M. Wolali K. Ahlijah est le Directeur des opérations de la Togolese Civil League, une organisation de la diaspora togolaise. Il présente dans cet entretien l’association, parle de ses objectifs, évoque les actions accomplies…
Salut M. Wolali K. Ahlijah et merci d’avoir accepté répondre à nos questions.
Bonjour à vous et aux lecteurs du Quotidien Liberté qui fait un travail remarquable et merci pour l’opportunité que vous nous offrez.
Vous êtes le Directeur des opérations de la « Togolese Civil League » et vous séjournez au pays depuis quelques jours. Pouvez-vous nous dire davantage sur votre association ?
Effectivement je suis le Directeur des opérations de la « Togolese Civil League » qui est une organisation de la diaspora togolaise qui a pour but de rassembler les énergies pour transformer le Togo en un véritable modèle de démocratie pour l’Afrique et pour tout le reste du monde. Pour ce faire, nous pensons que l’outillage citoyen est le maillon essentiel de la construction des nations fortes. C’est dans cet ordre d’idée que nous avons pensé et mis en place ensemble la « Togolese Civil League » aux Etats-unis avec d’autres collègues de la diaspora et nous travaillons de pair avec la société civile du Togo pour construire le socle d’une démocratie réelle. Cela passe par la défense de la démocratie, la défense des valeurs citoyennes, la promotion des valeurs humaines, mais aussi la formation citoyenne pour que les citoyens soient la locomotive de la nation.
Quel est le constat que vous avez effectué pour décider de mettre en place cette organisation et quelles sont les actions que vous avez déjà effectuées ?
Ce qui nous a poussé, c’est juste la reconnaissance en un moment donné ; lorsqu’on vient d’un pays, on doit participer à sa construction. Nous avons reconnu que tout est politisé, mais le défi est beaucoup plus citoyen. Les citoyens doivent pouvoir se demander, quel genre de société ils veulent construire ensemble et dans quel genre de société ils veulent vivre. Une fois que ces visions seront définies, on doit savoir quels sont les moyens qu’on doit mettre en place, et ceux-ci passent forcement par la formation et un travail de défrichage, de construction et de défense de ces acquis. Le constat que nous avons fait simplement est qu’il y a une absence notoire d’action citoyenne au Togo.
Lorsque vous circulez dans les rues, vous discutez avec les gens, tout le monde est unanime qu’il faut aller vers l’alternance. Mais au-delà de cela, il y a des réflexes citoyens qui n’existent pas encore. Nous pensons qu’il faut une organisation qui puisse pallier cela et qui puisse servir de couloir de transmission de la citoyenneté et l’Etat ; aujourd’hui, c’est l’inverse qu’on constate. Au sommet, il y a une dichotomie entre l’Etat et les citoyens alors que l’Etat, la nation appartiennent aux citoyens. Nous voulons donc que les citoyens jouent leur rôle, qu’ils comprennent leur mission et s’approprient l’appareil étatique ; c’est dans cette démarche que nous sommes.
Sur le terrain, c’est vrai qu’il y a pas mal de démarches citoyennes, des éclaircis çà et là ; mais il n’y a pas une organisation systématique qui se donne pour mission de construire le socle citoyen. C’est dans cette démarche que nous avons mis en place la « Togolese Civil League ».
Les actions que nous avons effectuées jusqu’à présent, c’est surtout au niveau de la diaspora en menant des plaidoyers au haut niveau pour faire comprendre la problématique du changement social au sein de la société togolaise aux partenaires étrangers. Nous faisons de travaux de consulting, nous travaillons avec beaucoup d’équipes au sein de la diaspora. Nous organisons également des séminaires, des conférences, des activités de formation et nous travaillons aussi avec un réseau international d’ONG pour qu’elles puissent s’engager beaucoup plus dans la formation citoyenne au Togo.
Parmi actions, nous avons eu à faire des plaidoyers au Ghana, à travers une démarche vers la société civile ghanéenne et la presse pour qu’elles puissent comprendre la situation sociopolitique togolaise et sur comment construire cette solidarité sous-régionale entre les peuples. Nous avons également fait des conférences à Abuja, aux USA, notamment à Washington, des séminaires à Dakar, etc. Notre démarche est beaucoup plus centrée sur la création d’un réseau citoyen international pour appuyer la société civile togolaise.
Au pays, vous avez pris contact avec certains acteurs de la société civile et politiques. A l’issue de ces échanges, quel est votre constat général sur la situation togolaise ?
Le constat, c’est que quelque chose doit changer et le peuple togolais est prêt et déterminé ; malgré les embûches de parcours, quelques déceptions, il y croit toujours et ça, c’est un acquis. Maintenant comment obtenir ce changement de société ? Cela passe nécessaire par une alternative politique crédible. Comment y parvenir ? Ce sont les réflexions que nous sommes en train de mener. J’ai eu la chance de rencontrer beaucoup de responsables politiques, de la société civile qui y réfléchissent sérieusement également. Il y a des approches de solutions qui se mettent en marche. Mon impression générale, c’est que le changement est indispensable, il est en marche, le peuple y croit ; et avec beaucoup de travail, d’abnégation et de détermination, nous allons y arriver très très bientôt.
Comment la « Togolese Civil League » compte-t-elle appuyer les organisations de la société civile qui sont sur le terrain ?
Nous sommes dans une démarche plutôt technique. Déjà nous travaillons sur le terrain avec un certain nombre d’organisations qui partagent les mêmes valeurs et principes que nous nous ; proposons des formations, des appuis, des expertises ; nous relions la diaspora avec les compétences sur le terrain pour qu’on puisse ensemble créer des synergies autour du but commun.
La « Togolese Civil League » se voit en accompagnateur, en appui, en soutien à la société civile existante. Nous entendons mener des formations directes. Nous ne sommes pas une organisation de militants, mais de ressources et nous mettons ces ressources à la disposition des forces vives, des forces démocratiques pour qu’on puisse aller de l’avant. C’est un travail d’appui technique, d’évaluation, de discipline, de networking ; c’est ce que nous faisons dans la diaspora, mais aussi avec les vaillantes forces qui sont sur le terrain.
Vous êtes en train d’élaborer un nouveau plan d’action. Pourrez-vous nous en dire davantage ?
Déjà à notre création au début de l’année 2017, nous avions un plan stratégique et un plan d’action qui parle de nos visions, nos valeurs et principes, une analyse de l’environnement, nos forces et faiblesses ; nous avons mis en place une série d’actions que nous menons depuis plusieurs années et fait des recommandations. Au niveau de la situation politique, les choses changent très vite donc c’est un plan dynamique qui s’inspire de ce qui se passe aujourd’hui ; mais nous sommes aussi dans une vision à plus long terme. Dans cette démarche, ce que nous faisons, c’est de réactualiser notre plan, revisiter les choses sur le terrain sur la base de ce qui s’est passé le 20 décembre 2018 et faire un bilan du processus pour voir comment réorienter un certain nombre de choses. Ce que nous disons n’est pas vraiment nouveau. Sur le terrain, la Coalition de l’opposition a rendu un bilan récemment, le Mouvement les forces vives, Espérance pour le Togo a fait un forum la dernière fois auquel nous avons participé. La tendance, c’est l’évaluation de ce qui s’est passé à l’évaluation de la nouvelle donne des forces politiques et de la société civile en présence pour une nouvelle projection. Nous sommes aussi dans cette démarche non seulement au Togo, mais aussi dans la diaspora à travers des consultations.
Votre mot de la fin pour conclure cet entretien.
Ce sera à l’endroit du vaillant peuple togolais au pays que dans la diaspora. COURAGE ! Rien n’est acquis, rien n’est joué d’avance, nous sommes vraiment sur la voie du changement et de l’alternance démocratique pour qu’on puisse transformer ce pays en la nation que nous voulons.
Source : www.icilome.com