Entretien : Bagny Marius retrace les grands défis des Ingénieurs du Togo

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Entretien : Bagny Marius retrace les grands défis des Ingénieurs du Togo


L’ingénieur est issu du monde de la technologie. Pour ce faire, il est appelé à innover, à préparer et à anticiper sur le monde de demain. L’ingénieur invente, améliore, conseille, fait fonctionner, conçoit, fabrique et dirige des projets entouré le plus souvent de son équipe. Suivant leurs spécialités, on distingue des ingénieurs des génies civil, électrique, mécanique, électrotechnique, électromécanique, hydraulique, mines, géologie et des génies connexes. L’Ingénieur est à la base des activités de tous les secteurs socio-économiques et œuvre à la qualité de la vie, au développement durable, à l’affirmation du génie national et au progrès technico-scientifique.

L’exercice de la profession d’ingénieur dans le territoire d’un Etat doit donc être encadré et réglementé. Que comprendre du monde des ingénieurs. Marius Bagny, Ingénieur de Conception en génie mécanique, Diplômé de l’ENSI, Président de l’Association des Professionnels Diplômés de l’Ecole Nationale d’Ingénieurs de l’Université de Lomé (APD-ENSI) et Secrétaire Général du Comité de Suivi de l’AG des Ingénieurs du Togo revient dans cet entretien exclusif à la Rédaction de « Le Correcteur » sur les réalités du monde des ingénieurs au Togo.

Le Correcteur : Qui peut-on appeler ingénieur ?

Bagny E. Marius : Un ingénieur est une personne compétente et professionnelle dont la vocation est d’apporter des solutions à des problématiques d’ordre technique et technologique grâce à ses acquis scientifiques, économiques, sociaux et humains.

Le terme d’ingénieur désigne également une personne ayant obtenu un titre d’ingénieur, après une formation niveau Bac +5, avec des fondamentaux en mathématiques et en physiques.

Quelle différence y a-t-il entre ingénieur, technicien et architecte ?

Pour faire simple, un ingénieur est en fait un technicien, ayant un titre de niveau Bac+5. Un technicien supérieur est un technicien ayant un titre de niveau Bac +2 ou 3.

L’architecte a une réflexion esthétique et interroge l’espace, les volumes, les matériaux, avec une démarche s’inscrivant dans une dimension sociale, urbanistique, historique. Ses études sont très différentes de celles d’ingénieur; les mathématiques, la physique, la technique y tiennent une place moins centrale.

L’ingénieur génie civil porte lui, la responsabilité de la conception, des calculs de structure, de la planification de l’ouvrage, des techniques de construction, du choix des matériaux, de la conduite de chantier, de la sécurité de l’ouvrage. Ses études vont donc refléter ce haut niveau technique nécessaire.

L’ingénieur civil tient à la sécurité, à la santé et au bien-être de l’homme. Ils s’assure que les projets de génie civil et les systèmes sont conformes aux normes et réglementations et lois. Il veille à ce que les ouvrages soient construits économiquement pour fonctionner correctement avec un minimum d’entretien et de réparation tout en résistant à l’usage prévu et les conditions météorologiques, la conservation de l’énergie, etc.

L’ingénieur génie civil joue un rôle majeur dans le développement des solutions viables pour construire, rénover, réparer, entretenir et moderniser les infrastructures.

Comment devient-on ingénieur?

Traditionnellement, il faut passer par un bac scientifique. Ensuite selon les cas passer un concours pour effectuer 2 années d’études préparatoires basées sur les mathématiques et les sciences physiques. A partir de la troisième année et parfois en 4ème année, on s’oriente vers une spécialité, pour sortir avec un diplôme d’ingénieur de sa spécialité.

Une journée nationale de l’Ingénieur est en perspective pour novembre prochain, vous confirmez?

Je confirme que nous préparons la Première Journée Nationale de l’Ingénieur au Togo. Et s’il plaît à Dieu elle se tiendra avant la fin du mois de novembre afin de nous faire connaître davantage du grand public.

Quelles ont été les grandes résolutions de votre première Assemblée Générale du 29 septembre à Lomé ?

D’abord, cette Assemblée Générale a approuvé, après amendements, les avant-projets de texte de loi et de code de déontologie qui lui avaient été proposée.

Elle a ensuite mis en place un Comité de Suivi de 19 membres dont 7 femmes, Présidée par son Excellence Monsieur le Ministre Noupokou Dammipi qui est Ingénieur diplômé.

Le rôle de ce Comité, dont je suis également le Secrétaire Général, est de suivre le processus d’adoption des textes à l’Assemblée Nationale en passant par les diverses étapes nécessaires.

Pourquoi préconisez-vous la création de l’ordre des ingénieurs ?

L’Ingénieur est à la base des activités de tous les secteurs socioéconomiques et œuvre pour le développement et la création des richesses dans un pays, et donc par la même occasion, à la qualité de la vie.

Apte à résoudre les problèmes d’ordre technique et technologique, l’ingénieur étudie et conçoit, réalise, construit, fabrique, innove et optimise. C’est la source du développement d’un pays.

De ce fait, la formation de l’ingénieur et l’exercice de la profession d’Ingénieur doivent satisfaire à des standards et à une éthique qui permettent au public d’être assuré, protégé et rassuré de la prestation efficace de l’Ingénieur.

Il est donc indispensable, voire vitale que la profession d’Ingénieur soit encadrée et règlementée dans le cadre de l’Ordre National des Ingénieurs.

Quel sera le processus de création de l’ordre ?

Nous venons de terminer les corrections et intégrer des amendements aux textes. La prochaine étape sera de proposer ces textes approuvés au Gouvernement en vue de les porter à l’Assemblée Nationale pour adoption Une fois la loi adoptée et promulguée, il y aura un Conseil National Provisoire qui sera mis en place par décret pour organiser dans un délai maximum de 12 mois, la première Assemblée Générale de l’Ordre, qui adoptera le Règlement Intérieur de l’Ordre et élira le Conseil National de Direction de l’Ordre.

La formation des ingénieurs doit-elle être réformée ?

Afin de répondre aux exigences du monde professionnel, du marché de l’emploi, des avancées technologiques d’aujourd’hui, je pense que oui. Mais cette réforme doit se faire profondément en associant tous les acteurs : pouvoirs publics, institutions de formation supérieure, organisations représentant les sociétés, entreprises et organismes au Togo, association de consommateurs et les ingénieurs diplômés.

L’ingénieur togolais est moins prisé au pays par rapport à l’étranger. Qu’est ce qui peut expliquer cette différence de traitement ?

Je crois que c’est d’abord une méconnaissance du potentiel et du rôle d’un ingénieur. Ensuite, la propension de nos compatriotes à toujours consommer ce qui vient d’ailleurs et donc un manque de patriotisme.

Je n’irai pas jusqu’à dire que le Togolais n’aime pas son pays, mais je pense qu’il nous revient aussi de sensibiliser et informer nos compatriotes. Ce que nous nous évertuons à faire depuis un moment, parce que nous pensons que pour le bien du Togo, il est indispensable que les pouvoirs publics, les sociétés installées au Togo, les institutions internationales installées au Togo et les populations togolaises, fassent confiance aux Ingénieurs togolais.

Quelle place finalement pour l’APD-ENSI ?

L’APD-ENSI garde son rôle de locomotive pour ce qui concerne la règlementation, et l’organisation de l’exercice, le rayonnement et la promotion de la profession d’ingénieur au Togo. Mais il ne faut pas oublier que c’est une Association qui regroupe les diplômés de l’ESMI et de l’ENSI, donc des techniciens supérieurs et ingénieurs et qui ont aussi pour objectif de contribuer au rayonnement de l’ENSI.

Des travaux d’infrastructures bâclés dans le pays. Quelle est votre part de responsabilité ?

Le cadre dans lequel devrait s’exercer notre responsabilité pour qu’elle puisse être engagée, n’existe malheureusement pas encore au Togo. Il est donc difficile et complexe à l’heure actuelle de déterminer cette part de responsabilité. Mais demain, lorsque la profession sera règlementée, quand un Ordre National des Ingénieurs du Togo sera créé et qu’un Code de Déontologie s’imposera à tous les Ingénieurs membres de cet ordre, alors les responsabilités pourront être clairement situées.

Entretien réalisé par Honoré ADONTUI

Source : www.icilome.com