Exilés politiques. Ce n’est sans doute pas la priorité. . Personne n’en parle au sommet. Mais ailleurs, même le méchant (sic) Ouattara pense au retour au pays de ses détracteurs. Le dernier de la liste, c’est Charles Blé Goudé…
Charles Blé Goudé peut enfin rentrer au pays. L’ex-leader de la jeunesse estudiantine et bras droit de Laurent Gbagbo en a reçu le 30 septembre dernier l’autorisation de la part du Président ivoirien Alassane Ouattara. L’information révélée par Jeune Afrique a été confirmée par son parti, le Congrès panafricain pour la justice et l’égalité des peuples (COJEP). Cette autorisation vient mettre fin au suspense et aux doutes du concerné et ses proches depuis son acquittement définitif par la Cour pénale internationale (CPI) pour crimes contre l’humanité et la réception de son passeport ordinaire en mai dernier. Il ne reste désormais qu’à Charles Blé Goudé de fixer la date de son retour au pays. Et ce serait le nième retour d’exilés politiques ou détracteurs d’ADO, en tout cas des plus retentissants, après celui de son idole Laurent Gbagbo en juin 2021.
Pléthore d’exilés politiques au Togo
Il en existe au Togo. Le plus récent, c’est sans doute Agbéyomé Kodjo. L’ancien Premier ministre et candidat de la Dynamique Monseigneur Kpodzro (DMK) à la présidentielle du 22 février 2020 paie pour sa contestation des résultats et de la victoire proclamée de Faure Gnassingbé. Après la levée de son immunité de député le 16 mars 2020, celui qui s’affuble du titre de « Président démocratiquement élu » du Togo s’est vu arrêter et présenter à la justice. Pour sa libération, il lui a été imposé plusieurs conditions dont l’interdiction de remettre en cause les résultats du scrutin. Mais il viola l’interdiction dans une interview et dut prendre ses jambes à son cou. Dans la foulée, un mandat d’arrêt international sera lancé à son encontre en juillet. Depuis, l’homme erre à travers le monde, en tout cas loin de sa terre natale, dans un « champ de maïs ». Il est toujours en exil avec son père spirituel Mgr Philippe Fanoko Kpodzro, même si au sein du régime, on met ses dix doigts au feu et insinue que le prélat, lui, n’est nullement à l’extérieur par la faute du pouvoir en place.
Tikpi Atchadam, lui, paie son culot (sic) de 2017. Des manifestations de contestation, il y en avait eu avant cette année-là. Mais jamais le régime n’était aussi ébranlé. Les manifestations initiées par le patron du Parti national panafricain (PNP) avaient ceci de particulier qu’elles avaient embrasé tout le pays et même la diaspora. La synergie créée avec le reste de l’opposition à travers la Coalition des 14 partis (C14) avait dopé la mobilisation et le pouvoir avait juste manqué de tomber. Faure Gnassingbé fut sauvé de justesse grâce aux effets combinés de la ruse et de la naïveté de l’opposition. Pour le clan au pouvoir, une telle audace, ça se punit. Contrairement au cas Agbéyomé Kodjo, même si on l’avait accusé de terrorisme, de djihadisme et traité de tous les noms d’oiseaux, Tikpi Atchadam n’est formellement poursuivi de rien et aucun mandat d’arrêt n’a été lancé à son encontre. Mais il était devenu une menace. Sa vie étant en danger, il dut prendre la poudre d’escampette et n’est plus revenu depuis cinq (05) ans.
François Boko, l’ancien ministre de l’Intérieur et de la Sécurité, est en exil depuis 2005. Il n’a commis aucun crime, en tout cas vis-à-vis de la loi. Son seul péché, c’est d’avoir osé alerter le monde, suite au décès d’Eyadema en 2005 et face aux signaux alarmants qui marquaient le processus électoral pour l’élection de son successeur, sur le danger qui planait. Sa démission surprise à moins de 48 heures du scrutin fut mal digérée par le régime. Il était devenu une cible à abattre.. Impossible pour les chancelleries occidentales de le protéger à Lomé. C’est alors que son exfiltration fut organisée. Depuis dix-sept (17) ans, l’ancien gendarme vit en exil. Devenu avocat au barreau de Paris, il assure des consultations au profit des structures onusiennes. Entre-temps, il avait voulu revenir au pays et avait mis à contribution les grandes puissances occidentales. Tout fut négocié avec le régime de Lomé. Mais au dernier moment, le pouvoir fit volte-face sur fond de menaces. C’est ainsi que François Boko est resté en exil.
Olivier Amah, Koffi Kounté, la liste des exilés togolais est longue… Faure Gnassingbé est indifférent au sort de tout ce beau monde, maintenu de fait en exil par le régime qui ne fait rien pour leur retour. Dans certains cas, il s’y oppose même.
Mauvaise publicité et refus de décrispation politique
Alassane Ouattara est loin d’être un parangon de vertu. C’est même l’un des dirigeants mal-aimés de l’espace CEDEAO ou de tout le continent, pour ses liens réels ou supposés avec Paris. Il suffit de voir les réactions des internautes sur les réseaux sociaux sur sa position face à la question du Franc CFA, dans le dossier malien, notamment des 49 militaires ivoiriens, pour s’en rendre compte. Le dirigeant ivoirien a toutes les raisons de tenir éloignés de la Côte d’Ivoire ces acteurs politiques, comme il le fait d’ailleurs à son ancien garçon de course (sic) et bras armé de la rébellion Guillaume Soro. Gbagbo, Blé Goudé l’ont combattu avec des armes, ses partisans ont été (aussi) tués…Mais le « méchant » Ouattara peint même parfois comme un monstre (sic) a encore du cœur, même si ses gestes ne sont pas dénués d’intérêts ou de calculs politiciens.
En effet, que ce soit Laurent Gbagbo, Charles Blé Goudé ou autres personnalités de l’ancien régime graciées dont Simone Gbagbo, Alassane Ouattara compte les utiliser à des fins de réconciliation nationale. C’est le deal qui a été proposé à Gbagbo pour favoriser son retour au pays, et certainement à Blé Goudé aussi. Cela transparait même dans le communique rendu public par son parti à l’annonce de la bonne nouvelle de son autorisation à rentrer. « Dès son retour, le Président du COJEP entend prendre toute sa place, pour pleinement jouer sa partition dans le processus de réconciliation en cours dans notre pays, la Côte d’Ivoire », lit-on dans un communiqué signé du Porte-parole du COJEP, Dr Patrice Saraka.
Tirer les dividendes politiques, c’est ce que fait Alassane Dramane Ouattara du retour au pays des exilés politiques ivoiriens, notamment ces acteurs qui en ont voulu à son pouvoir et devraient toujours lui en vouloir. Faure Gnassingbé aussi pourrait faire de même en autorisant ou favorisant le retour des exilés politiques togolais. Cela participerait énormément à la décrispation du climat politique .Pendant qu’il s’illustre en chantre de la paix en jouant le médiateur dans la crise malienne et notamment dans l’affaire des 49 militaires ivoiriens, ce serait un bon signal qui épouserait agréablement cette nouvelle posture. Mais il n’en a cure. Bien plus, son régime se dresse contre leur retour. La preuve manifeste, c’est le cas de François Boko, empêché au dernier moment de rentrer en 2020. Que dire des cas Agbéyome Kodjo et Tikpi Atchadam ? Cela semble l’arranger de maintenir ses opposants en exil ou en prison. Même ceux qui n’ont pas été contraints à l’exil et sont restés au pays, ne sont pas libres de mener leurs activités politiques, subissant des entraves de toutes sortes. Voilà donc la méthode Faure Gnassingbé.
Source: presse-alternative.info
Source : 27Avril.com