‘Espérance pour le Togo’ dit non à la tenue des élections le 20 décembre

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Voici la déclaration liminaire du mouvement forces vives « Espérance pour le Togo ».

Conférence de presse du 15 novembre 2018-Déclaration liminaire

Non, le cycle infernal n’aura plus lieu cette fois-ci !

Tel a été le cri du Mouvement des Forces Vives « Espérance pour le Togo », le 20 octobre 2018, lors de son forum national citoyen. Il s’agissait pour notre mouvement de refuser la spirale « élections – contestations –répressions- négociations- élections. », où le peuple togolais est emporté depuis plus de dix ans avec des pertes en vies humaines, et une pauvreté grandissante.

C’est pour cela que dès le 10 septembre 2018, quelques jours après sa naissance, Espérance pour le Togo avait donné au Comité de Suivi de la CEDEAO, les précisions suivantes :

« Il convient de rappeler que la mobilisation du peuple togolais sur le territoire national et dans la diaspora n’était pas pour réclamer la tenue d’une élection rapide. En effet il y a toujours eu des compétitions électorales, mais la crise demeure. Ainsi les élections, dans les conditions actuelles, ne constituent pas à elles seules une solution à la crise. Le peuple est sorti pour réclamer des réformes en vue de poser des bases claires pour un Etat de droit, un jeu démocratique sain et un mieux-être harmonieux. Par conséquent, l’absence de réalisation des réformes (électorales, constitutionnelles et institutionnelles) étant source de la crise, la mise en place d’un chronogramme en vue de leur mise en œuvre aurait été prioritaire par rapport à la fixation d’une date pour les élections. »

Or malgré ce rappel à chaque fois répété par la société civile, le Gouvernement fonce à marche forcée et de manière unilatérale vers des élections avec une CENI où la majorité siège toute seule. Pourquoi cette précipitation qui ne cache même plus ses objectifs d’élections frauduleuses ? Et pendant le déploiement de ce processus illégitime, la CEDEAO observe un silence incompréhensible, fort surprenant, susceptible d’être taxé de silence complice…

Lorsque l’un des facilitateurs le Président Alpha CONDE de Guinée a invité la C14 à Conakry, nous avons voulu croire à une issue heureuse.

Mais hélas aujourd’hui force est de constater que c’est le contraire qui s’est passé. Où sont passées les figures de ces Africains qui réclamaient tant la liberté pour les peuples africains ? Pour quoi l’espace CEDEAO ne ressemble-t-il pas plus à un espace de liberté, d’Etat de droit et de démocratie ?

Le Togo est en grave danger de basculer dans une crise plus grave encore puisque la CEDEAO semble entériner le processus mis en route par le Gouvernement avec trois journées supplémentaires de recensement pour aller vers des élections coûte que coûte le 20 décembre 2018. Dans notre message du 1 Octobre 2018, nous posions déjà cette question :

Comment une minorité d’hommes et de femmes politiques peut-elle décider sans arrêt à la place d’un peuple, ignorant ainsi l’article 2 de notre Constitution ?

Face à cette situation, le mouvement des Forces Vives « Espérance pour le Togo », prend encore une fois ses responsabilités, en vue de ne pas laisser le destin des citoyens togolais aux mains des seuls politiques ni aux mains des fonctionnaires de la CEDEAO, en prenant publiquement position sur la situation actuelle. Nous tenons à être écoutés en notre qualité de citoyens de ce pays.

Ainsi nous réaffirmons avec la dernière vigueur les deux points de vue suivants :

1. Premier point de vue

Depuis le mois de septembre, nous avons fait le constat que la CENI actuelle ne peut pas conduire jusqu’à son terme le processus électoral déjà engagé sur fond de tension et de contestation. Ni le Gouvernement, ni la CEDEAO n’ont tenu compte de notre point de vue. Aujourd’hui, quelle que soit la position adoptée par les partis politiques, nous membres de la société civile réaffirmons que la CENI actuelle ne nous semble toujours pas offrir les garanties pour des élections transparentes et démocratiques, car

– d’une part au regard des articles 12 et 14 du code électoral, elle n’a pas d’existence légale ; tout ce qui a été accompli par elle jusqu’à présent a été fait dans la plus grande irrégularité et illégalité; tout est à refaire ;
– d’autre part elle pose comme intangible la date du 20 décembre 2018 pour les élections, ce qui est inacceptable pour nous dans la mesure où aucune des réformes constitutionnelles, institutionnelles et électorales que nous demandions comme prioritaires et comme conditions fondamentales à tout véritable Etat de droit démocratique, n’a été effectuée.

2. Deuxième point de vue

Nous dénonçons la responsabilité de la CEDEAO dans la situation actuelle du Togo où les citoyens lui avaient renouvelé leur confiance malgré les événements douloureux de 2005. Force est de constater que cette institution a trahi la confiance des Togolais à cause d’obscurs calculs politiciens et pour les intérêts individuels de certains de ses fonctionnaires dont l’intégrité pose problème.

Ainsi, des élections organisées dans de telles conditions vont ouvrir la porte à des troubles liés à la contestation des résultats alors que les mesures d’apaisement qui nous semblaient un préalable indispensable à tout processus électoral n’ont pas été menées à terme.

Par conséquent, le mouvement des Forces Vives « Espérance pour le Togo »

– se réserve le droit d’adresser à la CEDEAO une protestation en bonne et due forme dénonçant ses agissements, en veillant à ce que cette protestation soit connue par les citoyens de toute la sous-région ;
– exprime son indignation à la suite la déclaration conjointe de l’Ambassade d’Allemagne, des Etats-Unis d’Amérique, de France, de la Délégation de l’Union Européenne et de la Coordination du Système des Nations Unies au Togo : ce groupe d’institutions ne s’émeut guère lorsque des citoyens perdent leur vie, sont sauvagement molestés par des milices, mais se permet d’indiquer aux partis politiques dont sont membres certains de ces citoyens, l’attitude à adopter dans les circonstances présentes ;
– dénonce énergiquement la poursuite du processus électoral dans les conditions actuelles ;
– exige la suspension de ce processus et notamment le recensement prévu les 16, 17 et 18 novembre 2018 ;
– se voit dans l’obligation de demander à chaque citoyen de prendre ses responsabilités en soutenant toute initiative et prenant toute décision qui va dans le sens de ces dénonciations et exigences.

En conclusion, le mouvement des Forces Vives Espérance pour le Togo, rappelle à ses concitoyens, du Nord au Sud du pays, de toutes les couches sociales et professionnelles, de toutes les confessions religieuses que, dans la vie d’un peuple en lutte, il arrive un temps où dire non est signe de liberté et de dignité. Par conséquent, dire non au processus de recensement en cours, dire non à des élections le 20 décembre 2018 dans les conditions actuelles, est un acte de lucidité et de maturité.

Le Togo de demain est entre nos mains et c’est cela notre espérance.

Fait à Lomé le 15 novembre 2018

Le mouvement des Forces Vives Espérance pour le Togo

La Coordination

Source : www.icilome.com