Déjà plusieurs manifestations de rue sur toute l’étendue du territoire togolais pour le retour à la Constitution de 1992, mais le pouvoir Faure Gnassingbé continue de faire le sourd en s’enfermant dans un mutisme. Pire, il interdit les marches en semaine, en violation de la loi sur les manifestations publique au Togo. Dans un entretien accordé à notre Rédaction, le président du Parti des Togolais, Nathaniel Olympio indique que le pouvoir doit se raviser et privilégier la voie de la raison, pour ne pas faire en sorte que le peuple togolais se sente obligé d’aller chercher lui-même sa constitution. Lisez plutôt !
icilome.com : Refuser de rencontrer la délégation de l’OIF, n’est-ce pas fermer la porte au dialogué ?
Nathaniel Olympio : Je pense que les Togolais doivent être informés et bien informés. Il faut rappeler qu’il y a environ 10 jours, nous avions reçu l’appel de l’Organisation internationale de la Francophonie via son bureau à Lomé, qui nous a appelés pour nous donner un rendez-vous. 2 heures avant le rendez-vous, nous avions reçu un autre appel pour annuler le rendez-vous. C’est vrai qu’à l’époque, nous n’avons pas du tout communiqué sur ça, parce que nous n’avons pas trouvé matière nécessaire à faire du bruit autour de toutes les rencontres que nous avons eues. Donc, ça a été annulé. On nous a donné des raisons comme quoi les gens ne sont pas arrivés. Plus tard nous avons tous suivi dans la presse internationale que cette délégation qui devait arriver a été récusée par le pouvoir qui ne voulait pas de cette délégation. C’est suite à cela que nous avons découvert dans la presse que l’OIF a produit un communiqué indiquant qu’une autre mission arriverait à Lomé conduite par Mme Aïchatou Mindaoudou. Il se trouve que cette dame a un passé au Togo qui est même passif avec le peuple togolais lors des événements de 2005 où son passage n’a pas été de bon souvenir aux Togolais.
Lorsque nous considérons la première mission qui a été récusée par le pouvoir, et que derrière ça nous avons une seconde mission qui vient, mais conduite par une personnalité qui a eu un passé très difficile à l’égard des Togolais, je pense que la coalition a mûrement réfléchi et a estimé qu’il n’était pas nécessairement bienséant, pour la mémoire des Togolais devenus martyrs depuis 2005, il était mal venu que nous puissions rencontrer cette dame qui a tenu des propos extrêmement durs à l’époque. C’est pour également préserver les échanges dans le futur que nous pourrons avoir avec l’OIF que nous respectons, que nous remercions d’ailleurs d’avoir porté son attention et son intérêt à la situation togolaise au point de dépêcher une mission. Mais la personne qui conduit cette mission ne semble pas de nature à faciliter le dialogue. La coalition a transmis une correspondance à l’Organisation internationale de la Francophonie, d’abord pour réitérer les remerciements, et pour indiquer que la coalition était ouverte à échanger avec l’organisation, mais une autre personnalité qui n’a pas ce type de passif. Donc, nous sommes ouverts à discuter avec ceux qui s’intéressent de manière sincère à la situation togolaise.
N’oubliez pas que nous avons déjà connu un cas similaire où nous avons rencontré des personnalités qui sont venues en faisant fi de leur passé au Togo, et derrière, nous avons vu que des déclarations qui ont été faites sur les médias internationaux à New York, disant que le référendum serait la bonne solution à la sortie de crise, alors que tous les Togolais sont diamétralement opposés au contenu du texte qu’ils prévoient soumettre au référendum.
Vous dites que vous n’avez rien contre l’OIF. D’aucuns pensent que vous personnalisez cette affaire d’Aïcha Mindaoudou. N’est-ce pas vrai ?
Non. Vous savez, quand vous avez un interlocuteur, pour que l’échange soit fructueux, franc et sincère, il est bon qu’il n’y ait pas de passif entre vous. Cette personnalité vient jouer un rôle de facilitation entre le régime et l’opposition, il est bon que tout ça se passe dans un climat de confiance. Si la confiance avait été ébranlée à un moment donné entre l’opposition et cette personnalité, il est difficile que les choses puissent se dérouler dans la sérénité et ce manque de confiance en cette personnalité est de nature à compromettre le rôle positif que pourrait jouer l’OIF dans notre crise. Il ne s’agit pas de jeter l’anathème sur cette organisation que nous respectons profondément, au contraire c’est de donner toute la chance justement à l’OIF de réussir en ayant en face de nous une personnalité qui ne fera pas polémique compte tenu du passé.
Vous organisez des manifestations dans les rues, le pouvoir vous répond par le silence. La CEDEAO soutient le référendum que prévoit le régime. Vous serez encore dans les rues le mercredi 18 octobre prochain pour marcher sur le siège de la CEDEAO. Y aura-t-il un changement de stratégie ?
Je pense que la déclaration conjointe faite par la CEDEAO, l’Union africaine et le représentant spécial du Secrétaire général des Nations Unies, est une déclaration qui porte atteinte aux revendications du peuple togolais. Nous avons toujours dit, et nous en sommes convaincus, que la CEDEAO doit être une CEDEAO des peuples, nous avons toujours été convaincus que l’Union africaine se veut une Union africaine des peuples, qui répond aux aspirations des peuples. Mais quand nous voyons ce type de déclaration qui est conforme à ce que veut le régime et qui ne contient absolument pas compte de la volonté du peuple togolais, je crois qu’il est de bon ton que les dirigeants politiques que nous sommes, nous puissions faire comprendre à ces institutions que leur démarche est une démarche qui ne répond pas aux aspirations du peuple togolais, et une démarche à risque, puisqu’elle ne fera que crisper davantage la situation qui est déjà difficile au Togo. On ne peut pas imposer aux Togolais d’aller au référendum, un référendum décidé unilatéralement par l’un des protagonistes de la crise, et sans aucune possibilité de prise en compte des réflexions et des revendications de l’opposition et du peuple togolais, une démarche unilatérale qui va seulement porter satisfaction au besoin de confiscation du pouvoir par le régime en place depuis 50 ans, je crois que c’est une grave erreur, sinon une faute que commettent ces institutions. Donc, il faut que les Togolais fassent comprendre que nous ne sommes pas d’accord.
Vous pensez que les marches feront revenir la Constitution de 1992 ?
Je pense que les Togolais se sont très largement prononcés. Si nous sommes dans un pays qui respecte les normes internationales, la sortie massive des Togolais sur plusieurs semaines, je précise que cette mobilisation va en augmentant. Les populations qui sont sorties le 6 septembre et celles qui sont sorties le 5 octobre, un mois plus tard, c’est sans commune mesure, les rues étaient inondées. Donc si nous avions été dans un régime attentif à l’expression populaire, je pense que nous aurions connu une évolution dans la situation politique. Ce régime est sourd. Ce régime ne tient pas compte du tout de la vie des populations, c’est une sorte de mépris à l’encontre du peuple togolais. Et donc quels sont les instruments dont disposent l’opposition et le peuple togolais ?
D’abord, c’est vrai que les conseillers du régime nous ont conseillé d’aller chercher les armes pour prendre le pouvoir. Et nous répondons que nous ne sommes pas des putschistes. C’est vrai que ce régime est un régime putschiste, c’est pourquoi ils ont toujours confisqué le pouvoir par la force. Mais nous, nous ne voulons pas nous inscrire dans cette démarche. Nous avons toujours fait une marche pacifique, et pour nous, c’est la détermination du peuple togolais. Je crois que c’est le nombre de personnes qui s’expriment qui fait d’ailleurs la force. Notre Constitution dit que le peuple togolais a le droit et même le devoir de s’opposer à toute forme de confiscation du pouvoir et du non respect de la démocratie lorsque les institutions sont menacées. C’est le cas aujourd’hui. Nous ne faisons qu’activer les instruments qui sont mis à notre disposition par la Constitution. ET nous entendons rester dans cette démarche populaire pacifique. Nous n’avons pas du tout fermé la porte à des échanges, mais il faut savoir que le peuple togolais est devenu extrêmement prudent, parce que nous avons connu dans ce pays une trentaine de négociations, il y a déjà eu des accords qui ont été signés et qui n’ont jamais été respectés, et donc vous comprenez que les Togolais sont aujourd’hui extrêmement prudents lorsqu’on leur parle de négociation. Maintenant, on doit se parler entre Togolais, mais ce qu’il faut, c’est que l’on sache quel doit être le cadre de cet échange, quels vont être les thèmes qui seront abordés, les sujets qui feront parties de l’agenda de cet échange. Et vous voyez, je n’ose pas utiliser le terme « dialogue » parce que cela a une connotation négative dans l’esprit des Togolais. Je parle d’échanges, le fait de s’asseoir pour trouver ensemble une solution. Ça, je pense que l’opposition a toujours manifesté sa disponibilité à trouver de bonne solution, celle qui va dans le sens de la volonté populaire, parce que si vous vous référez à la déclaration du Secrétaire général de l’ONU, il a dit que le régime doit mettre en œuvre les réformes conformément à la volonté de la majorité des Togolais. Et c’est ça qui doit se faire.
Jusqu’à présent, je peux vous assurer que nous n’avons pas encore eu de manière formelle une invitation à ce qu’un tel échange puisse se faire.
Alors pour vous, le peuple togolais peut reprendre tout seul sa Constitution ?
Je n’ai fait qu’exprimer ce que les Togolais sont en train de dire. La coalition a exposé une plateforme revendicative et dans cette plateforme, le point principal, c’est le retour à la Constitution de 92 et c’est ce que le peuple revendique depuis plusieurs mois. On note également que le régime fait la sourde oreille par rapport à cette revendication. N’oubliez pas que nous sommes dans une République et le peuple est souverain. Il est au-dessus de la Constitution. Il veut la Constitution et en fait ce qu’il veut. Le peuple togolais demande une constitution qui est aujourd’hui tenu par le régime et le régime ne répond, ne réagit pas. Il est évident qu’avec le temps le peuple togolais décidera d’aller prendre sa constitution là où elle se trouve. C’est le bon sens. Et pour ne pas laisser justement les choses entre les mains du peuple de cette manière-là, il est bon que les dirigeants du Togo actuel puissent anticiper sur les choses et prennent les actes qu’il faut pour que la pression retombe, pour que la sérénité revienne et qu’on puisse trouver de bonne solution dans une démarche pacifique. Voilà ce que j’ai voulu dire.
Le gouvernement interdit les manifestations en semaine. Comment allez-vous y prendre ?
Cette information, je pense qu’elle a été annoncée hier (Ndlr, Mardi 10 octobre) soir. La coalition ne s’est pas encore réunie pour que nous débâtions de tout cela. Mais ce que je peux te dire, c’est que nous étions déjà dans une équation à plusieurs inconnues. Et pour moi qui ai fait les mathématiques, je sais ce que cela représente une équation à plusieurs inconnues. Le gouvernement, en prenant cette décision d’interdire les manifestations, a rajouté une inconnue à l’équation. Le gouvernement, au lieu de chercher des solutions, vient de compliquer les choses. Parce que je suis certain que ce n’est pas parce qu’ils essaient de prendre ces dispositions qui sont de nature à intimider qu’ils pensent que cela va affaiblir la mobilisation, je ne pense pas que c’est ça qui va ramollir les Togolais. Les Togolais sont aujourd’hui déterminés à obtenir leur liberté, à obtenir un État de droit, à obtenir la démocratie et ils disent l’obtenir d’une manière ou d’une autre. Et ils ne seront pas intimidés par des déclarations interdisant de marcher les jours ouvrables. Je pense que c’est une grave erreur du gouvernement.
Vous voyez que depuis que nous avons commencé les manifestations il y a eu énormément de répressions. Il y a eu des gens qui ont été tués. Et les forces de sécurité ont tiré sur les manifestants. Vous savez que le ministre de la défense n’est autre que le chef de l’État, donc ce sont des gens qui sont sous les ordres du ministre de la Défense et des hommes qui sont sous les ordres du ministre de la Sécurité publique. Et ce sont eux qui exercent de la violence sur les populations, y compris dans les maisons à des heures tardives de la nuit. Ce qui est complètement illégal, contraire à la déontologie de droit de l’Homme. Toutes ces répressions, notamment l’État de siège qui ne dit pas son nom, ont été installées à Mango avec les populations qui ont fui leur lieu d’habitation. Certains ont fui le Togo carrément pour se réfugier au Ghana. Donc nous avons des réfugiés aujourd’hui dans la crise togolaise, même si nous n’avons pas encore atteint les proportions de 2005. Mais malgré toutes répressions, la dernière marche que nous avions faite a mobilisé encore plus de monde que les précédentes. Cela veut dire que le régime doit comprendre que ce n’est pas la répression qui va arrêter les Togolais. Plus les Togolais sont oppressés, plus ils vont sortir, plus ils vont marquer leur détermination parce qu’ils sont de plus en plus écœurés par ce qu’ils voient. Donc la violence, les menaces ne sont plus aujourd’hui des éléments qui font peur. Le gouvernement doit changer de fusil d’épaule, doit sortir de ce schéma répression pour s’engager sur une voie de sérénité qui est la seule qui puisse préserver la paix. Mais si on veut toujours prendre des mesures répressives, des menaces, des interdictions … je crois c’est une spirale dangereuse que ce régime est en train de construire.
Non seulement le gouvernement vous accuse de ne pas maîtriser vos manifestants, mais aussi il insinue que vous organisez des jeunes qui détruisent les édifices publics. Qu’est-ce que vous dites par rapport à cela ?
Nous n’avons pas commencé les manifestations de 5 octobre. Si les intentions de l’opposition étaient de faire du désordre dans les rues, je crois que nous l’aurions commencé depuis le 6 septembre lorsqu’on a commencé les marches. Nous savons en revanche que le régime organise des milices et c’est de notoriété publique et ces jeunes ne se cachent même pas. On connait les individus nommément qui sont à la tête de ces milices-là. On les a vus à l’œuvre. Ils ne le font même pas en cachette. Pourquoi est-ce que à Kara, depuis que nous avons commencé cette lutte, les gens n’arrivent pas à manifester là-bas ? Vous pouvez m’expliquer dans une République où la loi permet que les citoyens puissent s’exprimer, nous avons fait des démarches d’information selon la loi, mais quand nos militants s’apprêtent à manifester, sous le regard des forces de sécurité qui ne disent rien, des miliciens viennent brutaliser nos militants. A Dapaong, on voit même des autorités préfectorales qui, à la veille des manifestations, menacent les populations. Je vous rappelle qu’à la veille de la manifestation du 19 août, les ministres de la Sécurité et de l’Administration territoriale ont tenu des propos incendiaires sur les médias et qui ont fait dégénérer cette manifestation pacifique en violence. Donc je pense que les premiers responsables des violences, c’est le pouvoir en place, c’est le régime, Et je peux vous dire que la coalition dépense beaucoup de moyens pour assurer la sécurité de ses marches. Donc ce que dit le ministre de la Sécurité est d’ailleurs en total contradiction avec les chiffres qu’il annonce à la télé. Il dit souvent à la télé qu’il y a 6 000 personnes, 3000 personnes … et c’est complètement en contradiction avec l’effectif réel des manifestants.
Justement, quel est le nombre réel des manifestants que vous déversez dans les rues ?
Je sais que déjà le 07 septembre, les évaluations donnent sur l’ensemble de territoire plus d’un million de Togolais qui sont descendus dans les rues. Et ça ce sont les chiffres annoncés le 07 septembre. Mais on a tous constaté que les populations sorties le 05 octobre étaient encore plus impressionnantes dans le nord qu’au sud. Cela veut dire que nous avons largement dépassé le cap de millions.
Les informations font état de 5 chefs d’Etat de la sous-région qui s’apprêteraient à intervenir au Togo. Vous a-t-on déjà avisé pour cette initiative ?
Je pense que le Togo est devenue une singularité dans l’espace CEDEAO et la crise togolaise fait peser dans la sous-région. Et ne pas porter un regard sur la crise serait faire courir le risque qui n’a pas raison de se développer. Les chefs d’État de la sous-région sont souvent intervenus au Togo. On a vu récemment, lors des élections d’avril 2015, des chefs d’État intervenir au Togo. Je pense que ce qui se passe au Togo aujourd’hui est historique. Il est historique à ce titre d’abord parce que c’est la première fois que l’ensemble des forces démocratiques sont en coalition pour mener des actions unitaires. C’est unique dans l’histoire du Togo. Deuxième chose, c’est également de mémoire des Togolais parce que cela fait très longtemps qu’on n’a plus vu des Togolais sortir massivement pour réclamer quelque chose. Ce qu’il faut ajouter, c’est que nous sommes aujourd’hui dans l’opposition dont la revendication est un sujet unique. Nous ne sommes plus dans une dispersion de nos messages. Ce que nous demandons fondamentalement, avec les choses qui vont avec, c’est le retour à la Constitution de 1992 et c’est le seul crédo que toute l’opposition est en train de marteler. Bien entendu, il y a le cadre électoral, institutionnel qu’il faut revoir, il y a la libération des prisonniers politiques de l’opposition. Mais fondamentalement, c’est le retour à la Constitution de 92. C’est un message clair, concis porté par toutes les forces démocratiques. Tous ces facteurs historiques font que les chefs d’État voient la crédibilité de la démarche de l’opposition, le sérieux qui entoure tout cela, si effectivement les chefs d’État décident de venir résoudre cette crise pacifiquement, je pense que c’est le bon sens. Pour l’heure, nous n’avons pas encore d’informations directes, nous espérons que tout cela va déboucher sur des choses qui prennent en considération la volonté du peuple.
Dans sa dernière parution, le confrère jeuneafrique indique qu’il une division au sein de la coalition. Qu’en est-il exactement ?
Je pense que chaque média peut diffuser l’information qu’il juge digne de diffuser. Ce que je peux vous dire, c’est que vous l’avez vu à la conférence de presse, tous les leaders se sont exprimés de la même voix. Il n’y a pas eu une seule dissension. Bien sûr, dans une coalition, il peut y avoir des échanges avec des points de vue, au départ, différents et que les réflexions communes puissent amener à une décision à laquelle tout le monde tient. Je crois que c’est ça le sens du travail en commun. Le travail en commun ne veut pas dire que nous avons tous, au départ, des mêmes idées et des mêmes façons de l’exprimer. Chacun vient avec sa perception des choses. Mais ce qui est important, c’est qu’après les échanges, nous adoptions tous une seule et même position. Et c’est même ce qui se fait dans toutes les organisations ou différentes entités. Chez nous dans la coalition, nous sommes dans une démarche unitaire, nous sommes soudés, nous fonctionnons comme il se doit, c’est-à-dire nous discutons et enfin nous prenons position et cette position-là, tout le monde la prend en compte.
Monsieur Nathaniel Olympio, Les Togolais seront-ils dans les rues le 18 octobre prochain ?
La coalition a annoncé une manifestation publique pacifique le 18 octobre, et je ne vois pas les Togolais baissés les bras dans leur lutte parce qu’il y a une déclaration. Là je parle encore une fois en tant que président du Parti des Togolais, parce que depuis que l’annonce d’interdiction a été faite, la coalition ne s’est pas encore réunie.
Que dites-vous des nombreux soutiens que le peuple togolais reçoit de part et d’autre ?
La lutte menée par le peuple togolais commence par sortir des frontières du Togo. D’abord parce que la diaspora togolaise est très active, elle manifeste dans les pays d’accueil. Tout cela peut porter le message du Togo au-delà de nos frontières. Vous avez vu que le voisin immédiat commence à s’impliquer dans la crise togolaise. C’est le cas que nous avons depuis la semaine dernière au Bénin, avec la Convention patriotique des forces de gauche (CPFG) qui a organisé un meeting de soutien au peuple togolais. C’est le lieu de leur rendre hommage et les remercier, et aussi noter que les initiatives de la société civile sont prises de part et d’autre. C’est le cas de l’initiative portée par le chanteur Tiken Jah Fakoli pour accompagner le peuple togolais. Donc les citoyens de l’espace CEDEAO commencent à comprendre que la lutte du peuple togolais est légitime et qu’il faut l’accompagner. Je les remercie, et nous apprécions leur accompagnement. Nous sommes de l’espace CEDEAO et le Togo ne peut pas demeurer le mauvais élève de la classe avec une politique qui date d’une autre époque. Cela nous encourage et nous sommes déterminés à aller jusqu’au bout.
Un mot de la fin
Je pense que le peuple togolais n’a pas besoin que quelqu’un lui dise ce qu’il doit faire. Le peuple togolais sait pertinemment ce qu’il a à faire, le peuple sait qu’il veut un retour à la Constitution de 1992. Mais si dans le peuple, nous entendons des voix qui vont encore plus loin aujourd’hui, en tout cas au niveau des acteurs politiques, nous cantonnons au retour à la Constitution de 1992 et les effets que cela entraine. Nous disons également que ce pays ne doit pas être pris en otage avec un risque de grande crise ouverte qui peut se présenter si l’on y prend garde.
Je pense que le peuple togolais est extrêmement déterminé. Le peuple togolais a aujourd’hui une coalition de l’opposition démocratique qui est soudée, cela veut dire qu’il y a symbiose entre le peuple et l’opposition politique, je pense que nous sommes dans une dynamique qui ne va pas faiblir pour que le régime entende raison, que le régime donne satisfaction au peuple togolais et que nous puissions résoudre cette crise de manière rapide et dans une démarche pacifique. Je pense que c’est ce qui serait le plus indiqué pour la sortie de crise, pour ne pas que le peuple togolais se sente obliger d’aller lui-même chercher sa Constitution.
Merci Monsieur le Président
Je vous remercie !
Réalisée par I.K
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