vie. Présentement, outre ce minerai, depuis 2008, le fer de Bassar est privatisé au profit de MM MINING pour 20 ans, une partie du calcaire de Tabligbo depuis 2009 pour 20 ans au profit de SCANTOGO-MINE et le marbre de PAGALA depuis 2010 au profit de POMAR pour 20 ans aussi. Bref tout le sous-sol est privatisé. C’est donnés sont fournies par le rapport ITIE 2914. Que rapporte cette privatisation à l’Etat ? A la lumière de l’article 55 du code minier, le Togo prend une participation non payante de 10% du capital social de ces sociétés. Chaque année, le trésor public reçoit des dividendes. Mais bien que l’une des plus grandes extractions minières reste le phosphate, pour 1014, 2015 et 2016, la SNPT n’a rien versé au trésor. Le trésor public attend d’elle, pour cette année, un payement cumulé des dividendes depuis 3 ans, selon les prévisions du budget de l’Etat gestion 2017. Si la contribution du second plus grand minerai derrière le clinker est insignifiante et incertaine, ne demandez pas ce que rapportent les autres minerais. C’est dire que le sous-sol ne participe qu’à une portion congrue à la construction du pays.
La corruption et les sociétés d’Etat
Les sociétés d’Etat tombent en faillite l’une après l’autre. Même les banques ne sont pas exceptées. La BTD, FINANCIAL BANK, La BRS, mise en privatisation sont rachetées par le géant ORABANK. Bientôt on tend vers un jumelage BTCI-UTB, pour en faire une seule banque. Quand Togotéléom s’est essoufflé, on l’a associé à Togocel pour former présentement ‘’le Groupe Togotélécom’’, le processus a assez avancé. Quand une société tombe en faillite, au lieu d’évaluer les dégâts et de punir les criminels, on l’associe à une autre société ou on la privatise pour boucher les malversations. Pour gérer les postes sensibles, Faure Gnassinbé n’a plus d’hommes de confiance. La dernière tendance est qu’il préfère se tourner soit vers des gestionnaires privés soit vers des étrangers. Est-ce à dire que toute la machine est corrompue ? Pourquoi le chef de l’Etat n’arrive-t-il pas à discipliner ceux qui prospèrent dans les détournements ? Est-ce qu’il a connu, lui-même, des compromissions avec certains au point où il n’arrive pas à les rappeler à l’ordre? Est-ce qu’il a sa part dans le partage des fruits des détournements ? Difficile de répondre. La seule certitude est que, détourner les fonds publics au Togo n’est plus un crime. De la justice au milieu financier, quand les criminels veulent tordre le coup aux bonnes manières et que quelqu’un s’y oppose, ils trouvent anormale qu’on leur oppose un refus. Ainsi, pour se renseigner sur celui qui s’oppose à leur volonté, ils posent toujours une question souvent la même : « il est des nôtres non? ». Bref, quand on est du système il faut être complice de tous les coups.
La corruption, elle a atteint le sommet
Partout où passent les intérêts, elle s’invite. Il n’est plus possible d’avoir une quelconque garantie par rapport à la gestion du peu de recette qui sont centralisés après que chacun ait prélevé sa dime sur toute la chaîne. Le secteur des BTP semble un des plus atteints. Là, la machine est organisée en amont et en aval. D’abord, ne crée une entreprise BTP qui veut, mais qui peut. Pouvoir au Togo de nos jours, ce n’est plus avoir une qualification ni des compétences mais les relations, être « un des nôtres ». « Les relations valent mieux que les diplômes », c’est la formule qui circule de plus en plus. Alors, c’est quand une opportunité se dessine, quand on est assurée des appuis ici et là dans les chaînes de passation des marchés qu’on crée son entreprise BTP. Quand le réseau des parrains est solide l’entreprise prospère, le jour où les réseaux se désagrègent ou qu’il y a palabre entre les membres du parrainage, l’entreprise tombe. CECO-BTP en est l’exemple vivant. Pire, il n’est plus rare de voir des fonctionnaires de l’Etat créer des entreprises BTP avec des prête-noms. Membres du sérail, ils sont désormais à l’affut des meilleures offres. Les appels d’offres, ne valent que par leur formalité. C’est les mêmes qui préparent les appels d’offre ils sont derrière les entreprises concurrentes, si concurrence il y a, ils seront aussi présents pour suivre et évaluer l’exécution des marchés. Les bureaux de contrôle, c’est souvent une nébuleuse. On affiche le nom d’un bureau de contrôle, mais quand les travaux souffrent d’avancement, sont abandonnés ou mal exécutés, les pauvres journalistes les cherchent de midi à quatorze heures sans espoir. C’est le cas par exemple dans la mauvaise exécution des contournements de la faille, de Bafilo et de Défalé. C’est travaux ont été très mal exécuté. L’entreprise a dû reprendre à plusieurs endroits. Notre Rédaction était parmi ceux qui ont dénoncés une mauvaise exécution au moment où la détérioration de la nouvelle route n’était même pas visibles. Mais le bureau de contrôle, on le dit à cheval entre le Mali la Côte D’Ivoire et le Togo. Toutes nos tentatives pour interroger ses responsables ont été sans suite. Ce bureau a été complice de la mauvaise exécution de ce chantier par une entreprise chinoise, mais cela ne l’empêche pas d’être encore sur d’autres chantiers. Dans ce secteur, les voleurs de la Républiques opèrent allégrement et ils semblent être vraiment à l’aise. Ils n’ont aucune crainte d’une quelconque hiérarchie. Les BTP étant un champ où tout se négocie en milliards, tout se passe comme si du plus petit au plus grand, chaque voleur partage sa part du gâteau avec sa hiérarchie. In fine, personne n’a peur de personne. Voilà possiblement une des raisons qui expliquent la longévité de certains à certains postes malgré qu’ils soient toujours englués de scandales. Actuellement, notre pays est l’un des plus endettés de la sous-région. Une des raisons de cet endettement est l’investissement à demi-teinte dans les bitumages.
L’autre exemple de la corruption en marche est le cas du bitumage avorté de la route Lomé-Vogan-Anfoin. Notre rédaction après des investigations avait pris le risque d’informer l’opinion que les ministres Ayassor, à l’époque l’argentier national, et Gnofame ont retenu une retro-commission de 10 milliards de nos francs. Certains ont estimé que c’était trop gros pour être vrai. De la HAAC à la justice en passant par la police, toutes les pressions étaient bonnes sur notre Rédaction afin qu’elle revienne sur les écrits, en vain. Jusqu’ici, la route n’est pas faite. L’un des ministres que nous avions doigté dans ce scandale, Gnofam N, après avoir marmonné quelques arguments devant les parlementaires, s’est payé le vilain plaisir de promettre la lune aux Togolais comme quoi ce chantier sera achevé dans le délai par l’entreprise CECO. Toute honte bue, cela n’a pas empêché au même monsieur de se déplacer sur ses petits souliers sur le même chantier afin de le réattribuer à une entreprise chinoise sans autre forme de procès. Quand une gestion des affaires publiques souffre d’une carence en communication, c’est qu’il y a des zones obscures à cacher. Dans les BTP ces zones s’appellent, fraudes et rétro-commissions. 10 milliards se sont envolés entre deux individus. Même le parquet n’a pu daigner ouvrir une enquête pour investiguer. Plutôt des juges aux ordres ont directement trouvé le plaisir d’inculper le pauvre journaliste pour rendre service aux accusés à travers des procédures escamotées.
Pendant qu’on y est, il faut ajouter que le secteur de la justice reste encore une énigme. Malgré la sentinelle de l’inspection de la justice, les justifiables ne sont pas encore sortie de l’auberge. Il nous revient de plus en plus des dossiers dans lesquelles les juges se compromettent et nagent dans la corruption comme le diable dans l’eau bénite. Les grands dossiers d’argents sont des occasions pour se remplir les poches. Les criminels les plus redoutés recouvrent aisément leur liberté pour peu qu’ils envoient quelques émissaires faire les yeux doux à l’instructeur. Entre employés et employeur, très rares sont les dossiers de dédommagement qui aboutissent au profit des employés devant monsieur le juge.
A la lecture du budget de l’Etat Gestion 2017, la dette intérieure et extérieure font presque le double du budget voté pour l’exercice en cours. Les dépenses publiques de l’exercice 2017 sont évaluées à 1218,7 milliards. Les intérêts sur les dettes intérieures et extérieures s’élèvent à 56,4 milliards de CFA. De ces chiffres, s’il se révèle que la dette intérieure est presque égale au budget voté, il va sans dire que les opérateurs économiques et autres prestataires qui ont rendu des services à l’Etat attendent d’être payés. Ceci bloque leurs activités et donc l’économie du pays. En un mot, les dirigeants gèrent présentement le pays à crédit sur le dos des générations à venir.
Pour corroborer le tout, l’OTR
Sollicité pour assainir la collecte et la centralisation des recettes publiques, notamment, celles des impôts et de la douane, si le commissaire général est révoqué avant la fin de son mandat sans que l’autorité en donne des motifs, c’est qu’il y a de bonnes raisons de penser que la corruption est passée par là. Dans un précédent dossier, nous avions fait lire les raisons officieuses de ce départ, selon nos sources. La grogne sociale, elle autre reste insatisfaite. Au gré des cycles, on préfère corrompre l’élite syndicale pour déplacer les revendications.
Les recettes sont démolies par la mauvaise gestion et tout ce qui porte le sceau de l’Etat tombe en faillite.
Pendant ce temps, les besoins sociaux attendent. Jusqu’où peuvent-elles attendre ? La vie chère, elle autre, est encouragée par le comportement des dirigeants. Un simple exemple, dans un pays où au nom de la libre concurrence il n’a aucun contrôle sur les prix de la plupart des produits sur le marché, un dirigeant, si médiocre soit-il, sait que toute hausse de prix des produits pétroliers de la part de l’Etat suscite directement la hausse anarchique des prix sur le marché. Au Togo, du 10 octobre 2005 au 16 janvier 2014, la structure des prix des produits pétroliers a connu huit (08) aménagements à la pompe dont six (06) à la hausse. Mieux, ces aménagements successifs opérés par le gouvernement ont été causé par l’introduction des nouvelles taxes et impôts et autres frais aux charges du contribuable togolais. A chaque fois que les prix des produits pétroliers grimpent, les commerçants font flamber les prix. D’en haut l’Etat manipule les prix des produits sous son contrôle au gré de ses besoins, d’en bas, le vendeur joue à l’inflation. Le consommateur est écrasé au milieu, puis le mécontentement grandit. Et pourtant il existe de fort belles manières pour stagner les prix des produits pétroliers. De ce constat, nous sommes tentés de dire qu’il existe une race d’autorités qu’on a juste déposées à certains postes de responsabilité. Elles sont seulement la, quand le soleil se lève elles sortent de la maison, quand le soleil se couche, elles rentrent se coucher. Comment répondre aux attentes qui sont sous leur responsabilité n’est pas leur souci. Tout le tissu social est à terre.
Même mon métier
On commence par se poser une question, est-ce qu’il faut un jour imposer la prestation de serment aux journalistes, avant toute entrée en service. Là encore, les magistrats prêtent bien serment, cela ne fait pas d’eux, un corps exemplaire. Notre corps de métier est pestiféré par la corporation des donneurs d’alerte, des donneurs de leçons. Ce métier noble est en passe de devenir, s’il ne l’est pas déjà, un levier pour la corruption. Quand des journalistes révèlent des scandales, c’est bien d’autres journalistes qui défendent les mis en cause contre des menus fretins. Pire, ils deviennent de plus en plus nombreux à vivre de l’arnaque. Il existe une race qui ne publie les dossiers dans leurs organes que quand ces dossiers n’ont pas pu être marchandés, quand l’arnaque n’a pas marché. Ils sont nombreux dont les faits d’arme sont cités ici et là. « En même temps est mieux », c’est leur devise, tout le monde veut changer de veste, de voiture, se taper une maison, peu importe, si chemin faisant il faut déplacer les mœurs. Ce côté de la dérive, la HAAC ne le voit souvent pas, elle préfère s’acharner contre ceux qui ont un ton qui déplait. La nouvelle tendance dans la presse est que, si l’élite est en déconfiture il vaut mieux l’accompagner pour trouver son pain. Il n y a plus personne pour sauver la barque, s’il est vrai que le corps judiciaire est en perte de valeurs, il est aussi vrai que dans notre corps de métier, il devient de plus en plus anormal d’être normal.
Quand un pays atteint ce niveau, il faut y réfléchir
Nous ne sommes pas des prophètes, toi qui lit cette analyse pense, peut-être la même chose que l’auteur de l’écrit, à la différence que notre métier nous permet, dans la mesure du possible, de dire tout haut ce que tout le monde pense tout bas. Nous le dirons, les concernés à tous les niveaux se connaissent. Ils ne sont pas obligés de nous prendre au sérieux, de croire en nos ‘’élucubrations’’. Le temps reste l’inébranlable témoin de l’histoire. Dans la gestion des hommes, seules les chanceux voient venir le danger, c’est aux chanceux que la providence montre des signes. Blaise Compaoré n’a pas vu venir, il a cru que c’était encore possible de soulever la poussière dans la boue. Celui qui aurait pu être présentement une référence dans la sous-région, est devenu un sans domicile fixe qui se déplace d’un pays à l’autre, d’une région à l’autre, au gré des évènements. La gestion des hommes n’est pas donnée à tout le monde, de ce fait, ceux qui s’y sont engagés sont à féliciter. Mais quand on s’engage, c’est qu’on a un minimum de qualité à vendre. Du coup, certaines bévues peuvent être impardonnables. La gestion des hommes c’est aussi un choix. Un choix, surtout quand il est politique, peut se révéler bon ou catastrophique. Ce qui est un meilleur choix pour ma génération n’est pas forcément un meilleur choix pour la génération de mon enfant. Au gré des contextes, ce qui est vérité en deçà des Pyrénées, peut se révéler une erreur au-delà, pour reprendre un philosophe. On peut donc faire des choix erronés à un moment donné, c’est pardonnable. Mais quand on constate une erreur et qu’on persiste, ça devient est crime. Sommes-nous au stade criminel de la gestion des affaires publiques? A vous la réponse.
Entre le Togolais lambda et l’élite dirigeante, qui perd quoi dans une fin catastrophique ? Ne tombe que ce qui est débout, le peuple togolais est déjà couché, il n’aura pas à tomber. Plus on monte haut, plus on tombe avec fracas. Mais, même quand on est en hauteur par la force de l’histoire, il est aussi permis de descendre sagement pour éviter de tomber.
Cette autopsie d’un difficile tournant sociopolitique doit interpeler. On peut être un autocrate éclairé quand on sait évaluer les dégâts, quand on sait se rendre compte que du moment où il n’est plus possible de remettre un pays sur pieds, il y a de forte chance qu’il continue à sombrer. Pour évaluer l’échec au Togo, il faut juste le comparer aux pays qui ont fait les guerres dans un passé récent. Quel que soit ce qu’on peut dire, ne serait-ce que sur le plan économique, il est difficile par exemple de ne pas admirer les réussites des pays comme le Rwanda. La lutte contre la Corruption et la Révolution économique dans ce pays sont appréciées. Le Rwanda occupe les premières places dans les classements internationaux. Monsieur Faure Gnassingbé a les qualités de bon voyageur. Quelle comparaison fait-il de son pays avec les autres ? A ce stade, peut-il relever le Togo ? Impossible depuis qu’une race de décideurs peut faire une majoration sur les produits pétroliers au nom du gouvernement alors que c’est sur les réseaux sociaux que des ministres en sont informés, depuis que des grandes opérations maritimes sous régionales se font dans les eaux togolaises sans que l’Etat prélève ses taxes parce que le port n’a aucun instrument de contrôle sur l’activité, depuis que le premier minerais sort du pays sans que les officiels en connaissent les quantités réelles, depuis que mon pays ne connaît pas le montant réel de sa dette publique parce que les trois départements qui évaluent la dette ne sont pas en synergie, depuis qu’on change des directeurs de société qui refusent de quitter leur poste, les exemples sont nombreux. Monsieur Faure Gnassingbé perd la main, j’ai des raisons de douter de sa capacité à se rattraper. Quand on ne peut pas faire de miracle, il ne faut pas perdre le temps.
Abi-Alfa/Le Rendez-vous N° 302
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