Le gouvernement séparatiste de Catalogne affirme que le « oui » à l’indépendance de cette région espagnole représente 90% des voix. Le précédent référendum de 2014 avait donné 80% des voix en faveur de l’indépendance, ce résultat n’est donc pas très surprenant mais il montre bien que la situation s’est radicalisée en Catalogne.
Selon le porte-parole du gouvernement catalan, quelque 2,26 millions de personnes ont voté, dont 2,02 millions pour le « oui ». 176 000 personnes ont voté pour le « non » sur 5,5 millions de Catalans appelés aux urnes. Le taux de participation atteindrait, selon les comptes de l’exécutif catalan, 42,3%.
L’attitude de l’Etat central, qui a fait usage de la force pour retirer les urnes et empêcher les gens de voter, a probablement un rôle dans ce résultat. Evacuations musclées et fermetures des bureaux de vote, charges policières, confiscations des urnes, les heurts ont fait plus de 800 blessés selon le gouvernement régional.
Le référendum, interdit par la Cour constitutionnelle, a été boycotté par tous les partis qui s’opposent à l’indépendance. Les électeurs devaient répondre à la question « voulez-vous que la Catalogne devienne un Etat indépendant sous forme de République ? ».
Vers une déclaration d’indépendance unilatérale ?
Un peu plus tôt dans la soirée, le chef du gouvernement catalan a ouvert la voie à une proclamation d’indépendance lors d’une allocution télévisée : « En ce jour d’espoir et de souffrances, les citoyens catalans ont gagné le droit d’avoir un Etat indépendant sous la forme d’une République (…) Mon gouvernement va, dans les jours qui viennent, transmettre les résultats du scrutin de ce jour au Parlement, garant de la souveraineté de notre peuple, afin qu’il puisse agir conformément à la loi référendaire ». L’indépendance devrait ensuite être proclamée unilatéralement.
Quoi qu’il arrive, les conséquences seront très graves selon Benoît Pellistrandi, professeur et historien, spécialiste de l’Espagne contemporaine. « Sur le moyen terme, on a l’illustration qu’il n’y a pas de dialogue politique possible en ce moment entre les autorités catalanes et les autorités espagnoles. »
« Sur le très court terme, il y a une logique de fuite en avant et il est fort probable que, dans les jours à venir, il y ait une forme de déclaration unilatérale d’indépendance qui aboutira nécessairement à une décision extrêmement grave mais constitutionnelle qui sera la suspension de l’autonomie de la Catalogne. »
Pour le chercheur, il s’agit ni plus ni moins que « la plus grande grave crise que l’Espagne démocratique ait jamais eu à traverser ». Et les enjeux sont considérables pour l’Etat espagnol. « Réparer cette Espagne constitutionnelle avec un tel dégât va être extrêmement difficile, d’autant que la classe politique espagnole n’est pas à la hauteur de la gravité des enjeux. »
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