Les députés de la chambre des représentants ont adopté mardi 9 janvier la loi interdisant aux étrangers d’adopter des enfants éthiopiens, a annoncé mercredi le porte-parole du ministère éthiopien des Femmes, des Enfants et de la Jeunesse.
Selon le porte-parole, interrogé par le site d’informations locales DireTube, l’interdiction des adoptions par des étrangers est justifiée car « elles ont entraîné divers crimes contre les mineurs. »
Procédures en cours gelées
Ce vote intervient près de neuf mois après le moratoire sur les adoptions par les étrangers, décidé par le gouvernement le 21 avril 2017. Celui-ci avait conduit à la suspension de dizaines d’adoptions, y compris pour des parents ayant légalement terminé la procédure d’adoption.
Si le flou persiste sur les procédures encore en cours, plusieurs sources indiquent que l’Éthiopie se serait engagée à les finaliser. La Belgique avait une vingtaine de procédures d’adoption en cours en Éthiopie. Le diplomate belge se dit « très content d’avoir pu conclure ces cas où les parents étaient déjà en relation avec un enfant par l’intermédiaire d’une agence d’adoption. »
« Nous prenons note de cette décision souveraine de l’Éthiopie et nous la respectons, » a commenté Joseph Naudts, conseiller et adjoint au chef de mission de l’ambassade de Belgique.
45,44 % des enfants adoptés à l’étranger par des Français sont originaires d’Afrique
Les ambassades contactées par l’AFP se refusent à donner des chiffres, mais, en juin dernier, l’ambassade des États-Unis évoquait 40 familles ayant légalement adopté, mais dont le dossier s’était retrouvé gelé. Les diplomates d’Espagne et de Grande-Bretagne ont parlé respectivement de cinquante et d’une dizaine de familles dans cette situation.
Durcissement des conditions
L’Éthiopie était un pays très populaire pour les adoptions. Avec cette modification du Code de la famille, « c’est la fin d’une époque », a indiqué un diplomate. Cette décision des députés éthiopiens s’inscrit dans un contexte de durcissement des conditions d’adoption à l’étranger.
Selon le rapport 2016 du ministère des Affaires étrangères sur l’adoption internationale, 45,44 % des enfants adoptés à l’étranger par des Français sont originaires d’Afrique. Après la RDC, avec qui la France a suspendu le 31 décembre 2016 les adoptions d’enfants en raison des « irrégularités » constatées dans les dossiers, la Côte d’Ivoire est le pays d’Afrique où les familles françaises adoptent le plus (43 enfants en 2016).
En Afrique, le Mali par exemple, a interdit l’adoption par les étrangers dès 2012, à l’exception des ressortissants maliens. Le Bénin, qui avait suspendu l’adoption par les étrangers, a levé cette directive en mai dernier.
Dans l’attente de la mise en place par les autorités locales d’un cadre institutionnel et procédural conforme aux principes de la Convention de La Haye du 29 mai 1993 sur la protection des enfants et la coopération en matière d’adoption internationale, les adoptions internationales sont suspendues au Sénégal depuis 2011 et la ratification du texte par le pays.
Protéger des risques d’adoptions illégales, irrégulières, prématurées ou mal préparées
Même cas de figure pour la Guinée, qui a pris la décision de suspendre les procédures en mars 2012.
La Convention est censée assurer les enfants et leurs familles des risques d’adoption à l’étranger illégales, irrégulières, prématurées ou mal préparées. D’autres pays comme le Niger limitent le cadre de l’adoption aux couples mariés et sans enfant.
Source : www.cameroonweb.com