Le projet de la semaine de l’enseignement technique et de la formation professionnelle (ETFP) initié par le ministre Eke Hodin, chargé de l’Enseignement technique et de l’artisanat ne fait pas l’unanimité. Au sein des acteurs du secteur, on évoque la priorité de faire face premièrement aux difficultés des établissements qui manquent d’infrastructures et de matériels.
Si c’est pour faire preuve de créativité, le gouvernement « AUTREMENT » de Victoire Tomégah-Dogbé n’a rien à envier à ses prédécesseurs. Les membres du gouvernement en mettent plein les yeux à celui qui les a nommés, au point de l’aveugler littéralement. Les ministres ne font que répondre à l’appel qui leur a été lancé lors du séminaire de formation gouvernemental qui a eu lieu après les nominations d’octobre 2020.
Au ministère des enseignements primaire, secondaire, technique et de l’artisanat, plus précisément au cabinet du ministère chargé de l’enseignement technique et de l’artisanat, il se fait une course contre la montre pour réussir l’organisation de la semaine de l’ETFP, comprenez Enseignement technique et formation professionnelle. C’est l’occupation du moment et l’événement aura lieu du 04 au 12 février 2022, dans toutes les localités du pays. Une semaine nationale, au fait.
Selon le chronogramme, les activités vont être lancées au Lycée technique de la ville de Sokodé, la cérémonie de clôture étant prévue pour se dérouler à Lomé. Il y aura, entre autres des opérations de salubrité publique dans les établissements scolaires et places publiques, des journées portes ouvertes, des matchs de gala couplés de sensibilisation, des émissions radiophoniques et télévisées, des expositions-ventes, des causeries-débats ainsi qu’un concours de talents et des activités culturelles, sportives et artistiques. Bref, c’est une semaine bien remplie que s’apprêtent à vivre le ministre Hodin et ses collaborateurs dans un contexte de difficultés accrues pour les établissements.
Les écoles en détresse
Bien que certains n’aiment pas qu’on l’évoque, la situation des écoles togolaises n’est pas rose. Au contraire, tout est dans le rouge, surtout au niveau des infrastructures et des équipements. Il nous revient que depuis la rentrée scolaire, une grande partie des établissements est toujours en manque du minimum requis.
C’est dans ce contexte que se prépare cette semaine de l’ETFP financée à coups de millions de francs CFA. Selon les termes de référence, le budget prévisionnel de réalisation des activités de la semaine de l’ETFP est arrêté au montant total de quarante-huit millions quatre cent cinquante mille (48 450 000) francs CFA. Une bagatelle qui aurait pu servir à résoudre une partie des nombreuses difficultés auxquelles doivent faire face les écoles. « Les lycées techniques du Togo manquent de tout. Les établissements sont dans un état de délabrement. Nos difficultés sont relatives à l’insuffisance de salles de classes et au manque de matériels didactiques. Est-ce que vous pouvez imaginer que jusqu’à présent, de nombreux établissements n’ont pas encore reçu l’argent promis et débloqué par le gouvernement ? », s’interroge un acteur du secteur. Et de s’indigner : « Et c’est le moment que le ministre chargé de l’enseignement technique a choisi pour organiser une semaine de l’enseignement technique et de la formation professionnelle à 48 millions FCFA, dans le seul but de faire de la publicité autour de l’enseignement technique ».
En effet, suivant le projet élaboré par le ministre, l’un des objectifs, sinon le principal est de donner une meilleure visibilité à l’enseignement technique et à la formation professionnelle. « Objectifs spécifiques. De façon spécifique, il s’agit de :- renforcer la communication autour de l’ETFP ; -informer et sensibiliser le public sur les missions du sous-secteur, les opportunités de formation, de reconversion et d’insertion professionnelles ainsi que sur la problématique de l’orientation scolaire et professionnelle en lien avec les opportunités d’emploi (…) Résultats attendus. A l’issue de cette semaine de l’ETFP, les résultats suivants sont attendus : – la communication autour de l’ETFP est renforcée ; – le public est informé sur les missions du sous-secteur, les opportunités de formation, de reconversion et d’insertion professionnelles», lit-on dans le projet. 48 millions de francs CFA pour la publicité.
Alors que les écoles sont privées de leur principale source de revenus avec la suppression des frais de scolarité, des contributions sont imposées à chaque établissement scolaire. Au niveau des préfectures, ils doivent contribuer chacun à hauteur de 75.000 FCFA. Au niveau des régions, la contribution est de 25.000 FCFA. Ce qui fait 100.000 FCFA par établissement scolaire. Les inspections régionales sont aussi appelées à contribuer.
Au sein des acteurs de l’enseignement technique, le projet de la semaine de l’ETFP divise. Non seulement à cause de sa « légèreté » selon les détracteurs, mais aussi à cause de l’inopportunité. « Quand on tient vraiment compte des difficultés de l’heure, il est évident que cette affaire de semaine n’est pas le projet que doit porter le ministre », estime une source.
G.A.
Source : icilome.com