Le projet de budget 2024-2025 prévoyant des hausses de taxes a été l’étincelle ayant mis le feu aux poudres au Kenya. Avec à la clé des dizaines de morts, victimes de répression lors des manifestations, selon les organisations des droits de l’homme et aujourd’hui la démission de William Ruto exigée par les manifestants. L’atmosphère n’a jamais été aussi délétère qu’aujourd’hui dans ce pays. Contrairement aux premiers jours de manifestations qui se sont enchaînées à partir du 18 juin, celui de mobilisation du 25 juin a connu un remous des plus tragiques : la prise du Parlement par des manifestants sur fond de vote du projet de budget 2024-2025 décrié. La police a alors tiré à balles réelles sur la foule, occasionnant donc autant de victimes. Le lendemain, le Président kényan William Ruto a annoncé le retrait du projet de budget, regrettant au passage que ces manifestations aient « entraîné des pertes de vies humaines et des destructions de biens ». « Je dirige un gouvernement, mais je gouverne aussi un peuple. Et le peuple a parlé. », a-t-il déclaré enchaînant : « Après avoir écouté attentivement le peuple kényan, qui a dit haut et fort qu’il ne voulait rien avoir à faire avec ce projet de loi de finances 2024, je m’incline et je ne promulguerai pas le projet de loi de finances 2024, qui sera par conséquent retiré ».
Si pour William Ruto les manifestants ne méritent le traitement qu’ils ont subi, il a promis de veiller à ce que les responsables soient poursuivis en justice. Les membres du gouvernement ont eux fait les frais de la situation sociopolitique qui prévaut au pays. Afin de « répondre au fardeau de la dette, augmenter les opportunités d’emploi et lutter contre la corruption », William Ruto a annoncé jeudi 11 juillet le limogeage de la quasi-totalité de son gouvernement, hors le ministre des Affaires étrangères et le vice-président kényan. « Je vais immédiatement engager de vastes consultations à travers différents secteurs et formations politiques, dans le but de définir un gouvernement à base élargie qui m’aidera à accélérer la mise en place de mesures – nécessaires et urgentes – pour répondre au fardeau de la dette, augmenter les opportunités d’emploi et lutter contre le dragon de la corruption », a-t-il déclaré. Reste à savoir si cette décision achèvera de calmer une jeunesse qui exige maintenant la démission pure et simple du chef de l’État lui-même, témoin le hashtag #RutoMustGo (« Ruto doit partir ») sur les réseaux sociaux. On peut ne pas aimer la politique du successeur de Uhuru Kenyatta, mais la célérité avec laquelle il a réagi ne peut qu’être saluée dans une Afrique où les manifestations du peuple sont souvent réprimées dans le sang et laissées sans que solution soit trouvée à la crise ayant occasionné ces manifestations. On voit là un chef d’État qui non seulement reconnaît ses torts, mais tient à ce que les coupables de meurtre soient punis selon la loi. Ce qu’on ne voit pas dans des républiques bananières où les manifestations riment des fois avec répression sanglante, mort d’homme. En toute impunité.
SK
Source: Le Correcteur / lecorrecteur,info
Source : 27Avril.com