États généraux sur le Franc CFA : L’Ambassadeur de France au Togo, Marc Vizy, très remonté contre les anti-franc CFA

0
478

États généraux sur le Franc CFA : L’Ambassadeur de France au Togo, Marc Vizy, très remonté contre les anti-franc CFA

Demain samedi et dimanche seront lancés à Bamako au Mali les état généraux sur le franc CFA. Initiative de l’ancien ministre Kako Nubukpo, il sera question dans la pratique, au-delà du lancement symbolique, de mettre en place des comités pays pour piloter le projet des états généraux en tenant compte du contexte dans chaque pays. Une structure de coordination rassemblant les organisateurs se chargera de coordonner les actions des comités pays.

Aminata Traoré, ancien ministre malienne, aura la charge de gérer la plateforme citoyenne qui sera mise en place dans chaque pays. Au rang des participants à cet évènement, on comptera outre Kako Nubukpo, Mamadou Coulibaly de la Côte d’Ivoire, Martial Ze Belinga, Bemba Moussa Dembele, Ngondo Syla et bien d’autres citoyens maliens engagés.

Le choix du Mali tient à deux raisons. Premièrement, chaque année, se tient un grand forum sur les migrations et pour faire fort, le thème retenu cette année semble sans équivoque : Franc CFA et migrations, de quoi donner des soucis aux inconditionnels de cette monnaie de la servitude.

La seconde raison est historique : l’appel de Bamako ayant rassemblé des panafricanistes comme Modibo Kéita ou Houphouët Boigny pour la création du Rassemblement Démocratique Africain (RDA), le lancement des états généraux sonne donc comme un retour aux sources du panafricanisme pour un nouveau dynamisme.

Selon les informations que nous avons recueillies, instruction sera désormais donnée aux citoyens en lutte pour l’émancipation monétaire de ne plus soutenir aucun candidat qui serait pour le franc CFA. Des débats et empoignades intellectuels en perspective.

Mais s’il est un Français qui affiche son mécontentement à cette volonté de souveraineté monétaire, c’est bien Marc Vizy, Ambassadeur de France au Togo.

En effet, le diplomate a très peu digéré les vérités de Nicolas Agbohou, économiste, que nous avons reprises récemment en revisitant l’origine des comptes d’opérations que la France impose aux Etats africains des deux zones franc.

Dans une interview à un journal en ligne –l’honnêteté intellectuelle aurait voulu qu’il se rende disponible au quotidien Liberté pour répondre à nos questions à nous-, Marc Vizy a dit tout le bien qu’il pense du journaliste de Liberté et de Kako Nubukpo. En des termes voilés, il a chargé l’ancien ministre et très peu apprécié le réveil de consciences actuel.

A la question : « Quel est, plus généralement, votre point de vue sur le débat autour de la zone franc et du franc CFA? », Marc Vizy dégaine et charge : « Il s’agit d’un débat dévoyé et qui n’a plus rien de rationnel. Il est instrumentalisé par des mouvements politiques qui veulent recruter leurs militants dans une jeunesse africaine qui aspire au progrès et au bien-être, mais qui souffre parfois de constater que des retards de développement freinent ses légitimes espoirs. Alors, plutôt que de rassembler cette jeunesse autour de projets de développement crédibles, certains préfèrent lui inoculer une sorte de conscience victimaire et lui faire croire que si cela ne va pas toujours bien en Afrique, c’est à cause de la France et du franc CFA. Non seulement cette démarche qui vise à salir injustement la France est d’une profonde malhonnêteté, mais le plus grave est qu’elle tente de démobiliser les jeunes pour en faire les militants trompés d’une cause illusoire. Ceux qui promeuvent le dolorisme plutôt que le sens de l’effort et le goût du projet portent une lourde responsabilité vis-à-vis de leurs pays et de leurs jeunesses. Nous savons d’où viennent ces mensonges. Nous savons où vivent ces pourfendeurs de la zone-franc. Ils sont le plus souvent en Europe ou en Amérique du Nord et, eux, n’auraient rien à craindre de la déstabilisation monétaire de leurs pays d’origine. Si elle advenait, ils continueraient tranquillement à consommer en euros ou en dollars ! Et pour certains avec les revenus qu’ils tirent de leurs contrats avec des établissements publics français…On peut aussi se demander à qui profite une campagne de dénigrement de la France en Afrique… ».

Et ce n’est pas fini. « Qui visez-vous là ? », lui a-t-on demandé. « Je ne vous répondrai pas. Ce serait faire injure à votre clairvoyance. En effet, il n’est pas difficile de deviner qui peut trouver gênantes en Afrique des entreprises françaises qui paient leurs impôts normalement aux Etats qui les accueillent ou respectent les réglementations environnementales ou anti-corruption… ».

Une autre question lui a permis de régler ses comptes à Nicolas Agbohou, économiste ivoirien. « La zone-franc ne contribue-t-elle pas au pillage des richesses africaines par la France ? ». « …Certains, comme M. Nicolas Agbohou, c’est irresponsable, affirment même au mépris de la plus élémentaire vérité, que la France applique aux pays de la zone-franc le même système de captation de richesses que celui utilisé par les Nazis en France pendant la guerre. L’intéressé s’est lui-même gravement discrédité en écrivant cela ». Mais alors, si les comptes d’opérations n’étaient pas une trouvaille allemande, d’où la France l’a-t-elle copiée pour l’appliquer aux Etats africains ?

Godson K.

Source : Liberté No.2860 du Vendredi 15 Février 2019

27Avril.com