Le Front citoyen Togo Debout, la coalition Tournons la page-Togo et Novation internationale ont animé une conférence de presse dans la matinée de ce jeudi 17 mars 2022 à Lomé. Au cours de laquelle ces organisations appellent à « reprendre la lutte pacifique mais déterminée pour le bonheur de tous les Togolais ».
Déclaration
Chers journalistes et chers concitoyens,
Nul ne peut et ne doit être fatigué du combat pour la liberté. Voilà pourquoi la lutte pour la liberté dans notre pays ne saurait être entravée même par la pandémie de la COVID-19. La lutte a été, certes, ralentie par cette pandémie, mais elle ne saurait être abandonnée car, aucune raison, aucun motif ne saurait alors justifier le renoncement à la lutte. Dès lors, le ralentissement est inacceptable tant que nous sommes toujours en situation d’opprimés et de victimes.
Il y a deux ans en effet la pandémie de la COVID-19 a poussé des États du monde entier à prendre des mesures pour lutter contre le virus. Mais le Togo s’est illustré, de façon particulière, par la restriction des espaces de liberté et surtout le refus de toute manifestation. En effet, le gouvernement avait adopté le 16 mars 2020, l’interdiction de tout rassemblement de plus de 100 personnes avant de durcir cette mesure le 3 juillet 2020 en interdisant tout rassemblement de plus de 15 personnes sur la voie publique ou dans un lieu public.
L’Assemblée nationale a reconduit l’état d’urgence qui est en vigueur jusqu’en septembre 2022. Pourtant, même dans les pays les plus touchés par la pandémie, en Occident, en Afrique ou ailleurs, des manifestations ont été autorisées, des marches citoyennes continuent de se faire. Les Sénégalais furent des milliers dans les rues à célébrer la victoire de leur équipe nationale à la CAN 2022. Les Ghanéens, les Maliens, les Burkinabés, jouissent de leur droit constitutionnel de manifester pacifiquement et librement. Mais, au Togo, alors que les chiffres de la pandémie sont des plus rassurants, le maintien des entraves aux manifestations démontre encore une fois le caractère répressif de ces mesures. La pandémie est le prétexte idéal pour interdire toutes les manifestations citoyennes.
La COVID-19 a tué et personne ne peut le nier, mais un régime qui viole les libertés fondamentales de l’homme fait encore plus de victimes. Peut-on se définir alors comme pays démocratique quand on viole le premier « considérant » de la déclaration universelle des droits de l’homme qui affirme que : « la reconnaissance de la dignité inhérente à tous les membres de la famille humaine et de leurs droits égaux et inaliénables constitue le fondement de la liberté, de la justice et de la paix dans le monde » ? Où se trouve cette dignité quand on empêche des citoyens de manifester, de s’exprimer, de contester, de choisir librement leur gouvernant ? Où se trouve cette dignité quand un pays se fait remarquer par le nombre croissant de prisonniers politiques et la pénalisation du délit de presse afin de taire les voix dissonantes ?
Un pays dans lequel la pauvreté ne cesse d’augmenter à cause de l’accaparement inouï des richesses par une minorité, un pays où la misère devient le lot quotidien des hommes et des femmes, peut-il être un pays de bonheur pour les citoyens ? Oui chers gouvernants, la population plie sous le joug de la misère et ce n’est pas parce qu’elle ne peut pas manifester son désarroi que ce désarroi n’existe pas. Un pays où les citoyens ne sont pas consultés et où la force du plus fort devient règle du droit, peut-il être un pays de bonheur pour les citoyens ?
Les autorités togolaises peuvent-elles enfin ré-entendre ces mots du préambule de la déclaration universelle des droits de l’homme pour faciliter un vivre ensemble dans notre pays : « il est essentiel que les droits de l’homme soient protégés par un régime de droit pour que l’homme ne soit pas contraint, en suprême recours, à la révolte contre la tyrannie et l’oppression » ? Les autorités togolaises peuvent-elles aussi se souvenir que la Commission africaine des droits de l’homme et des peuples a adopté à Niamey en 2017
« Les Lignes directrices, sur la liberté d’association et de réunion ». Ce référentiel rappelle en ses articles :
– 63. Le droit à la liberté de réunion est garanti aux termes de l’Article 11 de la Charte africaine et de l’Article 8 de la Charte africaine des droits et du bien-être de l’enfant.
– 64. Le droit à la liberté de réunion est également consacré par l’Article 20.1) de la Déclaration universelle des droits de l’homme, l’Article 21 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques, et l’Article
15 de la Convention internationale relative aux droits de l’enfant.
– 65. Les constitutions nationales garantissent le droit à la liberté de réunion, qui est largement réputé conforme aux normes régionales et internationales relatives aux droits humains.
– 66. Chaque fois que les États promulguent des lois sur la liberté de réunion, celles-ci visent essentiellement à favoriser la jouissance de ce droit. La législation et les réglementations en matière de réunion sont élaborées et révisées sur la base d’un large processus inclusif consistant notamment dans le dialogue et une consultation judicieuse avec la société civile.
Chers concitoyens, le régime de droit ne peut pas être un simple formalisme avec l’existence de textes qui ne sont, d’ailleurs, jamais respectés. Le régime de droit ne peut pas être dans un pays où la liberté des citoyens est confisquée. Le régime de droit ne peut pas être dans un pays où l’on va en prison pour avoir donné son opinion. Le régime de droit ne peut pas être dans pays dominé par les injustices sociales. Le régime droit ne peut pas être enfin un pays où règne l’impunité.
Comment justifier tous les discours officiels sur le désir de construire un pays de paix alors que des crimes économiques, des assassinats ne sont jamais punis et les auteurs jamais arrêtés quand bien même des enquêtes sont ouvertes ? La réconciliation peut-elle être effective dans ces conditions ? Dans un État, on ne peut pas tenir ensemble sans la justice qui lutte contre l’impunité et sans la justice sociale qui organise une répartition équitable des biens et des richesses pour le bien-être de tous les citoyens.
Chers concitoyens, ce qui tue plus en Afrique et dans notre pays, ce n’est nullement la COVID-19 mais c’est le COVID-politique de la domination et de la radicalisation des régimes. Et si la COVID-19 a mobilisé des énergies des gouvernants jusqu’à des sommes inimaginables pour l’achat de vaccins, il est temps que le COVID-politique, qui est d’autant plus ravageur et destructeur, trouve aussi son vaccin. Et ce vaccin dépend de nous : gouvernants et gouvernés.
Voilà pourquoi, en organisant cette conférence de presse, le « Front Citoyen TOGO DEBOUT », La coalition « TOURNONS LA PAGE-TOGO » et « NOVATION INTERNATIONALE » lancent un appel :
Aux autorités togolaises : l’État moderne se justifie par la reconnaissance d’un pouvoir légitime qui protège et défend la liberté de ses membres. Il est donc temps d’ouvrir les espaces de liberté et de garantir sans délai les libertés fondamentales de chaque citoyen surtout le droit à manifester. Pour un vivre ensemble harmonieux et pour apaiser les cœurs, il est salutaire de libérer les prisonniers politiques et de faire prévaloir le règne de droit sur celui de l’arbitraire.
Aux citoyens : la liberté est un droit fondamental, personne ne viendra la réclamer à notre place. La mobilisation est notre force pour construire un Togo nouveau et un État de droit démocratique. Et si seule la lutte libère, il est temps de reprendre la lutte pacifique mais déterminée pour le bonheur de tous les Togolais. La lutte citoyenne passera alors par des rassemblements et meetings auxquels vous serez prochainement invités. Soyez tous à l’écoute pour un Togo à construire les uns avec les autres et non les uns contre les autres.
Fait à Lomé le 17 mars 2022
Le FRONT CITOYEN TOGO DEBOUT
TOURNONS LA PAGE – TOGO
NOVATION INTERNATIONALE
Source : icilome.com