Les victimes d’accident de travail sur les chantiers au Togo sont légion. Ali Djato, jeune étudiant de 31 ans, chargé de chargement et du déchargement des barres de fer dans une entreprise chinoise de la place, a succombé le mardi 1er août dernier, sur le chantier du Grand Contournement après avoir été mortellement blessé par un rouleau de fer tombé sur lui par négligence. Une mort de trop qui a suscité de vive indignation des organisations syndicales. Certains de ces accidents sont occasionnés par les mauvaises installations électriques. Il se rapporte que la plupart de ces installations ne respectent pas les normes requises. Que doit-on faire pour faire face à ces installations anormales à l’origine parfois des drames insoupçonnables ? Monsieur José Kodjovi Afanou, Ingénieur en électromécanique, Responsable du Cabinet OPEMObservatoire Panafricain pour l’Ecole et les Métiers, dans cet entretien avec « Le Correcteur », ce Togolais résidant en Belgique, explore les pistes pour à mieux connaitre les meilleures pratiques en matière d’utilisation de l’énergie électrique.
Que peut-on comprendre par OPEM ?
OPEM est l’Observatoire Panafricain pour l’Ecole et les Métiers. C’est une Ecole Entreprise que j’ai créée sur le plan africain, pour répondre à la problématique de l’Ecole et le Développement du continent. OPEM est un concept qui contient en son sein, la chaine du Développement c’est-à-dire de l’acquisition réelle des compétences jusqu’à l’implémentation de ces connaissances dans la société par la réalisation des projets concrets au service de la population.
Quels sont les grands domaines d’intervention de votre cabinet ?
Les travaux d’étude et d’installations électriques que nous réalisons se font suivant les normes internationales Nous avons donc au sein d’OPEM : • Un Bureau d’Etude spécialisé dans les installations électriques, • Une équipe d’installation électrique normalisée et sécurisée. • Un bureau de conception et d’étude des structures électromécaniques • Nous ouvrons également une classe de 6ième Science et Technologie à partir de septembre dans le cadre d’un système d’enseignement basé sur l’acquisition réelle des compétences.
Quand parle-t-on d’insécurité dans les installations électriques ?
Les statistiques montrent que plus de 90 % des installations électriques en Afrique ne respectent pas les normes internationales. Nos maisons sont des domaines d’insécurité dans lesquelles nous vivons. Quand l’installation électrique n’est pas faite suivant les normes internationales, nos vies et nos biens sont dans l’insécurité. La sécurité dans une installation électrique commence par la mise en place d’une boucle de terre et / ou un piquet de terre qui est raisonnablement mesuré et dont la valeur de la résistance de dispersion est conforme à ce qui est prescrit par les normes internationales notamment « R » inférieure à 30 Ohm. En dehors de cette mise en place de la terre, il faut la mise en place des organes de protection dans le coffret électrique et enfin il faut que l’installation soit réalisée suivant les normes, donc par un spécialiste formé.
Quelles sont les grandes normes de sécurité dans les installations électriques ?
Dans le domaine de l’électricité, il y a deux types de normes : les normes des fabricants et les normes de l’installation. En ce qui nous concerne, c’est plutôt les normes de l’installation que nous utilisons et dans ce sens, la plus importante est la NFC 15 – 100 qui est une norme française. En Belgique, l’installation électrique est régie par la législation et le RGIE (Règlement Général sur les Installations électriques) est un document de législation et tout électricien installateur est obligé de le respecter.
Que proposez-vous pour faire face aux risques liés aux mauvaises installations électriques ?
L’électricité qui tue à Paris, Toronto et Berlin est le même qui tue à Cinkassé, Baguida et Blitta. Il est indispensable d’avoir dans les locaux qui servent de demeure et de bureau, une installation électrique normalisée et sécurisée. OPEM propose que la procédure de fourniture d’énergie électrique aux populations soit identique à celle des pays développés c’est-à-dire quand vous demandez à un électricien de vous réaliser une installation électrique, à la fin de la prestation, vous appelez un bureau d’étude indépendant qui vient contrôler si l’installation électrique est conforme aux normes. Ce bureau délivre un certificat de conformité sans lequel l’organisme qui fournit l’énergie électrique ne peut vous raccorder au réseau de distribution électrique. Cette procédure permet d’éviter des installations non conformes aux normes. Les pays comme le Ghana et le Bénin adoptent déjà cette procédure.
Avez-vous approché les structures de distribution d’énergie électrique au Togo ?
J’ai eu deux entretiens avec les responsables de l’ARSE sur la thématique. J’étais à Lomé en mars et j’ai essayé d’avoir un entretien avec les responsables de la CEET mais ça n’a pas été possible. Les démarches sont en cours et je compte les rencontrer.
Un message à l’endroit des entrepreneurs, du gouvernement et des propriétaires de maison
Pour le gouvernement je propose la mise en place d’un système de contrôle des installations électriques comme cela se fait dans les pays européens. Les installations électriques doivent être contrôlées par les bureaux d’étude agréés, capable de certifier ou non une installation électrique. Pour les entrepreneurs, j’aimerais dire que la technique évolue et nous sommes tous appelés à apprendre et à évoluer. Il est indispensable de se former et d’être conforme aux exigences des normes internationales. Pour les propriétaires de maison ou la population désireuse de construire une habitation ou des bureaux, nous demandons de confier vos installations aux électriciens qui démontrent leur capacité de maitriser les normes internationales et qui disposent des appareils de mesure nécessaires et les compétences pour utiliser ces appareils de mesures.
Entretien réalisé par Honoré ADONTUI
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