Face au déferlement des populations, le pouvoir en perte de vitesse Indices et paramètres du possible changement

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Face au déferlement des populations, le pouvoir en perte de vitesse Indices et paramètres du possible changement

Au lendemain du scrutin présidentiel d’avril 2015 au Togo, l’on était presque unanime sur le fait que le président élu, Faure Gnassingbé, disposerait de toute la latitude pour passer un quinquennat tranquille. Le coup de force opéré lors de la proclamation des résultats dudit scrutin par le président de la CENI Taffa Tabiou, la validation des résultats par la Cour Constitutionnelle, la timide protestation de l’opposition divisée sur fond de répression policière ont vite fait de remettre en selle celui qui était arrivé au pouvoir dix (10) ans plus tôt.

L’annonce par lui d’un mandat social auquel certains esprits ont cru a finalement sonné le glas de toute forme de velléité contestatrice, au pouvoir de rempiler sans pour autant prendre les vraies mesures des indices de la déflagration qui se profilait à l’horizon. Puis s’en est suivi comme d’habitude, la grogne en sourdine du peuple meurtri, sauf que pour cette fois-ci, les actions de libération du joug de l’oppression et de la misère seront de la partie. Un 19 aout 2017 en sera la première illustration. Voici quelques éléments qui pourraient faire basculer le pouvoir s’il n’y prend garde.

Gestion des manifestations en 2017 au Togo, comme 1990 ?

On le sait, la contestation frontale du régime de feu Eyadema, a été ouverte au Togo le 05 octobre 1990. A cette époque-là, le pouvoir était au bout du fusil et la plupart des régimes politiques en Afrique avaient pour socle l’armée. Le Togo n’a donc pas dérogé à la règle de la répression et pour ce faire, toutes les composantes de l’armée ont été mises à contribution. De la lagune de Bè à Fréau Jardin en passant par le camp du Régiment Inter-Armes (actuel Camp GGE), le massacre des populations tant civiles que militaires est un fait connu de tous. L’on est même allé plus loin en parlant d’épuration dans les rangs des forces armées, lorsqu’il est agi de massacrer les soldats qui avaient pris position en faveur du peuple dans la nuit du 24 au 25 mars 1993. Il faut noter que l’un des facteurs sociaux qui avaient contribué à cette situation et encouragé les bourreaux de l’époque dans leurs basses besognes, c’est le fait qu’il était difficile voire pratiquement impossible en ce moment d’alerter le monde entier en un clin d’œil sur ce qui se passait, la technologie n’étant pas développée.

Un quart de siècle plus tard, quand bien même les auteurs de ces atrocités ne sont plus quasiment sur la scène politique togolaise, le système et le régime restent et demeurent les mêmes. En témoignent les mesures qui sont adoptées depuis le 19 aout dernier ; Face au tollé suscité par le traitement infligé aux manifestants et conscients d’une plus forte mobilisation du peuple les 6 et 7 septembre, les technocrates politiques du pouvoir n’ont pas trouvé mieux que de jeter de l’obscurité sur le sort qu’ils ont réservé aux manifestants : coupure d’internet dans le seul but d’éviter la diffusion des images et vidéos des atrocités qui allaient être commises, répression dans le sang, violation flagrante des droits et de la dignité de la personne, tirs de gaz lacrymogènes jusque dans les domiciles dans certains quartiers, violence volontaire et gratuite des forces de l’ordre sur des individus.

Des actions qui vont se retourner contre le pouvoir en place

Ce que le régime de Faure Gnassingbé a semblé ignorer, c’est naturellement le fait que certaines actions que l’on présente comme des mesures de dissuasion sont plutôt contreproductives et provoquent des effets contraires à ceux qu’on attend d’elles. La coupure d’internet pendant plusieurs jours, outre le manque à gagner des sociétés fournisseuses, a entrainé un coup dur pour la majorité de la population qui peine déjà à survivre dans une atmosphère économique exsangue. La seule déduction que l’on peut naturellement faire de cette situation, c’est le fait que pour asseoir ses arrières le pouvoir a choisi d’affamer plutôt des milliers de Togolais, faisant automatiquement d’eux des opposants si ces derniers jusque-là le ménageaient encore. Le mensonge qui a d’ailleurs entrainé cet acte n’a fait qu’exacerber l’indignation des uns et des autres. Face à Gilbert Bawara qui affirmait que ce n’est pas le pouvoir qui contrôle internet dans le pays, Noupokou Damipi déclarait plutôt que le gouvernement a pris la décision de couper l’internet, le tout dans un silence total de la première personne concernée, Cina Lawson, ministre des Postes et de l’Economie Numérique.

Par ailleurs, les images et vidéos de la répression des 6 et 7 mises en ligne même plus tard ont suscité des vagues d’indignation dans l’opinion. Si, vouloir faire le plus de mal possible en vue de décourager a été l’idée originelle, il va sans dire aujourd’hui que le vrai visage du régime de Faure Gnassingbé a été découvert notamment en ce qui concerne les questions des droits de l’homme et des libertés publiques pour lesquels le gouvernement togolais est expert dans le saupoudrage des faits. L’autre fait qui milite en défaveur du régime en place à Lomé, c’est le règne élastique des Gnassingbé. Cette situation naturellement passe mal dans l’opinion surtout internationale. En plus de cela, le fait que Faure Gnassingbé a toujours refusé de limiter les mandats présidentiels l’isole de plus en plus parmi ses pairs qui un à un lui retirent leurs soutiens peu à peu. Par ailleurs, la nouvelle dynamique dans laquelle se trouve l’opposition togolaise aujourd’hui et qui est caractérisée par une unicité d’action et une solidarité agissante des forces démocratiques laisse peu de marge aux voix discordantes au sein de ce regroupement.

D’ailleurs certaines organisations sérieuses de la société civile jouent le rôle de veille et d’alerte dans ce sens. Devant cette situation et au vu du relais conséquent des informations que font les medias internationaux sur la situation du Togo, pays dont le chef de l’Etat est président en exercice de la CEDEAO, l’on peut affirmer le régime de Faure Gnassingbé est bien en mauvaise posture.

Kossi Ekpé

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