Eperviers : Ce que cache la retraite internationale de Serge Gakpé

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Jeudi 23 février 2017. La nouvelle est tombée comme une blague de mauvais goût. L’international togolais d’une quarantaine de sélections, Serge Gakpé, tourne la page Eperviers à moins de 30 ans. Qu’est-ce qui explique cette décision aussi surprise que mûrement réfléchie ?

Serge Gakpé, 29 ans, 41 cap avec les Eperviers, actuellement sociétaire de Chievo Verone, série A italienne, attaquant transformé en défenseur à la CAN Gabon 2017, annonce sa retraite internationale. Binational, l’ancien nantais, pour ceux qui le connaissent bien, est un joueur sans problème.

Depuis son arrivée dans le nid des Eperviers en octobre 2009, il n’a jamais été au centre d’une polémique ni d’écart de comportement. A la dernière compétition panafricaine en terre gabonaise, il a accepté abandonné son poste de prédilection pour le latéral. Il y a fait ce qu’il pouvait.

Comment expliquer qu’il ait alors décidé de mettre un terme à sa carrière internationale et de se concentrer dorénavant uniquement sur son club ?
L’intéressé n’en donne pas les motivations.

Il a juste écrit sur sa page facebook ceci : « C’est avec beaucoup d’émotion que j’écris ces quelques lignes pour vous faire part de ma décision de mettre un terme à ma carrière internationale ». «Je tiens à remercier tous mes supporters, mes entraîneurs et mes coéquipiers pour ces instants que je n’oublierai jamais », ajoute-t-il.

Néanmoins, entre ces deux phrases, il glisse : « Avoir eu la chance d’être un Épervier m’a beaucoup appris en tant qu’homme et en tant que joueur ». La décision a fait le tour du monde. Et tient encore aujourd’hui en haleine les milieux footballistiques togolais.

Bien qu’il n’ait pas justifié ouvertement sa décision, selon nos recoupements, Serge Gakpé ne devrait pas décider ainsi s’il n’en avait pas assez de ses relations difficiles avec son sélectionneur. Entre les deux personnes, ce n’est pas le grand amour.

En effet, c’est un secret de Polichinelle de dire que le technicien français n’avait pas voulu sélectionner le Franco-Togolais pour la CAN 2017. N’eût été les explications de ses adjoints, Claude Le Roy aurait pu se passer des services du joueur de Chievo Verone. C’est pour cela qu’il lui a changé de poste à la CAN 2017 ?

La seconde motivation s’origine, selon d’autres sources, dans le management de la sélection nationale. A l’image de comment Sébastien Migné (l’un des adjoints de Claude Le Roy, en réalité son homme de confiance au sein du staff) a géré la sélection locale pour le tournoi de l’Union économique et monétaire ouest africaine (UEMOA) que Lomé a abrité en fin d’année dernière, les Eperviers A souffrent des choix discutables de leur coach principal.

Et donc, à en croire des observateurs avisés, il choisit des internationaux qu’il sait incapables d’apporter un plus à l’équipe. Si ces accusations peuvent paraître, à première vue, non fondées, et peut-être trop simplistes, il suffit de scruter attentivement la liste des joueurs convoqués pour la dernière CAN pour s’en convaincre, ajoutent-ils.

En clair, selon nos recoupements, Serge Gakpé n’aurait pas apprécié le traitement réservé à certains joueurs. Une source, pourtant très admiratrice du Français, indique dans un posting sur les réseaux sociaux que l’annonce de cette retraite internationale se justifierait en partie à cause de la présence des joueurs en sélection qui ne font rien, mais gagnent au même titre que ceux qui jouent, mouillent le maillot, défendent les couleurs nationales.

La troisième motivation demeure la manière de gérer le nid des Eperviers. En voulant instaurer une discipline dans la maison, Claude Le Roy a étouffé toutes velléités contestataires des joueurs de sorte que ceux qui peuvent évoquer les maux qui rongent la vie de groupe les ruminent en silence.

Depuis l’arrivée du technicien breton, en avril 2016, les internationaux ne parlent qu’en bien de tout ce qui se passe. Or, leur sourire devant les caméras et sous les crépitations des appareils photos cache des problèmes de vivre-ensemble. Le Comité exécutif de la Fédération togolaise de football totalement effacé au profit du staff technique n’anticipe rien.

Quelles qu’en soient les raisons, l’ancien nantais a tourné une page. Sera-t-elle définitive ? Il ne s’agit pas ici de vouloir jeter l’anathème sur qui que ce soit, mais d’alerter que rien ne se passe fortuitement comme les apparences le montrent.

Rome ne s’est pas construite en un seul jour, dit-on. Il faut donc du temps pour constituer une sélection solide, harmonieuse. Toutefois, plus de dix mois après son arrivée sur le banc des Eperviers, le sorcier blanc doit tirer les leçons qui s’imposent pour mieux entrevoir l’avenir.

A.H.

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